Re: [Animation permanente] Paroles des Steppes et Aube des Pergélisols.

par Shadyx Jeu 2 Juin - 2:13

Et soudain, elle n'y tint plus : Elle enfonça profondément ses doigts dans la plaie. Elle laboura la chair, déjà sanglante, du long de ses ongles.
Elle sursauta, et retira brusquement ses doigts. Comme piquée par la réalité. Elle bredouilla une absurdité. Le sang s'écoulait autour de ses mains, qu'elle tenait vainement d'éponger, maladroite. Elle plaqua ses paumes contre ses oreilles, épouvantée par ce qui se grondait dans son esprit.
- Arrête, arrête, arrête...

Est-ce un ordre adressé au sang qui s'écoulait jusque dans la poussière, ou bien à ce qui la tourmentait ?
Elle ne savait même plus bien. Elle était terrifiée, et tout ses traits du visage se tordait en un masque halluciné. Elle débitait des mots à une allure ahurissante, sans queue ni tête. Un instant, peut-être, elle prononça un mot qui aurait pu s'avérer être apaisant, mais il était noyé sous la masse inepte des paroles qui se précipitaient hors de sa bouche dans une cohue monstrueuse. Ses mains s'agitaient autour du bras d'Azar, compressant, pansant, plus dans le mouvement nerveux que dans l'efficacité.
- Arrête, arrête, arrête...

Des larmes roulaient sur ses joues, et ses lèvres étaient prises dans un violent tic, qu'elle se mordit si fort que le goût métallique lui vint sur la langue. Pas une phrase d'excuse, juste un emballement de supplication, et d'argumentations décousues, nullement adressé à l'Ecaflip.
Elle lâcha bandage et sacoche. Foutre le camp.

par Azar Ven 3 Juin - 3:35

Elle était plus givrée que lui. La voilà qui s'adressait à des silhouettes brumeuses derrière son épaule. A qui parlait elle. Depuis quelques minutes, elle s'agitait dans tous les sens. Elle brûlait son énergie à faire taire des fantasmes lourds d'accusation, en tout cas c'est ce qui semblait être.

Ces gesticulations effrénées avaient le don d'épuiser l'ecaflip tout autant qu'elle. La soigneuse, ou ce qui s'y apparenté, avait changé de regard. Apeurée. Prête à fuir cet endroit. Pourtant, il était sûr qu'elle aurait beau courir à s'en brûler les poumons, son mal la composait et la suivrait à chaque pas.

Son bras le relançait. Le flot n'avait plus rien d'infime, et il y avait maintenant un océan plein qui se déversait de son bras. Pourtant ça l'amusait, autant qu'il pouvait l'être. Ce qui représentait en réalité très peu. Mais ça l'amusait. Il fit reculer l'eniripsia d'une patte ferme. Celle ci vacilla de ses appuis, mais il la rattrapa par sa cape. Pas par gentillesse, seulement pour arracher une partie de l'étoffe et s'en faire un garrot. Un nouveau sourire aux lèvres. Un sourire.

Pourquoi cet élan de nostalgie le prit maintenant. Il ne saurait l'acclamait. Mais il songeait à ces découvertes nocturnes dans les ruelles de Brâkmar, à se battre toute la nuit avec les ivrognes des tavernes. Ça l'apaisait. un peu, au moins.
Maintenant perché sur ses pattes arrières, Azar glissa les deux autres dans ses poches et enjamba Shadyx. Sans plus de cérémonie. Il ne prit aucune direction en particulier, mais il commença à marcher. Le capuchon bien vissé et l'allure lente. Il marchait.

Ça suffisait pour l'instant.

par Shadyx Dim 5 Juin - 2:53

De toute façon, elle pouvait le suivre à la trace.
Elle sourit à cette réflexion, qui la calma presque immédiatement. Oublié. Juste le temps d'un signe dernier signe compulsif.
Il laissait derrière lui du sang des petits cailloux. Ses mains en était couvertes, elle les essuyait sur ses joues d'un air rêveur, barbouillée de rouge comme une gamine se serait couverte de maquillage. Ou peut-être des peintures de guerre.
Elle suivait Azar, derrière, de loin, trottinant entre les gouttes sanglantes, les observant toutes avec une curiosité étrange et presque candide. Mais elle prenait surtout attention à la silhouette de l'Ecaflip, pas plus pressé que ça. Elle épiait le mouvement de chaque muscle, le jeu des articulations, considérait cette silhouette hautaine et nonchalante. Elle eu la pensée, un instant, que c'était sans doute la personne la plus proche, et la plus précieuse, qu'elle avait depuis... Elle effleura un morceau d'étoffe bleue du mouchoir qu'il lui avait confié, et qu'elle avait mis en pièce avec tant d'acharnement. Le seul qu'elle avait gardé, coincé contre sa paume dans l'une de ses mitaines. Les autres avaient dû être balayé par le vent aride des Landes.
Épuisée. Elle s'était pressée pour en arriver à un ou deux mètres d'Azar, quand elle pila. Le manque. Le malaise. Elle vacilla.

par Azar Mar 7 Juin - 0:34

Plus un pas. Il n'avançait plus. Fixant un point à l'horizon. Ressassant ce bruit sourd une nouvelle fois. Comme pour chercher une définition à ce son déjà vide de sens. Cette vibration émise par le corps inerte de l'enfant se propageait le long d'un système nerveux en totale rupture avec son hôte.

Il ne bougeait plus. Il ne la regardait pas. Il la voyait pourtant distinctement.

Malgré ces contradictions établies. Azar se retourna brusquement pour saisir l'éniripsia assommée par la fatigue. Ni tremblante, ni volatile. Il sentait chaque frêle partie de son anatomie contre sa propre chair. Cela le répugnait, mais il n'était pas résolu à la laisser ainsi.
Il la recouvrit du capuchon détrempé et l'emporta au nord vers la bâtisse de ces disciples habiles pour soigner les maux.

Toute personne censée aurait sûrement hurler à la mort qu'on vienne l'aider, mais c'est d'un calme impassible qu'Azar déposa Shadyx au pied du Temple. Et c'est tout aussi calme qu'il reparti sans demander son reste. Certains s'affairaient autour du corps meurtri, d'autres, aussi dubitatif que vindicatif crachaient comme un venin leur plaidoirie à destination de la silhouette bleutée qui s'éloignait à petits pas.

Rien ne le perturbait. Et cette clameur publique ne représentait qu'une ineptie de plus. Rien de plus.

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