[Roman] Des trefles qui piquent ton coeur, sur le carreau

Chapitre premier : De la routine quotidienne (Introduction)

Amak attendait, et attendait encore, tapi dans les hautes herbes, dans l'ombre du Grand Orme de la forêt d'Amakna. Il guettait. Et pas n'importe quelle proie, non, celle du contrat qui allait lui rapporter gros, mais avant, il devait être sûr que personne ne soit dans les parages.
Le regard scrutant les alentours, l'Eca vit qu'il était temps: il bondit sur l'Iop et n'eut aucun mal à le terrasser, sans qu'aucune émotion ne se lise sur son visage. Sa griffe avait eut raison de la colère de la cible.
Sa tâche accomplie, il essuya les traces de sang et arrangea le corps inerte de l'Iop, comme s'il dormait dans l'herbe; il était certes un mercenaire, mais respectait un minimum ceux qui tombaient sous ses coups. Il glissa une carte à jouer entre les doigts du guerrier: un valet de trefle.
Amak partit furtivement, tenant entre ses mains une mèche de cheveux roux, preuve qu'il avait accompli son contrat.
Mais son esprit était préoccuppé non pas par cette prime, mais par autre chose, et son visage le trahissait.
Arrivé à Astrub, il se faufilla à travers ses ruelles pour éviter les combats sanglants entre les Bontais et les Brakmarois. Il entra dans la maison de son Clan et montra la mèche à une femme cagoulée, une disciple de Sram. Elle esquissa un sourire et tendit une bourse au Sériane, qui la remercia et la salua, avant de monter à l'étage.
Le regard de l'Eca se perdait dans le vide, tous l'avaient remarqué en haut, mais nul n'osait lui demander ce qui n'allait pas: personne ne savait quoi que se soit sur sa vie, ormis qu'il était un excellent mercenaire, et il n'en parlait jamais. Pas même s'il avait un fils...

Chapitre deuxième: Ombre furtive

"Amak ? AMAK !"

Le nom de l'Ecaflip résonnait à partir du rez-de-chaussée.

"Oui, oui, j'arrive..."

Amak descendit, reconnaissant la voix de son vieil ami Glob'. Le Sacrieur était face à une silouhette qu'Amak avait déjà aperçue: la Sram demandait à voir l'homme qui avait exécuté le contrat. l'Ecaflip s'approcha d'elle, la salua et demanda à Glob' de les laisser. La jeune femme posa sa main sur le front d'Amak et ferma les yeux: ils virent ensemble l'image d'une ombre qui rôdait dans Astrub, au moment-même où la peau de la Sram fut en contact avec celle du Sériane.
Amak repoussa la main de la visiteuse et la regarda, lui murmurant un "Qui êtes-vous ?". A peine ces mots prononcés, elle disparut. L'Ecaflip se lança à sa recherche, mais c'était peine perdue.
Qui était cette personne qui se faufilait dans les ruelles d'Astrub ?
Amak se mit à penser à tout cela en traînant sa carcasse dans la Cité qui l'avait accueilli, le nez sur ses pieds, perdu dans ses idées.
Quand tout à coup, quelque chose sur le sol attira son attention: un pendentif représentant un trèfle. Il le prit dans sa main et le retourna: une fine inscription était gravée:

Je piquerai ton coeur, sur le carreau.
La chair de ta chair

Cette phrase éveillait ses souvenirs...

"Féerie..."

Il serra le pendentif au creux de sa main et le glissa dans sa poche, avant d'entrer dans la taverne. Amak commanda une bière et s'assit à une table, toujours perdu dans ses pensées. Glob' vint le rejoindre, et vit que son vieil ami était préoccuppé.

"Amak, qu'est-ce que tu as ? Tu es 'ailleurs'...

_ Mon passé... fit l'Ecaflip en buvant une gorgée de sa chope

_ Je sais si peu de choses de ton passé, Amak

_ Tout comme j'en sais si peu sur le tien, Glob'...

_ Moi c'est normal, je ne me souviens de rien, mais toi ?

_ Ca se résume à trois mots: Féerie, foire, douleur

_ Une femme ? chuchotta le Sacrieur

_ Et pas n'importe laquelle... Je l'ai détruite en m'engageant ici, je ne me rendais pas compte...

_ Tu l'as revue Amak ?

_ Non, plus jamais... Mais cette femme à la maison, et ce pendentif que je lui avais offert fit-il en posant l'objet sur la table je l'ai toujours aimée, mais mon sixième sens me dit que quelque chose va se passer...

_ Quoi qu'il en soit, j'suis là, vieux frère. Allez vide ta chope, on est de permanence cette nuit fit Glob' en tapotant le dos de l'Ecaflip. On trouvera bien ce qui te turlupine, ptet bien que t'as trop abusé de mauvaise herbe à chat rigola le Sacrieur.

_ Ptet bien..."

Les deux Sérianes sortirent de la taverne, vêtus de leur uniforme de mercenaires et repartirent vers leur maison, le travail les attendait.