[Historique] Mafr (ounet)

J'entend un gazouilli au loin, presque un rire en fait ... j'ouvre les yeux lentement, je suis dans mon lit, le soleil pointe a peine, ma femme dort dans mes bras, tout va bien. Je pose un baiser sur son front, j'ai l'impression a chaque fois qu'elle me sourit dans son sommeil ... ca ne doit etre qu'une impression, mais ca me plait d'y croire.

J'apperçoit Kharesse dans son petit lit, elle est éveillée déjà, elle est occupée à défroisser ses ailes des plis appliqués pendant son sommeil.

Je me lève pour la rejoindre, l'étreindre et l'embrasser.
Levant la tête vers moi :

- Popa toi tu as que des ailes en bois, pas ailes de popillon comme kharesse ?
- Non ma puce, pas d'ailes de papillon, enfin d'Enie, enfin pas dans le dos.
- Où ça ailes de popillon ?
- Heu... comment te dire ?... Papa ... *montre son torse* il a comme des ailes la dedans.
- Hu ?
- Bon ... toi tu as des ailes qui t'entoure et te protège quand tu dors la nuit. Et bien Papa il a des ailes qui entoure son coeur.
- Des ailes roses comme kharesse ? Le coeur à Popa c'est un popillon ?
- Pas roses, blanches je dirai, et oui c'est un papillon si tu veux.
- Et il vole la coeur a Popa ?
Je me sent gêné d'un coup devant sa question anodine.
- Ca lui arrive de voler oui .. mais le papillon après son voyage est revenu vers sa fleur, parce que c'est avec elle qu'il se sent bien.
J'ai pas envie de me dépétrer avec ses questions innocentes ce matin, je change donc de sujet.

- Tu n'as plus sommeil ma puce ?
- Gnon ! A fais un rêve et veux plus faire dodo !
- Ah bon ? Racontes ça à ton "Popa"
- Kharesse voyait tout mais kharesse était pas dans le rêve. Ze Voyais un bébé, heu... gnon, plus grand mais pas comme Popa.
- Un enfant ?
- Oui, un en-fant, était comme Popa, mais plus petit. Avait une Moman, toute blanche, et un Popa, tout noir. Et l'En-fant il pleurait beaucoup. Son Popa voulait qu'il tape avec une épée, et lui il voulait pas, lui il voulait poser le soleil sur l'épée pour le poser sur les fleurs. Alors Popa grondait tout le temps. Et il était puni tout le temps.
Et les autres en-fants aussi le faisait pleurer, parce qu'il était petit, il savait pas taper, il savait rien faire que rêver et cueillir des fleurs, comme une fille ils disaient les en-fants.

Plus elle parlait, plus je sentais les larmes m'envahir, je ne savais pas pourquoi, enfin si je savais mais c'etait difficle a entendre de la bouche de sa propre fille...

- Popa ? Popa as mal aux yeux ?
- Heu, non ma puce, il a pas mal aux yeux, continu.

Elle me regardais avec ses petits yeux ronds, étonnée, elle me fixa un instant avant de reprendre

- Il souriait presque jamais l'en-fant, sauf quand il cueillait des fleurs avec sa Moman pour lui faire des bouquets. Et sa Moman elle avait mal aux yeux aussi...elle lui disait de faire comme Popa disait, qu'il devait être comme les autres en-fants, que ce serait plus "simple". Et lui il écoutais pas sa Moman, il faisait des dessins sur le sable, et il parlait aux étoiles.Hein c'est pas bien de pas écouter sa Moman ?

J'avais l'impression qu'un mulou me broyait la gorge, et je ne sais comment j'ai réussit a sortir un son pour lui répondre.

- Non, c'est pas bien ma puce ...
- Veux un doudou Popa ? *tend sa peluche de tofu*
- Non , pourquoi ma puce ?
- C'est un doudou contre les yeux qui piquent.

J'ai prit son doudou, et j'ai serré Kharesse contre moi, fort, aussi fort qu'on peut serrer un enfant, et les larmes se sont libérées, douces et brûlantes a la fois.

J'entend Azu qui bouge, se retourne, je la vois qui sort de son sommeil lentement. Je me lève, et dépose Kharesse contre son corps. je les vois se lover immédiatement l'une contre l'autre. je reste un instant a contempler mes deux amours, puis enfin je me décide à aller chercher de quoi manger.

Je passe la porte, et reste debout sur le seuil un moment, à attendre que le soleil du matin me réchauffe, a ne penser a rien, ou a trop de choses en même temps. C'est le bruit d'une vague plus forte que les autres qui me fait ouvrir a nouveau les yeux, et éblouit par l'éclat du jour, je baisse la tête. M'habituant à la lumière, je découvre mes mains, l'une tient mon épée, l'autre est encore crispée sur le doudou de Kharesse.

Ramener de quoi manger, c'est pour ca que je suis sortis.

Je sors de sufokia le pas décidé, et m'enfonce dans la foret.

Un groupe de moskito, oui, ca va changer un peu.. je dégaine ma lame, m'appretant à l'abbatre sur ce petit dejeuner offert, quand une vive douleur me paralyse et m'arrache un cri. Les moskitos s'enfuient sous mes yeux incrédules.

Je récupère rapidement mes capacités, mais trop tard pour les moskitos.
Cette douleur qui me tétanyse je l'avais presque oubliée, je croyais ne plus jamais la ressentir...je m'étais trompé.

J'ai tenté en vain ce matin de tuer pour nourrir ma famille, rien a faire, le blocage revenait a chaque fois. Inspirer, souffler, accepter, et savoir réagir. C'est donc les bras remplis de fruits que je prend le chemin de la maison.

"Grmbl...Iv...Finit.. aître..."

Le chemin du retour était suffisamment long pour que je repense a ce matin. Plus Kharesse grandissait, plus ses questions se faisaient nombreuses sur notre passé, a Azu et Moi. Jusque la j'avais toujours soigneusement éviter d'y répondre, Azu aussi d'ailleurs étrangement. Pourtant il faudrait lui dire un jour.

Lui dire comment mon père m'avais obligé sous la menace de son arme, à tuer un tofu, comment j'avais refusé de faire couler le sang, et comment je l'avais défié armé de mes seuls poings minuscules.
Je lui épargnerai surement le passage a tabac qui suivit, celui qui avait laissé mes premières cicatrices, les seules qui me fassent encore souffrir certaines nuits d'orage.

Je lui dirai comment j'avais décidé de m'enfuir, de partir en pleine nuit, de fuir ma famille. de fuir cet arbre ou je venais souvent me réfugier pour pleurer, et sous lequel mes larmes avaient arrosées un jardin de fleurs plus belles que celles de mes plus beaux rêves.
Je lui dirai que mes larmes, que mon père qualifiait de honte et de deshonneur devant Iop, avaient été une des plus belles choses de mon enfance, les seules qui me réchauffaient le soir, et faisaient briller tout ce qui m'entourait.

Je lui dirai comment un garçon de dix ans ne sachant ni se battre ni où aller, avait décidé de suivre le cours d'une rivière, qui seule cette nuit la semblait lui fredonner une douce comptine.
Je lui raconterai les jours sans repas, les semaines de marche sans jamais se retourner, sans jamais hesiter.

Aujourd'hui encore quand j'y repense, je m'étonne de ne rien avoir emporter avec moi, de n'avoir pas embrassé ma mère une dernière fois. Mais surtout je m'étonne de ne jamais rien avoir regretté, de ne jamais ne serai-ce que penser a faire demi tour, de ne jamais avoir douter.

J'étais devant chez moi. J'entre, ma femme m'acueille en me sautant au cou, et me couvre de baisers. Oubliés les rêves de Kharesse, oubliées les pensées du matin, oublié tout. Je ne vois plus qu'elle, ma famille, mes deux princesses, et plus rien d'autre. Je sourit.

HRP/ Oui, c'est mignon tout plein, bonne chance pour la suite!^^ /HRP

C'est le soir, le soleil commence a descendre bien bas sur la mer, je me repose dans un fauteuil, attendant qu'Azu rentre de son entrainement quotidien. Kharesse est couchée depuis longtemps déjà; mais elle ne trouve pas le sommeil, elle tourne et se retourne dans son lit. Puis je vois un doudou traverser la pièce en volant, et s'abbatre contre le mur oposé.
Remontant la trajectoire inverse, j'apperçoit kharesse debout sur son lit, le bras encore tendu vers ce qui reste de son doudou.

- Il est vieux doudou ! Il pue !
- Ma puce, ca va pas non de jeter ton doudou ?
- Mais il pue ...
- Ouais bah c'est pas une rai... *Pourquoi quand elle me fixe de ses grands yeux, plantée comme un I devant moi, j'arrive jamais a la gronder ....*
- Z'arrive pas a dormir Popa
- j'ai vu
- Popa, tu racontes une stoire ?
- Si tu veux ma Puce ... *faudra quand meme que je lui aprenne un jour à pas exploser ses doudous contre le mur*

J'installe donc Kharesse sur mes genoux, sa petite tête callée sur mon épaule.

- Tu veux quoi comme histoire ?
- Une histoire de doudous
- heu de doudou ?
- Oui les doudous a Popa-
Bah Papa a pas de doudou ...
- Et Moman, est pas le doudou a Popa ?

*reflechi*

- Si, un peu, Moman est mon doudou, et moi je suis son doudou si tu veux.

Et la question arriva, tout simplement, une petite voix, une petite tête qui vous fixe avec un grand sourire...

- Et avant Moman, il avait d'autres doudous Popa ?

Et la je me sent con, mais pas croyable, ma fille me pose des questions que même ma femme n'a jamais posée. "On lui dira tout, on ne lui cachera rien du monde, le meilleur et le pire on doit tout lui apprendre".
Oui c'était faciles a dire devant Azu ces belles promesses, la ca devient nettement moins evident. Enfin puisque je l'ai promis...

Il y a deux petites billes rondes qui me devisagent, Kharesse attend une histoire, une belle histoire, de doudous, de gentils et d'amour, et moi c'est pas vraiment ce que j'ai a lui raconter ....

/HRP
Je voulais pas faire ça, et mettre un commentaire en plein milieu d'une histoire, mais, là, vraiment, avec ce dernier chapitre, je peux pas me retenir.

C'est génial! Et émouvant... :)
Ton style me fait penser à celui de Forest, dans "Enfant c'est l'hydragon qui passe", et sache que venant de moi, c'est un sacré compliment!
Continue, j'aime beacoup le personnage de Mafr, mais ton style est vraiment excellent!
/HRP

C'est l'histoire d'un petit garçon qui suivait une rivière. Un matin, alors qu'il dormait paisiblement, laissant ses pensées le bercer et le réchauffer, il fut sortit du sommeil par un bruit. Un cri plutôt, strident, qui venait d'au dela des buissons proches.
Animé plus par la curiosité que par un réél courage, il se leva et se dirigea vers la voix. C'est d'un pas timide qu'il déboucha dans une prairie, et s'arrêta un instant pour observer la scène.

Une jeune Craette essayait en vain d'enfoncer ses frêles flèches dans le cuir d'un bouftou, qui visiblement appreciait moyennement ses efforts. La Craette devait avoir plus ou moins le même age que lui, et lorsqu'elle l'apperçut, elle se précipita sur lui.

- Aides moi, tues le ! tues le ! Sinon c'est lui qui va me tuer, tues le, mais TAPES !
- Heu ...

CROUNCH

- Aie !

Le temps qu'il réagisse, la Craette se cramponnait a son dos, et le bouftou se cramponnait a son mollet, enfin lui se cramponnait par les dents.
- Aie !
Je rassemblais mes deux mains ... *je passe a la première personne la ... Kharesse ne reagit pas... après tout pourquoi m'en cacher*
Je rassemblais mes deux mains, et les rabattis sur le crâne de la bête, en rassemblant les minces forces qui étaient miennes en un assaut. Je m'attendais a voir l'animal me dévorer les poings et avant bras, mais à ma grande surprise, le bouftou s'éffala à mes pieds.

- Il, il est mort ?
- Heu bah non il est, heu, il est juste assomé je crois
- Bah tues le ! Fous-y un coup entre les yeux !

Elle me scrutais de la tête aux pieds, les yeux comme des billes, ses paroles se firent plus calme.

- Bah t'as même pas d'épée toi ?
- Bah non
- Pas de cape, t'es pieds nus, pas d'épée, t'es pas bien de te balader ici sans rien ?
- ... C'est que j'en vois pas l'utilité
- Pour te battre tients ! Pas pour décorer !
- Pas trop mon truc de me battre ..
- Ah .... et comment tu vas faire alors pour me protéger sans épée ?
- Te protéger ? Enfin je suis pas là pour ça tu sais, je fais que passer, je reste pas.
- Et tu crois que je vais te laisser m'abandonner sans défense ici ? Tu rêves toi ! Tu vas où tu veux, mais je reste avec toi ! ... enfin si tu veux bien ?

Elle avait comme un soleil sur le visage, sa tête légèrement penchée sur le côté, ses grands yeux me fixaient, ses doigts s'entrecroisaient maladroitement

- Dis oui ! Dis oui ! Dis oui !
- Heu... oui ? *Qu'est ce que ja raconte moi ? Pourquoi je dis ça ? faut lui dire non, je vais lui ...*

A ce moment là elle a commencé a sauter partout, a courir dans tous les sens, et a me renvoyer une chose nouvelle pour moi : un sourire.

Puis elle s'est arrêtée devant moi, a plongée la main dans sa besace, et m'a tendu un collier, avec une corne grise, la même que celle de l'animal que j'avais assomé.

- C'est pour toi
- Pour moi ? Pourquoi pour moi ?
- Pour te remercier, pour tout a l'heure
- Me remercier ?

Elle a déformée un peu sa bouche, a prit une grande inspiration, et m'a enfilé le collier autour du cou, j'ai pas osé bougé je crois.
A mon tour je fouille dans mon sac, il y a pas grand chose : des fleurs, des fruits et un bout de bois pour dessiner sur le sol. Je sors une fleur et lui tend.

- C'est ... c'est pour toi ?
- Oh merci, mais tu me dois rien tu sais
- Bah je sais pas non

Elle éclate de rire, puis devant mon air étonné, se reprend. Elle me sourit, accepte la fleur, la sent, me sourit a nouveau.

- Tu viens d'où pour être comme ca ?
- Comme quoi ?
- Non rien.

Elle me regarde, je la regarde, les secondes passent comme ça a rien se dire. Ca me brûle dans la poitrine, je releve ma veste à la recherche d'une plaie ... mais rien.
Je crois qu'elle se retient de rire une nouvelle fois, et moi je crois que je rougit.

- Comment tu t'apelles ?
- Mafr

Nouveau silence.

- Tu veux pas savoir comment moi je m'apelle ?
- heu... non, je veux pas je veux rien.
- Moi c'est Sarah, Sarah-dol-mal, mais tu peux m'appeler Sarah.

Je regarde Kharesse dans mes bras, elle dort, elle dort profondément même, je ne sais pas a quel moment elle s'est endormie. Elle suce son pouce, et son autre main, qui jusqu'alors aggripait toujours un doudou...serre ma main contre sa joue. Je n'ai pas le courage de m'en séparer pour la recoucher, et je suppose qu'Azu nous a trouvé endormis l'un contre l'autre a son retour, parce que je me souvient pas nous avoir recouvert d'une couverrture.

Ca fait deux matins a suivre où je me réveille en pensant a Sarah. Oh biensur ça ne dure pas, quelques secondes a peine, le temps de se dire qu'on a juste du en rever, le temps de se tourner et on a déjà oublié. Ca m'arrive souvent, d'y penser au réveil, mais d'habitude, Iv. prend le relais et me fait oublier mes rêves. Depuis deux matins, Iv. ne suffit plus.

Je repense a notre rencontre, je sourit en repensant a ce que je lui ai répondu.

Je nous revoit partir l'un a côté de l'autre, elle qui n'arretait pas de parler, de me raconter sa ville, ses parents, ses jeux, moi qui voulait oublier ma ville, mes parents, et qui ne connaissait pas le mot "jeu".

Je ne me souviens pas de toutes ses paroles, je me souvient juste que jamais elle ne s'est moquée de moi. Elle a sourit parfois, devant ma maladresse épée a la main, devant ma peur de faire mal a qui m'agressait. Mais jamais elle ne m'a rien reprochée. Elle m'a tout apprit, de la chasse, de l'entrainement, du jeu, des autres aussi.
Elle m'a apprit a aller vers les autres, elle avait le contact si facile il faut dire. Un bonjour, un sourire, et tout le monde se mettait a l'ecouter, plus un n'osait parler.
Elle ne m'a pas apprit pourquoi mon coeur s'accelerait quand je la voyais, et pourquoi il me brulait lorsque je la voyais s'eloigner, non ca je l'ai apprit tout seul je crois.
Nous avons passé toute notre enfance l'un a côté de l'autre, nous partagions entrainements et chasses. Je lui servait de bouclier, et elle achevait les proies, et moi je fermais les yeux pour ne pas les voir mourrir. Et je crois qu'elle me regardais longtemps avant de me dire de réouvrir les yeux.

On était bien comme ça, on ne demandais rien d'autre, on aurait passé notre vie, moi en bouclier, elle avec son arc, a se regarder et a se sourire.

Mais un jour de chasse ordinaire, les bouftous etaient plus nombreux que d'habitude, et j'en ai laissé un passé, un seul, qui est passé dans mon dos. Un seul pourtant, mais qui lui fonçait dessus, qui allait broyer Sarah d'un seul coup de dents. Elle a criée, comme lors de notre premiere rencontre, elle a hurlée, mais elle a hurlée mon nom. Je ne sais pas pourquoi, je ne me souvient plus dans le détails *Iv a des facultés a me faire oublier les moments penibles*, j'ai posé la main sur mon épée, j'ai vu le bouftou de très près, et après du sang, du sang partout, sur moi, sur Sarah, du sang. Sarah qui me regarde, qui me fixe, elle a les yeux pleins de larmes, elle tremble, elle reste un moment sans bouger puis se jette dans mes bras. Après je ne sais comment, elle tourne ma tête sur le côté, et me dit en me serrant très fort : "tu y es arrivé, tu peux le faire tu vois !". Je met quelques secondes a réaliser que le bouftou mort a mes pieds, c'est moi qui l'ai tué.

Je crois qu'un instant, j'ai eu la nausée, le temps de me tourner a nouveau vers elle, et de voir son regard qui pétillait, de voir son sourire, plus de nausée, plus rien que mon coeur qui résonnais dans tout mon corps. Je crois que c'est aussi la première fois que je la prenais dans mes bras. Tout ca parce que j'avais tué un bouftou.
J'en ai tué bien d'autres après, jamais par plaisir, juste quand il le fallait, pour lui ramener de quoi manger, ou simplement parce qu'elle me disait de le faire.

On a grandit, on est devenu adolescent ensemble, on ne s'est jamais quitté en fait, depuis le jour de notre rencontre, comme elle me l'avais promis.

Mon coeur s'emballait toujours a sa vue, mais a présent je savais qu'il ne fallait pas que je m'en inquietes, au contraire. Il fallait que j'en profite chaque jour, et pour ne pas qu'il me fasse mal le soir a la voir s'éloigner, j'avais décidé de lui demander de ne plus jamais me quitter, le soir non plus.

Un apres midi, elle était partie a la banque je crois, enfin elle était loin, je lui ai demandé de me rejoindre dans notre prairie, celle de notre rencontre. J'avais tout préparé, tout pensé depuis des jours. Cueillit toutes les fleurs, acheté un beau costume noire, un joli chapeau, son habit blanc aussi, tout, tout etait pret.

Elle me dis qu'elle est dans notre prairie, qu'elle m'attend.

J'ai l'impression que mon coeur va exploser, mais je ne veux pas la faire atendre, je cours, je cours vers la prairie, mon chapeau et ma cape sur la tete, les fleurs dans les mains, je cours vers elle, vers ma Sarah, je l'aime.

J'arrive enfin dans la prairie, je l'apperçoit au loin, si belle, si pure, je veux passer le reste de ma vie a ses côtés ... je veux l'épouser.

J'approche sans bruit, elle me tourne le dos, arrivé enfin a sa hauteur, je passe ma main par dessus son épaule, lui présentant mon bouquet, j'en profite pour lui poser un baiser dans le cou.

Etrange sensation que celle d'une peau glacée sous mes lèvres. Je relève la tête, étonné, et me place devant elle pour comprendre. Mon coeur explose, ma gorge se serre, mes mains lachent le bouquet qu'elles serraient.

Sarah est la, a genoux, penchée en avant, deux plaies béantes crachent son sang, ses yeux sont fermés, sa peau froide et blanche. Les larmes m'envahissent, je la serre contre moi, comme si mon etreinte suffirait a lui redonnner vie, comme si mes larmes allaiant remplacer le sang de ses veines. Je la prend dans mes bras, je l'installe comme elle aimait se mettre, sa tete sur mon epaule, blottit contre mon cou. Je la berce, je lui parle, j'attend de me réveiller, j'attend que finisse le cauchemard.
J'attend qu'elle ouvre les yeux, qu'elle me sourit, qu'elle m'embrasse, j'attend encore, j'attend .... j'attend de me rendre compte qu'elle ne sera plus, que c'est finit, que celle que j'aime est morte dans mes bras.

C'est moi qui plonge ma tête contre son cou, qui me blottit contre elle, et qui pleure. Je crois que j'ai pleuré toute la nuit, la journée qui suivit aussi, et celles qui suivirent, de toute façon je ne remarque même plus le soleil qui se lève et se couche, je ne vois plus rien, je n'entend plus rien, je sent mes forces m'abandonner peu a peu, je crois que ca me soulage quelques part, parce que je vais la suivre, parce qu'on sera enfin ensemble pour toujours.

A l'aube du sixième jour, je sent une douce chaleur m'envelopper, je vois deux grandes ailes blanches se poser autour de moi, je sent sa présence, je l'attend je crois, mes larmes s'arretent enfin. Je ne sais pas trop ce que j'attend au juste, je ne sais pas comment se font ses choses la, mais rien ne vient. Je tourne la tête lentement. Elle est assise derrière moi, et ses ailes immenses m'enveloppent totalement a présent. Je crois qu'elle n'a pas ouvert la bouche mais j'entend ses paroles.

- Tu vas devoir faire un choix, je ne pourrai te maintenir en vie plus longtemps.
- Pourquoi me maintenir en vie ? je ne veux plus vivre.
- Ce n'est pas l'heure encore pour toi.
- Pour Sarah non plus ce n'était pas l'heure ...
- Elle, elle n'a pas eu le choix, toi tu l'as.
- Mon choix est fait , je veux la rej... je n'ai jamais pu continuer ma phrase, plus rien ne sortait de ma gorge, et elle, elle me regardait en souriant, je savais que c'était elle qui m'empechait de continuer, ni comment ni pourquoi, mais cétais elle je le savais. Je crois que c'est a ce moment la aussi ou je me suis demandé qui elle était.
- Saches prendre le temps de la réflexion, sans quoi tes choix seront douloureux.

Et puis après j'ai du m'endormir, enfin je crois, toujours est il que quand j'ai réouvert les yeux, il faisait nuit, et j'avais terriblement froid.

- Tu as fait ton choix, la suivre, ou rester et decouvrir tout ce que tu n'as pas eu le temps de connaitre : le plaisir, les rêves, la vie, le bonheur pourquoi pas, et l'Amour.
- l'Amour je l'avais, mon coeur bat tout entier pour une femme que je ne reverrai plus.
- Tu as donc fait ton choix. C'est mieux comme ca. Et pour ton coeur, ecoutes moi bien, je vais le réouvrir, et le laisser ouvert. Fait bien attention, c'est dangereux, pour toi et surtout pour les autres. Mais tout ca tu le decouvriras par toi même. Maintenant dis lui Adieu, tu as beaucoup de choses qui t'attendent.

J'ai embrassé Sarah une dernière fois, puis je l'ai allongée sur le sol. C'est l'Ange qui m'a prit par la main, qui m'a attiré vers elle, ce sont ses ailes qui m'ont réchauffées en m'entourant cette nuit là, ces grandes ailes blanches qui ont veillées sur mon sommeil jusqu'au matin.
Et au matin Sarah n'était plus la, il ne restait devant moi que des fleurs, une prairie remplie de fleurs.

C'était la première fois que je voyais Iv., je ne savais pas encore qui elle était.

...

POPAAAAAAA !

Je sursaute, je quitte brusquement mes pensées, j'ouvre les yeux.
- Oui ma puce ?
- Fait quoi popa ?
- Heu ... j'essayais de dormir
- L'est pas zenti ton dodo ?
- Pourquoi ma puce il serait pas gentils mon dodo ?
- Popa il pleure dans son dodo

Kharesse attrapait mes larmes au bout de ses doigts, et jouait a les faire devaler ses avants bras. Ca m'a fait sourire de voir qu'elle était capable de trouver la petite part de bien au milieu de mon malheur.

Ce matin pourrait être un matin comme tant d'autres, le soleil qui perce a travers la petite fenêtre de notre chambre, mes yeux qui s'ouvre sur la plus belle femme du monde, notre bout'chou qui dort au bout de la pièce ... un joli matin. Mais aujourd'hui, ca fait 7 mois que nousa vons célébré notre mariage, 7 mois déjà, de bonheur, d'une vie qui d'un coup s'est transformée, animée, égaillée.

Il est trop tôt pour les réveiller, alors je glisse doucement dans mes pensées, bercé par le bruit des vagues dehors.

Sept mois déjà, ca passe si vite, j'essaie de remonter a notre rencontre, c'est assez vague en fait, bizarrement. Après la mort de Sarah, je me souviens avoir rejoint ses frères, Gerykhan et Rudan, les seules personnes que je connaissait, de loin, de très loin même, nous avions a peine été présenté.
Rudan, le plus jeune, ressemblait beaucoup a Sarah, un peu plus rêveur, c'est peut etre ce point commun qui m'a poussé a aller vers lui, et lui vers moi aussi sans doute. Lui non plus ne m'avais pas juger au premier regard, et de notre première poignée de main à aujourd'hui, on ne s'est plus perdu de vue.

On s'est suivi de Guilde en Guilde, et ca doit etre lui qui m'a présenté les trois femmes qui comptèrent pour moi ensuite.

La première fut Arthelya, fille d'Arthelia, Bras droit tout comme moi. C'était une jeune osamodas, plus jeune que moi, très entreprenante, très courtisée aussi, qui étrangement m'avais choisit, parmis la foule de prétendants, moi qui lui avait simplement dis qu'elle était très jolie. Elle m'a jamais dit pourquoi ca avait été moi, je ne lui ai jamais demandé non plus, et ca c'est fait comme ca. A y réfléchir, l'histoire fut assez douloureuse, je lui apportais beaucoup d'attention, lui offrais tout ce dont elle rêvait, et pourtant elle ne semblait jamais satisfaite. Elle ne m'adressait jamais un mot doux, jamais un geste tendre. Quand je lui demandait ce qu'elle ressentais pour moi, elle se mettait a rire, c'etait la première vision que j'ai eu d'un couple. Et puis un jour elle m'a dit que c'était finit, qu'elle ne voulait plus de moi, et elle est partie dans les bras d'un autre. Je ne crois pas l'avoir aimée, mais son rejet fut douloureux, et j'ai mis de longs mois avant de vouloir a nouveau regarder une fille.

La seconde fut Sacriecrie, sacrieuse de son état, amie depuis longtemps, Bras Droit aussi de la Guilde. Nous plaisantions souvent sur les couples qui se formaient, nous voulions a tout prix caser Azusa notre meneuse avec le Grand Kalistor. Nous avons réussit d'ailleurs, et a force de les laisser seuls pendant nos soirées, nous avons finit par flirter, en secret d'abord. Puis au grand jour enfin, quand nous nous sommes aperçut que toute la Guilde savait. Oui je n'ai jamais été très discret pour cacher mes sentiments. Je crois que j'aurai finit par l'épouser, nous etions bien ensemble, je lui écrivais des mots doux, elle se montrait aussi très douce en retour, nous aurions été heureux meme je crois. Tout allait très bien, et puis un jour elle est venu me trouver en larmes. Elle devait partir, tout de suite, elle ne reviendrait plus, elle m'aimait, elle ne m'oublierait jamais, et les sanglots l'ont empêchés de continuer, elle s'est retournée et s'est enfuit. Je ne l'ai jamais revue depuis. Ca a été si brutal, je n'ai même pas pensé a la suivre, a la rattraper, rien, je suis resté planté la, seul une nouvelle fois.
J'ai continué a lui écrire des lettres, que je mettais a la vue de tous, espérant qu'elle les lirai, je continuais a attendre son retour, patiemment, naïvement, comme je le suis parfois trop.

Je sent une main glisser sur mon torse, des lèvres se poser dans mon cou, Azu est révéillée. Son contact provoque un grand frisson en moi, comme toujours, comme depuis le premier jour en fait. Elle fait tourner ma bague autour de mon annulaire, en me souriant. Je vois la même sur sa main, je lui renvoit son sourire, accompagné d'un baiser. Je dois avoir les yeux qui brillent, parce qu'elle rougit en croisant mon regard. Ce matin là on est resté dans les bras l'un de l'autre, a se sourire sans rien se dire de plus que ce que nos yeux trahissaient.

C'était en plein après-midi, dans les plaines rocheuses, je rejoignais la guilde pour aller chasser des craqueleurs. Je devais etre le dernier a arriver, j'étais toujours le dernier en fait, depuis le départ de Sacriecrie, je n'avais plus gout à grand chose, si ce n'est ecrire des lettres d'amour et de désespoir à celle qui m'avait quittée brutalement. Enfin bref, j'étais toujours le dernier a arriver.

Chacun était occupé a dépouiller un craqueleur fraichement tombé, si bien que personne ne me vit arriver. La seule qui me regardait était Azusa, notre meneuse. La seule avec qui je ne me sentais jamais a ma place, la seule a qui j'osais a peine dire bonjour, son statut de meneuse me petrifiais je crois, et nos rapports se limitaient aux traditionnels bonjour / au revoir quotidiens.

Et ce jour la je sais pas, au lieu de la saluer discretement, je me suis avancé, fébrilement, et je me suis agenouillé a ses pieds. J'ai prit sa main, doucement dans la mienne, et je l'ai aprochée jusqu'a y déposer un baiser.

En relevant les yeux vers elle, je pensais croiser ce regard noir qui l'habitait depuis quelqus temps, celui qui me dirai de m'enfuir avant qu'elle ne me tue elle meme. Et puis non, au lieu de ça, son visage s'était ouvert, ses yeux s'était fait plus brillants, sombres mais lumineux.

Je lachais sa main, restant figé a ses pieds, quand elle s'adressa a moi. Sa voix était posée, le ton sérieux et sincère. Le message était simple, Azusa cherchait un homme qu'elle pourrait aimer, et qui saurait l'aimer.

J'ai du rester planté a ses pieds encore plusieurs minutes, encore sur le coup de ses paroles. Azusa, notre meneuse, Azusa l'intouchable, l'interdite presque, me demandait de l'aimer...

J'ai du balbutier quelques chose du genre : Bah moi je veux bien , si tu veux. Enfin un truc aussi nul que ça en tout cas. Pourquoi elle me demandais ça à moi ? La guilde était composée de dizaines d'hommes qui ne rêvaient surement que de s'unir a elle, et elle venait chercher le seul qui n'osait meme pas l'instant d'avant la regarder dans les yeux.

Enfin toutes ces questions j'ai du me les poser très vite, parce que je me souvient m'etre relevé devant elle, et son regard, ah oui son regard ... elle ne m'avait jamais regardée comme ça. J'avais l'impression que son regard me dictais ce que je devais faire, je lui ai prit les mains, comme on s'apprete a prendre quelques chose qui va vous bruler certainement, avec delicatesse et retenue. Mais non, ses mains ne me bruleraient pas, j'ai posé mon regard sur ses yeux, qui eux brulaient, puis sur ses lèvres, et je l'ai embrassée.

Et la, oui la, il n'y avait plus rien d'autre, plus aucun bruit que sa respiration, plus rien au monde que nous deux, le temps d'un baiser plus rien d'autre ne comptait. Un immense frisson a parcourut mon corps, mais un frisson qui apporte une douce chaleur, et puis apres plus rien. Apres je n'ai plus aucun souvenir du reste de la journée, je suis resté arrêté sur ce baiser, comme si il avait duré jusqu'au soir. Le souvenir suivant nous etions tous les deux dans les plaines, seuls, assis, dans les bras l'un de l'autre, profitant en silence de ce que l'autre lui offrait. Et son regard dont je n'arrivais plus a me detacher, jamais on ne m'avais regardé comme ça, jamais avec ses yeux la, et jamais mon seul sourire n'avait déclenché cette teinte rosée que je voyais colorer ses joues.
Mon coeur s'est remis a battre ce soir là, a nouveau.

Retour aux dures réalités

28 Fraouctor 636

Ca fait une semaine maintenant que kali a quitté la Guilde, une semaine que je ne dors plus, que mon humeur s'en ressent, et que mes proches doivent me subir. Une semaine de trop. Il est temps, temps de faire un choix, et temps de l'assumer pleinement. Je quitterai la Guilde, notre Guilde, abandonnant ce que 4 amis avaient créés, abandonnant ma place de Bras Droit, de Meneur meme quand Azu etait fatiguée. Je quitterai tout dès ce soir.

Je leur ai donc écrit, ce que je n'ai pas réussit a leur dire, et je l'ai déposé sur la porte de la Guilde, y laissant aussi mon blason, délicatement decousu.

Azu se tenait quelques pas derriere moi, me regardant déposer cette lettre. J'avais a peine tourner les talons qu'elle s'est apporchée de la porte, et a décousue a son tour son Blason. Elle l'a agraffé sur le mien, m'a embrassé puis est repartie. Elle devait rester dans la Guilde encore plusieurs jours pour faire ses adieux, pour dissoudre sa Guilde, elle n'a pas prit ce temps, elle n'a pas hésitée. Et moi je suis resté con. J'ai reprit ma lettre, et je l'ai recommencée, assis la devant la porte, je l'ai réécrite.

Bonsoir, comme vous l'avez tous vu, mon départ fut brutal, et non expliqué.

Je suis comme ça parfois, j'agit sur un coup de tête.

Ce qui était sur et réfléchis par contre, c'est que depuis le départ de kali, je ne me sentais plus bien. Cette Guilde nous l'avions créés a quatre, Azu, Sacriecrie qui nous a quittée depuis, Kali et moi. La moitié de l'âme de la Guilde est partit. Pour moi la Guilde n'était plus.

Je me suit mit à regarder ses membres, un par un, et je me suis rendu compte, et ca m'a effrayé, que je ne connaissait pas beaucoup d'entre vous. J'ai aussi vu suite au départ de kali beaucoup de personne que j'appreciais beaucoup partir, pour le suivre ou non d'ailleurs.

Et pendant ces quelques jours surtout, je ne me suit pas senti bien, mais pas du tout. A chaque fois que quelqu'un parlait, meme d'autre chose que de son depart, j'esperait que c'etait lui qui revenait ... et puis non.

Alors quand azu est venu me voir, me disant qu'elle etait un peu perdu, qu'elle savait pas quoi faire, le lui ai conseillé, et j'ai fait une erreur je sais, de prendre du recul. je lui ai demandé, et je précise qu'elle n'a pas voulu au debut, je lui ai demandé de quitter la guilde, pour vois si elle lui manquait ou pas. Et que personne ne me dise que ca me fut agreable de devenir meneur, parce que demander a sa femme de le quitter n'a pas ete une partie de plaisir !

Du dehors, je sais que beaucoup lui ont manqués, mais elle s'exprimera mieux que moi ici.

J'ai donc essayer de redresser la barre comme j'ai pu, proposant un nouveau départ, proposant de se recentrer sur les membres présents des le debut. Et j'ai eu la douloureuse surprise de voir que tout le monde ne suivait pas vraiment. Et beaucoup etaient perplexes suite au depart d'azu.

Ca m'a fait douter, trop surement. Et hier matin kali m'a contacté, juste pour me dire bonjour en fait. Et en parlant, il a bien vu que j'allais pas bien. Il est venu me voir, ce qu'aucun de vous n'avait fait, il m'a offert une fleur, et ca prouve qu'il me connait, ca doit etre le plus beau cadeau qu'on puisse me faire. Ca m'a touché, je suis resté de longs moments a pleurer dans ses bras. C'est mon meilleur ami ici, et pour la premiere fois depuis son départ, je crois que j'ai esquissé un sourire. On s'est entrainé ensemble, et j'ai reprit plaisir a m'entrainer en groupe, chose que je ne faisait plus depuis bien longtemps.

Et l'idée m'est venue, de tout plaquer et de le rejoindre. Enfin tout, non, il y a une chose que je ne quitterai jamais, c'est Azu, et je ne serais pas partit sans elle, JAMAIS !, meme si vous avez pensés l'inverse. je l'aime et je ne laisserai personne dire l'inverse, et encore moins lui dire a elle !
J'adore Kali, j'ai décidé de le suivre, de tout quitter, de tout perdre pour le suivre, mais la seule demande d'Azu de rester a l'Aventure m'aurait fait rester, sans meme y reflechir.

On a donc parlé avec Azu, de ce qui etait important a nos yeux, et ce qui est ressortis, c'est que l'important c'etait nous, notre couple, notre famille. Que quoi qu'il arrive on serait bien si on restait ensemble. Et ensemble ca voulait dire dans l'une ou dans l'autre Guilde. J'aime ma femme a la folie, et ca doit etre reciproque, parce qu'elle m'a dit qu'elle me suivrait, si c'etait ce qui me rendrait heureux. Azu ne vous a pas quittée, elle m'a suivit, et je sais combien ca a ete dure pour elle. Et je vous jure que c'est dur pour moi de la voir souffrir autant, je ne crois pas meriter tout l'amour qu'elle me donne.

Je suis partit le premier, sans rien dire parce que je ne trouvais pas le mots, et parce que ma gorge etait trop nouée pour sortir un son. Quoi que vous pensiez beaucoup d'entre vous me manquent, et me manqueront.
Azu devait rester quelques jours, le temps de s'expliquer, et de vous dire au revoir a chacun. Je crois qu'elle n'a pas tenue, elle est partit, elle est venue me rejoindre. Elle a laissée la Guilde a qui elle voulait, je ne sait meme pas trop a qui, comment. Je m'en fout, tout ce que je veux c'est etre avec elle.

Aujourd'hui nous sommes sans Guilde, sans rang. Nous y resterons le temps qu'il faudra, le temps de tourner la page.

Mafr

Voila, nous étions seuls. J'ai rejoint Azu, le coeur n'y était plus, mais nous avions une "cérémonie", le travail nous rappelais. Ca n'aurait pas été la première de notre fille, je penses qu'on se serait évadés loin, très loin pour tenter d'oublier cette sale journée. Mais Kharesse attendais cette soirée, et le coeur lourd nous avons rejoint le QG.

Je n'ai aucun souvenir de qui fut décoré, pourquoi, par qui, la seule chose que je voyais, c'était Azu en face de moi, le visage fermé, les yeux pleins de larmes, seule. Je crois meme que personne ne m'a vu quitter les rangs, enfin si une seule personne en fait, qui m'a vu tourner les talons, ranger mon Clint, et faire un grand détour pour la rejoindre, dans le rang des apprentis, pour venir lui tenir la main le reste de la cérémonie.
Qu'est ce que j'avais hate que ca se termine, que nous puissions rentrer chez nous, enfin chez nous, dans la maison qu nous occupons, qui est la maison de la Guilde, et que nous perdrions surement bientot aussi.

Il ne tient qu'a nous a présent de nous relever, de nous reconstruire, doucement, surement, sur le bases de la chose qui nous reste : notre amour, et celui que nous portons pour notre fille. Ne pas regarder en arrière, continuer a avancer, c'est ce que nous devons apprendre a notre fille, c'est d'abord ce que nous devons apprendre nous meme.

Il n'y eu pas un mot échangé ce soir la, des regards pleins de questions, des sourires forcés et sans réponses, des larmes, jusqu'a s'endormir d'épuisement, désoeuvrés mais ensemble, blottis l'un contre l'autre.

/Hrp Ca y est, t'es content ? Tu m'as faite pleuré
/Hrp


[Mafredit] : Elva, Puce, c'est du RP tu sais . Aller ... Fais Rizette à Mafrounet ...

Azu est plantée devant moi, les yeux noirs, profonds, insondables. Elle prend sa bague et me la tend, elle se tourne, et sen va. Azu me quitte, elle s'éloigne au loin, c'est finit, je la voit s'éloigner, et ses ailes de sériane comme fondre au fur et a mesure. Elle ...

Je sursaute, j'ouvre grand les yeux, je suis assis dans mon lit, couvert de sueurs.

Je reprend mes esprits, et le silence se faisant dans mon esprit, j'entend une petit voix au bout de la pièce. Kharesse chuchotte dans son lit, elle doit encore faire la morale a ses doudous .... je souris a y penser.
En tendant l'oreille je distingue a present ses paroles, plus de bafouilles, de begaiements, de mot mal enoncés, Kharesse parle avec l'assurance d'un adulte. Je comprend pas, mon petit bout d'chou, qui hier encore avait du mal a enchainer trois mots sans bafouiller, discutait soins et maniement de la baguette avec ... avec Iv. !

Je distingue tres bien Iv. maintenant que mes yeux se sont fait a l'obscurité, elle est la en face de kharesse, guidant ses gestes, corrigeant les trajectoires de sa baguette, posant ses griffes sur ses ailes en bois.

Un frisson me parcourt, Iv. a sortie ses griffes, elle fixe les petites ailes en bois de Kharesse, y fait glisser ses griffes, s'arrete, semble hesiter ... puis Kharesse se retourne vers elle, manque de l'éborgner d un coup de baguette mal dirigé. Iv. reprend ses esprits, retire ses mains, reprend son cours sur les techniques de combats.

Je souffle un grand coup. Et au même moment des images me reviennent, mélangées et confuses, cette même scène, deja observée, d'Iv. donnant des cours a Kharesse. Ces nuits qui précédaient les poussées de croissance de Kharesse, celles la même que ni moi ni Azu n'arrivions a expliquer.
Ca s'accélère dans ma tête, les progrès fulgurants de Kharesse au combat, ses capacités soudaines a tout comprendre autour d'elle, ses progrès d élocution trop rapide les premiers mois et années de sa vie ... et puis, et puis c'est étrange. D'un coup je me rend compte qu'au début de sa vie Kharesse grandissait beaucoup plus vite que les autres enfants dans tous les domaines, et depuis quelques mois, elle ne progresse plus dans sa maniere de s'exprimer. Je cherche a me souvenir depuis quand elle ne fait plus de progrès de langage, c'est depuis ..... depuis .... depuis son entrée dans le Clan ...

Merde.

Je me suit perdu dans mes pensées, et relevant la tete, je vois Iv. et Kharesse qui me fixent. Iv. me sourit, et je comprend mes absences, mes pertes de mémoires, Iv. efface ma mémoire de ces nuits ou je les ai surprises dans leurs cours. Je m'enfouit sous les draps et attrape une feuille, je griffonne des mots, courts, vite, aller a l'essentiel, noter les cours, les progres, Iv., son regard, son travail sur ma mémoire ...
Iv. me prendra la feuille, mes écrits ne serviront a rien, elle les effacera aussi ... alors je glisse le bout de papier dans le creu de la main d'Azu, la ou Iv. n'osera pas y toucher.
Au réveil je comprendrai pourquoi Kharesse ne grandit pas comme les autres enfants, et j'aurai probablement peur en lisant ces mots écrits de ma main.
Je sors des draps, Iv. est devant moi, elle pose sa main sur moi, sur mon front.

Azu a commencée a écrire sa vie, et Kharesse me tanne chaque jour pour que je lui raconte la mienne, alors pendant qu'Azu écrit, je poursuit l'histoire de ma vie, ma fille sur les genoux.

- Ou en étais-je Tit bout ?
- La fois t'avais vu Moman
- Ah oui, la première fois, la premiere fois qu'on s'est embrassé, la première fois que la simple évocation de son nom, ou son apparition déclenchais un brasier en moi. La premiere femme tout simplement, mais femme mariée ...
- Quoi Narriée ?
- Marriée .... et bien, Moman avait, disons....un autre Doudou que moi ...
- Un Doudou elle pouvait zeter a travers la chambre quand elle était fachée ?
- heu non un Doudou pour faire des calins **enfin si j'ai bien comprit il y a jamais vraiment eu de calins avec son ancien mari**, bref, Moman avait deja un Doudou, et moi j'avais qu'une seule idée en tête, la faire jeter son vieux Doudous, enfin divorcer quoi.

Les Kamas a donner, les épreuves, j'aurai tout fait et tout donné à la seconde pour qu'elle divorce, mais Azu voulait pas, sa seule réponse était qu'elle le ferait un jour. Un jour, oui, un autre jour, ca me faisait trembler,tait la réponse qu'elle avait donné a son ancien amant pendant des semaines avant finalement de le laisser tomber, sans mariage.

Les semaines se sont donc enchainées, merveilleuses, avec mon idée récurente de divorce qui ne venait pas, des semaines a regarder cette bague qui ne voulait pas quitter son doigt, à m'inquieter, a douter meme parfois des mots d'amour qu'elle me murmurait.

Et puis un matin d'hiver, elle m'a sauté au cou, puis ses doigts sont venus enlacer les miens, ses doigts vierges de bagues, elle était a nouveau libre de se marrier. J'aurai voulu faire les choses "comme on fait il parait", aller voir son père, lui demander la main de sa fille, reunir nos deux familles ... oui l'idée m'a traversée l'esprit furtivement, avant de me rendre compte que je ne connaissais aucun membre de sa famille, ni ou les trouver, ni où trouver ma propre famille d'ailleurs. Finalement j'ai pas mit les formes, j'ai juts emit un baiser sur ses lèvres, une phrase dans le creu de son oreille, et mes mains un peu tremblantes attendant la réponse. Son sourire fut sans appel : nous serions marriés d'ici peu.

La date fut fixée quelques semaines plus tard, le temps de prévenir tout le monde, et de trouver témoins et alliances.

Les noces furent aussi riche d'invités qu'elles furent sobres, a notre image. Seules les alliances dénottaient avec cette sobriété, deux gelanos furent échangés ce soir la, tout ce temps passé a me faire attendre son divorce, n'etait en fait que le temps qu'il a fallut pour trouver nos deux alliances, mais ca je ne l'ai apprit qu'a ce moment la ....

- Et moi Ze va me marrier un zour ?
- Biensur Puce
- Avec Popa ?
- Non Tit Bou ... *sourit* avec son Papa on peut pas
- Vec qui alors ?
- Avec ... un que tu .... aimeras ... heu .. le plus doux des doudous
- Doudou Mulou ?
- Heu, un Doudou qui bouge ^^
*reflechi*
- Shiro ?
- C'est pas a moi qu'il faut demander ....

Tout avait bien commencé, le calme était revenu, la Légion fleurissait, ma famille grandissait, mes entrainements avaient enfin payés, j'avais même demandé a progresser dans le Clan, preuve que je me sentais enfin apaisé.

Je partais m'entrainer, en famille comme a l'habitude, un amusement presque. On chasse les groupes, on rigole, je glisse, Azu redresse le tir, tout se termine toujours bien. Les groupes de Dragoeufs s'enchainent, celui que je trouve dans cette clairière conviendra parfaitement pour la suite, j'apelle Azu, je me tourne et m'apprete a lui envoyer un baiser pour l'accueillir, comme à l'habitude. Et mon regard se fige, mon sourire se crispe, devant moi, a quelques mètres, Kali dort, le Blason de L'ordre sur la veste fraichement cousu. Mon regard se perd sur son blason, mon esprit s'echappe, je ne vois plus Azu qui arrive ,je tombe a genoux, paralysé.
"Ca fait longtemps deja" me murmure-t-elle.
Second choc, mon frère quitte sa Guilde, sans rien me dire, tout le monde le sait, sauf moi.... Je cri, ses yeux s'ouvrent en sursaut, Kali se dresse devant moi, sa vue soudain me fait peur, je m'enfuis sans savoir pourquoi.
Au bout de longues minutes je m'arrete éssoufflé, désorienté, je me rend compte qu'il m'apelle depuis le début, qu'il veut juste me voir, me parler, je fais demi tour et le rejoint.

Je tombe dans ses bras sous le regard perplexe d'Azu. Pas un mot, juste une impression que deux moirtiés viennent de se réunir, le calme enfin, l'apaisement, le temps d'un instant, furtif, trop court, il part et je n'ai pas eu le temps de lui parler.

Le soir même il dépose une lettre a mon attention. J'y répond aussitôt, mais il ne vient pas lire la réponse, il ne semble pas vouloir la lire.

C'est en l'attendant que mon esprit a recommencer a pencher, doucement, tout doucement. L'équilibre s'est rompu, je me renferme, je me sert de ma formation de Sériane pour cacher cette déviance en moi, du moins le temps que je pourrai la cacher.
Je revois Bonta la Belle, la Lumineuse, mes lointains souvenirs ressurgissent, Bonta la Blanche, me tend a nouveau les bras. Ivrayss se libère en moi, elle se répend sur mes souvenirs, mes pensées, je vois des amis aux ailes Blanches, j'entend leur voix m'appeler, je suis attiré par leur sourire, leur lumière.

Et j'entend la voix d'Azu qui cri, Azu la Brakmarienne, le regard noir posé sur moi, sous lequel tranche le rouge de ses ailes, Azu qui me cri des mots que je ne veux pas comprendre. Elle me parle de changement, d'éloignement. Azu la rouge qui me secoue, Ivrayss la Blanche qui m'apaise, m'endort, m'eteind. Ivrayss qui me promet de retrouver mon frère, Azu qui veut m'en éloigner, azu la Rouge ... mon poing se crispe, mon regard s'assombrit. Ivrayss est en moi, Ivrayss me prend la main, je la laisse faire, elle qui a toujours voulu mon bien, mon salut, qui m'a toujours guidé vers ... la Blanche. Ivrayss guide ma main sur ma lame, je la saisie, la lève au ciel, fixant les yeux noirs qui me font face.

Azu la rouge, ma griffe rose, Ivrayss la Blanche, ma main tremble, mes yeux passent de l'une à l'autre, puis a la troisième, les mots raisonnent en moi : la Rouge , la rose, la Blanche, en boucle .....
Ivrayss perd le controle un court instant, ultime moment de clarté, ma lame s'abat vers le sol, évitant de peu le crâne d'Azu, s'enfonçant dans la terre a mes pieds. Ivrayss se ressaisit, je la sent reprendre le contrôle, je leve ma lame une seconde fois et la plante dans ma chair, je m'écroule en silence.

Je rêve, de Bonta, de silence, d'orchidées. Je reve de délivrance, de paix, de sérénité, je vois mon frère : il me sourit.

Je me réveille a Astrub, sans corps, sans armes, sans rien. Les aventuriers fourmillent autour de moi, sur moi, ils me traversent, je ne les sent pas, je n'ai plus ni corps ni consistance. Je survole la foule jusqu'aux portes de la citée.
Je m'y arrete, j'attend un appel, une voix, un guide. Rien. Plus de rouge, plus de blanc : rien.
Je sent un vide, un grand vide, il me manque, mon esprit est brouillé, vidé, je ne reconnais plus personne, je ne vois qu'une grande Ville Blanche à l'horizon, je prend la route vers le Nord, avec comme seule idée d'aller chercher ce qui me manque : mon frère.

La route est longue, je traine ce qui reste de mon corps sur les pavés. Le calme ne dure pas, Azu la Rouge revient a la charge, criant de plus belle, retenant mes pas, je croyais que ma lame les feraient taire, Azu la Rouge, Ivrayss la Blanche, sont de nouveaux sur moi.

Le vacarme reprend, Azu dehors, Ivrayss dedans. Je marche vers Bonta et chaque pas qui m'en rapproche aide Ivrayss a se ressaisir. J'essai de lutter un temps, de crier aux deux que je veux etre seul, rien n'y fait. Leurs deux voix me tiraillent, j'essai de les repousser mais mon corps ne fait que glisser. Alors mes mots prennent le relais. Je suis fatigué, je vois une dernière fois le visage de Kali, celui d'une femme, et d'une enfant, avant qu'Ivrayss ne s'impose a nouveau en moi.

La sensation est étrange, je ne contrôle plus mes mots, plus mes pas, j'assiste spectateur à ce que je fait et dis. Et mes mots se font plus durs a chaque pas. Les premiers mots modérés qui demandaient a Azu de partir laissent place aux reproches, aux insultes. Les mots blessant pleuvent sur elle, jusqu'a la rupture, la force de caractère a ses limites, et Ivrayss me pousse jusqu'a faire craquer Azu. Je ne controle plus rien de mon corps quand Azu s'effondre au sol, mon corps s'éloigne d'elle et je ne peux meme pas regarder en arriere voir si elle se releve.

Je laisse Ivrayss m'emmener, jusqu'aux portes de Bonta, Bonta la Blanche citée.

Aux portes de Bonta une rencontre fortuite, Ki. se dresse devant moi, je ne l'aurai meme pas aperçut si il ne m'avait adressé la parole, me demandant ce que je faisait a Bonta.

- Je vient chercher Kali
- Kali ?
- Kalistor, mon frère.
- Ton frère ... ah oui il m'a parlé de toi
- Je viens ici le chercher, je repartirai avec lui ...

Puis Ki. a disparut, et trainant les loques qui entouraient mon semblant d'âme je suis entré dans Bonta. A ce moment là Ivrayss s'est calmée en moi, elle n'avait plus besoin de diriger mon esprit, en entrant dans Bonta toute la ville s'est infusée en moi.

Seul troublion dans ce cocon enivrant un Panda gesticulant autour de moi. Curieuse présence en ces lieux, j'y prete a peine attention. Il me suit dans la ville, debitant des phrases que je n'entend pas, lui et d'autres inconnus me parle, je leur répond sans comprendre, continuant a marcher a la recherche de mon frère.

Je l'aurait oublié a force, si il n'avait dressé devant moi un mur d'orchidées. Le spectre que j'étais, intouchable et insensible, soudain stopper. Je leve la tete et je me vois, a travers lui, comme un mirroir. Le Panda n'est plus, il est a présent spectre comme moi. Je le dévisage avec une attention nouvelle.

Et ses mots continuent de pleuvoir, les siens puis ceux d'autres comme lui, ni Rouge ni Blanc. Leurs mots ne m'atteignent pas, je n'entend que Bonta autour de moi, Bonta la Belle, et ses voix. Et cette voix, lointaine mais comprehensible, cette vois familière, qui vient de Bonta, cette voix qui a autorité, et qui me dis de renoncer. Cette voix qui du coeur de Bonta me dis que ma place n'est pas ici.

Je doute, Ivrayss vascille, Le Panda reprend de plus belle, ses compagnons le suivent, peu a peu je saisi quelques mots de leur bouche : ils parlent de famille, de ma femme, de ma fille. Et chacun de leur mot me frole, puis me touche et enfin entre. Ils ne le savent pas mais en entrant ils ont engagé un combat contre Ivrayss. Contre Ivrayss la Blanche se dressent trois guerriers. Ivrayss ne se mefie pas, piètres guerriers devant elle, devant la paix qu'elle seule sait m'apporter. Piètres guerriers en apparence, mais qui regroupe ce dont je suis fait, je vois en eux l'amitié, la séduction et la fragilité. Chacun se joue de mes idées, les retournant a volontée, chacun combat, et je serai mort avant que l'un ne puisse l'emporter.

Une seule voix suffit a tout basculer. Ivrayss la Blanche trop pressée de tout contrôler, qui avait formée la seule qui ai mon sang mêlé. Ivrayss la Blanche par une enfant fut renversée, une Kharesse innocente que personne ne dirigeait.

Les trois guerriers m'ont alors vu me reveiller, hebeté puis terrorisé une fois la mémoire retrouvée. Ils m'ont veillés jusqu'au retour de ma fille, aider a reprendre corps et a me relever.

L'ordre avait changé, les trois visages devant mes yeux c'étaient inversés, je voyais maintenant la femme, l'enfant et mon frère.

Epuisé j'ai suivi la seule verité, celle de l'enfant qui me reconnaissait, et quittant Bonta m'eloignant de la Blanche, je retrouvais peu à peu mes pensées. Je tenais toujours ma fille dans mes bras a l'arrivée au port, la ou elle avait vu sa mère embarquer. Croulant sous la fatigue, Kharesse sur mes genoux, l'attente a commencée, sans savoir vers ou ni pour combien de temps ma femme m'avais quitté.

Avant de nous laisser les guerriers m'avaient conseillés de réfléchir a mes priorités, et le sommeil m'a emporté, après avoir décider : l'Amour, mon Frère et enfin l'Equilibre a retrouver.

Ce soir en rentrant je me suis assis a mon bureau, comme chaque soir, pour traiter les affaires du jour. Les dossiers s'empilent chaque jour un peu plus, mon tabouret n'est plus aussi confortable qu'au premier jour ...

Ce soir je n'ai pas envie de parcourir les lettres posées dans la journée, j'ai envie de remettre le nez dans mon journal.

Le carnet qui me sert de support est plein de poussière, une éternité que je ne l'ai pas ouvert, et rempli de mon encre. Je relis la dernière page avec nostalgie presque, pas tellement la nostalgie des faits, oh non pas du tout même quand j'y réflechi, mais plutot la nostalgie d'avoir le temps de me poser et d'écrire.

Je reste quelques bonnes minutes la plume à la main, inacapable de détacher mon regard de mes mains. Elles sont marquées, entaillées de tous côtés, ridées. Je dois me faire vieux.

Je ne sais pas trop par quoi commencer, cher journal qui devait poser ma vie sur papier je t'ai délaissé un peu trop longtemps, c'est surement trop tard pour rattrapper le temps perdu, alors je pose tout en vrac :

Divorce - Ara - Mariage - Orchydée - Kali

Voila ca fait une heure que je suis devant mon journal et je viens de comprendre d'ou me viens l'envie de réécrire. C'qu'il me manque ....

Les mois ont passés, et le temps ou le Clan ont peu à peu rabotés toutes les aspérités de mon coeur, anéantis chaque sentiment, pour ne faire de moi qu'une machine à empatie, une machine à rien.

Il est bien loin le petit Iop poète et timide, je souris un instant en pensant aux jeunes du Clan qui en lisant ce parchemin vont découvrir un tout autre moi.

Ce soir donc j'aurai bien aimé pleurer, mais non rien. Mon frère s'en va, je vais perdre l'être qui compte le plus pour moi dans ce monde, et pas une larme. J'ai presque honte. Jamais donc il ne saura la promesse que je m'étais faite de le rejoindre à Bonta pour mes vieux jours, jamais il ne saura que son soutien m'empecha maintes fois de me tailler les ailes.

L'heure est peut être venue ....


Au petit matin je me suis donc dirigé vers le Temple Iop, profitant de cette heure matinale pour passer inaperçut, et profiter ainsi d'un calme relatif. Le Temple était désert et froid, comme d'habitude, et la salle de prière me rendait l'echo de mes pas, comme si le coeur du Temple tout entier battait.

"Dieu Iop, Kerm, je crois que j'ai terminé. Tout ce que j'avais juré de faire je l'ai réalisé, tous mes rêves se sont concrétisés, tous sauf un : vous rejoindre avant que mon coeur n'use son dévouement.
Seulement je ne sais si mon travail est achevé, alors je vais m'en remettre à vous mon Dieu, rappelez moi si il est temps."

S'en suit une longue, très longue attente les genoux au sol, face à la statue de Iop, à guetter le moindre bruit, le moindre signe, comme si la Mort se devait d'arriver bruyamment. Je priais Kerm, à défaut de prier Iop. Depuis le départ de mon frère, depuis que ma femme gouttait à l'éternité de ses rêves, j'avais perdu la foi en ce dernier.

Les minutes et les heures s'égrénèrent, dans un silence mortuaire. Et puis une légère brise dans la nuque, tiède et douce, le calme, puis à nouveau ce petit filet d'air.

J'ouvrais les yeux avec peine, les habituant à la lumière que le jour avait fait pénétrer dans l'édifice. Je regardais mon ombre s'allonger devant moi. L'ombre devant moi portait deux grandes ailes, et le souffle dans mon cou ressemblait de plus en plus à une respiration.

J'avais comprit qui se tenait derrière moi avant même que ma gorge ne se serre, m'empechant d'hurler, et manquant de justesse de m'étouffer.
La voix resonnait dans ma tête, comme une dague qui remue dans une plaie deja ouverte. Elle était donc bien vivante, et bien décidée a contredire la Mort encore une fois.

Je la sentais remuer à l'intérieur, se nourrir de mes émotions, me vider peu à peu, s'ennivrer de mes souvenirs et une fois rassasiée, disparaître en me laissant inanimé au sol.

Elle ne prenait désormais plus le temps d'aspirer ma mémoire, préférant me laisser le gout amer de son passage. Le réveil n'en fut que plus difficile, je prenais conscience lentement qu'elle ne me laisserai pas rejoindre ma femme au royaume des rêves.

Cela faisait bientot 6 mois qu'elle s'était échapée, se délectant de ses rêves qui durent toute une vie, et seule la tièdeur de son corps indiquait qu'elle vivait.

La sagesse ne dure pas aussi longtemps, et la folie guette quiconque ne peut plus offrir. Il me fallut du temps pour la rejoindre dans ses rêves, et encore plus pour réussir à lui demander. Aimer ne suffisait pas elle le savait, aussi accepta-t-elle ma demande, en y posant deux conditions, et biensur en demandant la reciprocité. Le pacte ainsi scellé, je revenai à la vie, serrant contre mon coeur une Goultard.

On dit que la haine et l'amour sont souvent proches, et que la sincérité guerrit de tout. Ainsi s'est fait mon premier choix.

La peur impose parfois le silence, et dans d'autres cas délie les mots. Le respect, l'admiration, la crainte autant que la confiance, le gout du jeu et de l'inconnu ont fait le second.

Et a chaque fois la même promesse.

Recommencer, chaque jour, recommencer de rien, et réussir, mériter, réveiller la flamme.

Ne rien demander, ne rien attendre, ne pas enfermer, et se contenter d'un silence.

Donner sans retenue, sans calcul, sans peur.

Se dévouer corps et âme, chaire et sang, mots et sentiments.

/hrp/Wo...C'est super bien écrit je suis à la bourre et tout mais wo.../hrp/

Je dois avouer que ça m'a pris du temps à le lire. [Merci à Madrina d'avoir fait remonter le post.]

J'en suis encore sous le choc de cette écriture qui me fascine.