[Animation permanente] La taverne des Mercenaires

D'un air content julien arrive

Coucou l'ancien !

Fixe Lothar et s'installe avec lui

Une bière patron ! J'ai soif..

Anilion arriva dans la taverne d'un air maussade, jeta un regard à ses collègue dans le fond pour voir qui s'y trouvais, puis s'installa à un coin de comptoir de façon vive et brisa un morceau de celui ci.

Hmm... Cinq bières patron.

Le patron de la taverne regarda Anilion d'un air à la fois surpris et énerver.

Bon, va falloir me payer les dégâts hein!

Anilion leva les yeux de façon dépité, regarda autour de lui et le dessus du comptoir légèrement éclater.

Déjà je bois, ensuite on verra pour les dégâts... On sais jamais p'têtre qu'il y aura autre chose qui se brisera quand je me lèverais si je trébuche...

Puis il commença à engloutir ses bières.

Oui, la fiole s'était brisée, et le plancher buvait déjà ce qui lui appartenait.
Mais la main avait tremblé, la voix avait balbutié et le regard flanché un instant. Et ce doux tremblement dans la volonté, elle l'avait senti jusque dans la lame du petit couteau, jusque dans son crâne dont elle avait crû instant qu'il le lui arracherait.
Le bleu disparaissait dans une sombre flaque brune. Son vice hurla une plainte enragée au creux de son oreille droite, mais ce besoin-là avait été assouvi.

Elle se releva, et pris accidentellement appui sur les petits bouts de verres qui s'enfoncèrent dans sa peau. Mais le corps d'une Enirispa sait ce qu'il a à faire, et le sien était déjà anesthésié par les quelques gouttes de folie qu'elle s'était accordée.
La colère grondait à sa droite, et la harcelait de petites piques aussi pointues que celles qui transperçait son cuir chevelu.
Mais Azar prenait la porte, pour la deuxième fois, et Shadyx se précipita vers lui. Et, sans supplication, sans prétention aucune, elle attrapa la main de l'Ecaflip d'un geste doux et décrispa délicatement les phalanges qu'il avait contractés en un poing.
Au creux de sa paume, elle ne planta pas ses ongles, elle ne l'écorcha pas d'un Mot, elle récupéra simplement les quelques cheveux blancs, ses cheveux, restés dans la main d'Azar. Elle le regarda dans les yeux, et eu un sourire tendre. Un peu triste aussi. Mais pas pour elle, pour lui.
D'un geste léger, elle lui ouvrit la porte du bout des doigts.

- J'en paye chaque jour le prix fort.

La poussière emplit douloureusement la bouche de l'Enirispa. À ce goût terreux s'ajouta celui, métallique, du sang qui coulait de la lèvre qu'elle venait de se mordre.
Elle effleura la blessure d'un air stupéfait, et la lécha rapidement avant qu'elle ne se referme. Ses mains furent prises d'un violent soubresaut, et elle lâcha les cheveux qu'elle avait tant tenu à récupérer. Le vent les balaya, et elle regarda les minces filaments argentés s'envoler.
Pour la deuxième fois en l'espace de quelques minutes, elle se retrouvait à terre. Les minces égratignures sur ses coudes et ses genoux cicatrisaient parfaitement, mais le sang séché restait sur sa peau, et celui-ci était d'un bleu dense. Elle y porta un regard triste, celui que l'on jète sur un gâchis.
Elle se releva d'un bond, et se précipita sur Azar, et plaqua brusquement sa paume contre son museau. Et de la retirer aussi précipitamment, ce n'était pas la peine de se la faire trancher. Juste le temps de maculer la gueule de l'Ecaflip d'un sang à l'odeur doucereuse.
Elle s'écarta de quelques pas, soudainement furieuse de ce qu'elle venait de faire. Elle semblait en faire reproche à quelque chose à droite, avec laquelle elle échangea vivement à voix basse.
Elle jeta un regard confus à Azar, un peu désorientée, avant de se ressaisir et de lâcher une excuse inaudible. Puis elle se mise à rire paisiblement, les yeux de plus en plus vague et terne :

- J'ai pas besoin de t'amadouer... Quand à ramper...

Elle ferma les paupières un long moment, et resta silencieuse. Avant de les ouvrir grand, comme dans un regain d'énergie, et de sourire éperdument :

- Tu as le poil crasseux.

Lothar finissait sa énième bière quand une petite forme encapuchonnée entra dans la taverne pour foncer vers sa table d'un air gêné. Il prit dans ses petites mains couvertes de bandages un gros tas de parchemins sur lesquels étaient gribouillées des lignes, des noms et des dates. Il le remercia d'une tape dans le dos et remonta sa ceinture sur son ventre. Le petit être fila sans demander son reste avec un toussotement embarrassé.

Prenant encore une bière, il se mit à lire tout cela. D'un oeil distrait, il regardait de temps en temps le manège qui se jouait non loin. Il ne savait pas trop le pourquoi du comment mais l'ensemble lui semblait lié. Il était perplexe.

Quand il termina sa lecture, il fronça les sourcils en jetant le tas de parchemins dans un pot vide non loin de lui; leva sa pinte pour siroter les dernières gouttes et de l'autre lança une flamiche sur le tas de rapports.

Quand le tas de parchemins finit de se consumer, Lothar se leva de table, regarda les gens se donner à leurs jeux et poussa un rot retentissant en se dirigeant vers la sortie.


Merci patron! A la revoyure!

Le feu avait attiré son oeil curieux. Des cendres voletaient doucement vers la sortie, apportant avec elles un Iop qui remua quelque chose dans le cimetière de sa mémoire. À peine un tressaillement. Peut-être l'avait-elle aperçu a un Zaap.
Tu es sûre ?, lui sussura-t-on à l'oreille
Elle eu un vague geste d'agacement. Elle esquissa un recul quand il essuya ses lèvres. Mais pas de crainte dans ses yeux, cette fois-ci, ni trace d'un brouillard heureux. Soudainement, elle était juste furieuse.

- Tu en es donc emplie jusqu'à en écœurer tes propres tissus. Intéressant.
Elle agrippa avec rage les poils d'Azar, emmêlant étroitement ses doigts dans le pelage crasseux, jusqu'à en arracher quelques uns :

- Et toi, tu n'en es pas imprégné, peut-être ?
Elle tordit légèrement la touffe qu'elle avait attrapé, et planta ses ongles sur cette chaire si fragile, si pâle, jamais exposée. Pas assez fort pour le blesser, mais suffisamment pour imprimer trois demi-lunes rouges sur sa peau. Elle ne blessait pas. Elle soignait, ou achevait. Elle le lâcha brusquement, s'écarta en vacillant de quelques pas. Elle n'était pas de nature particulièrement violente.
De plus, le Iop sortait. Elle l'observa un instant. Et puis, soudainement, elle frissonna. Ses lèvres étaient devenues violettes, elle était frigorifiée.

Un picotement désagréable lui rappela qu'elle venait d'être soulevé par les cheveux il y a quelques instants. Elle regarda ses cheveux se réduire en un instant en poussière.
Soudainement, une volée de braise lui fut lancé. Le bois sec du plancher noircit rapidement sous la chaleur, et l'Enirispa poussa un soupir : Azar tenait dans le spectaculaire.
Elle sortit un de ces fioles bleues dont il était tant question, quasiment vide, et y but quelques gouttes avant de déverser le reste sur les braises d'un geste royalement insouciant.

- C'est toi qui joue avec les hauteurs, Azar.
Elle regarda les cendres pitoyables. Encore un foyer qu'il avait voulu allumer... Elle sourit tendrement. Une minuscule étincelle l'avait brûlée au bras, mais le regard de l'Ecaflip l'avait largement plus blessé que cette minuscule piqure.

- Te défier..., elle secoua la tête en riant, je ne suis pas si folle que tu penses. Quand à prétendre... Te connaître ?
Elle s'écarta lentement des papiers brûlés, et s'assit à une table tout près laissée libre dans la taverne, invitant d'un signe Azar à la rejoindre. Elle murmura :

- La seule chose que je sais, c'est que tu as l'air terrifié à cette idée.
Elle posa sa fiole vide sur la table, et, d'un signe du menton, montra le tas de cendre :

- Tu devrais nettoyer.
Elle était soudainement épuisée, vidée de toute énergie. Quand elle ferma les yeux, ces grands yeux qui lui mangeaient tout le visage, elle avait l'air aussi fragile qu'une brindille, cassante. Elle se replia sur elle même, se roulant autour de la seule chose qu'elle sentait chaude et palpitante en elle : Cette brûlure insoutenable au ventre, qui l'égarait si souvent.

- Donne m'en un peu...

Il ne pouvait pas s'empecher de briser et s'abîmer ? De salir tout ce qui passait sous sa patte ? Il fallait toujours qu'il casse. Ses os, sa fiole, et elle-même avec.
Elle effleura le bois de la table défigurée. Parfois, elle aurait souhaité pouvoir soigner les objets également.
Puis il lui tendit sa lettre, sur laquelle elle avait tant misé un instant plus tôt. Lettre qu'il avait déchiré, sans surprise. Un sentiment indicible de répulsion lui fit prendre l'objet du bout des doigts. La lire ? Elle était tellement rongée lorsqu'elle l'avait écrite qu'on arrivait à peine à la déchiffrer. Mais elle connaissait sur le bout des doigts cette promesse.
Elle déplia son petit corps tendu par la douleur et se pencha vers Azar. Elle prit l'oreille bleue de l'Ecaflip entre le pouce et l'index, la tira délicatement et y déposa mot pour mot, dans un murmure, les fruits de sa plume.
Mais avant d'en souffler le dernier mot, elle le lâcha, soudainement dégoutée de ce contact bien trop intime, et se rétracta sur sa chaise. Méfiante, craintive, sur la défensive à nouveau.
Elle se concentra sur ses ongles, le visage hermétique.
Des bleus et des brûlures, c'est tout ce que lui donnait Azar. Et la migraine, sous laquelle elle plissait les yeux. Son regard sur elle la gênait profondément, elle qui était plutôt d'un naturel discret. Et sa compagnie était tout sauf discrète.
Elle planta son regard dans celui de l'Ecaflip, et, la bouche tordue par la colère, elle lui ordonna sèchement :

- Ne me regarde pas comme ça.
Elle rangea la lettre dans sa besace, et tendit la main, souriante à nouveau, l'oeil vif :

- Tu me dois au moins une fiole, petit chat.

Alors qu'il était assis comme à son habitude dans le coin le plus sombre de la taverne, ses yeux brillant de dédain, le disciple de Crâ avait observé cette scène de ménage à la fois drôle mais aussi déplaisante depuis le début. En effet l'odeur de bois brûlé l'insupportait, ainsi que le manque de respect pour l'établissement. En compagnie de sa plus fidèle amie, la boisson, le jeune disciple de Crâ semblait quelque peu gêné d'un comportement aussi étrange dans un lieu public. D'un geste vif, il saisit sa bière, la vida d'un trait et lança :

Tous des bananes, pfeuh !

Après quoi il déposa 3 kamas sur la table, salua le patron en abaissant son Solomonk, jeta un regard noir aux deux individus et se mit en direction de la porte d'un pas allègre sans un salut aux autres clients de la taverne.

L'avenir appartient à ceux qui se lèvent.. Tot.

C'est dans cet état d'esprit que Lothar débuta sa journée. En allant au temple de Sram. Lothar n'avait pas beaucoup d'amour pour ce dieu ni pour aucun en particulier. Mais s'il lui arrivait de se rendre dans un tel endroit c'était uniquement dans celui là. Le dieu de la fourberie, se disait-il. Car en temps de doute et face à une injuste adversité, il était toujours salutaire de recourir à la bonne vieille méthode qui consistait à prendre son adversaire au dépourvu. De semer le doute. De toutes manières pour ce que cela me coûte, je ne suis même plus résident d'Amakna, conclut-il.

La porte fut ouverte par une très très ancienne connaissance. Pas vraiment un ami mais quelqu'un à qui Lothar avait déjà fait appel par deux fois. Toutes ces longues années, avant même l'apparition de Bonta et de Brakmar, avant que le Clan des roublards ne devienne ce regroupement de clowns en mal de feux d'artifices, avant... Avant longtemps en réalité.

Et par deux fois, cette connaissance taciturne l'avait écouté et avait agi. Il faut dire qu'elle faisait partie des plus anciens dévots du dieu. Lothar savait qu'il s'agissait de bien plus. De ma bouche aux oreilles des dieux, philosophait-il.

L'affaire entendue, il reprit le chemin d'Astrub. La Taverne, lieu de bon nombre de souvenirs. Arrivé sur place, il prit une bière comme à son habitude. Mais cette fois, il commanda un bon plat de fruits de mer. Il se disait que l'un de ces derniers repars dans ce pays de merde se devait d'être copieux. Et tout en regardant les clients avec un sourire satisfait, il pensa à son affaire et à ses conséquences. Et croqua avec appétit dans son plat .