Quartier Général du Clan de Sériane Kerm
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[BG] Death

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Message par Innocence Jeu 27 Juin - 22:05

Introduction

Le silence. Qu’est ce que ça peut être reposant… Mais parfois, il est des silences oppressants. Effrayants.

Un coup de vent. Et le silence fut rompu.




Chapitre I : Naissance.

On était à la fin du printemps et Mordred était l’homme le plus heureux du monde. Non seulement son enfant allait bientôt naître, mais en plus il venait d’obtenir une charge de trésorier au service du Roi. Il avait du mettre la main à la poche pour s’offrir ce luxe, mais il ne le regrettait pas : la rente que lui apportait sa fonction et son domaine lui permettait de vivre dans le faste de la Cour, où les fêtes et les bals étaient monnaie courante. C’était pendant l’un d’eux qu’il avait rencontré Gläde, sa charmante épouse. Quelques années auparavant, alors qu’il ne résidait pas encore au château, leurs routes s’étaient croisées lors d’une réception donnée par Allister à l’intention de la noblesse Amaknéenne.

Alors qu’elle était jeune et belle, portant ses longs cheveux blonds comme les blés au milieu du dos, habillée dans une gracieuse robe blanche légère, lui était le stéréotype du noble de province. Mal rasé, ses cheveux bruns en bataille, il portait fièrement son armure qui ne le mettait pas vraiment en valeur, ainsi qu’une longue cape de velours. Mais le destin, ironique comme toujours, décida que la grâce de la jeune fille et la fougue du jeune homme devraient se rencontrer, et donner naissance à une union qui ne devait pas finir de si tôt.

Ce fut le claquement de la porte des appartements et les bruits de pas précipités d’Obéron, le majordome du couple, qui tira Mordred de sa rêverie.

« - Sire ! Sire ! Votre femme, elle… elle… tenta d’articuler le vieillard, visiblement essoufflé.
- Wow, du calme lança Mordred en souriant. Qu’y a-t-il, mon bon Obéron ? demanda t’il enfin.
- Mais… Elle accouche, Sire annonça le majordome avec un sourire jusqu’aux oreilles. »


Il n’en fallut pas plus à Mordred pour rassembler toutes ses affaires et courir aussi vite qu’il le pouvait jusqu’à l’infirmerie du château. Il y trouva Gläde, visiblement en difficulté, en train de tenter de mettre au monde son enfant. Il courut à elle et lui serra la main aussi fort qu’il le put. Ce ne fut pas une mince affaire, mais au bout de quelques heures, Mywien de la maison Death, fille de Mordred, vit le jour, le 23 Maisial de l’an 616.




Chapitre II : L’Enfance.

« - Non, non et non ! »

La vieille femme qui apprenait aux jeunes filles du château la couture et les bonnes manières des dames s’énervait encore contre la jeune Mywien, qui avait décidé que jouer à la bagarre avec les petits garçons était bien plus amusant que de coudre – discipline qu’elle détestait, et ça se voyait bien – ce qui dépitait son père.

Mordred posa sa main sur l’épaule de la fillette, qui lui sauta au cou.

« - Papaaaaa, s’écria Mywien.
- Écoute, ma puce. Il faut que tu comprennes que tu ne sauras jamais te faire une place dans ce monde si tu ne fais pas comme les autres petites filles. Papa aimerait que tu fasses un effort pour faire plaisir à madame Bianchi. Tu es d’accord ? »

La petite fille n’écoutait déjà plus son père, concentrée sur un moskito qui volait autour d’elle.

« - Regarde moi. Tu me promets que tu feras un effort ?
- Beeeen… d’accord papa ! »

Peu satisfait, le trésorier du Roi s’éloigna en laissant sa fille vaquer à ses occupations. Il fallait qu’il trouve une solution, mais comment ?

Elle vint d’elle-même, quelques semaines plus tard. Alors qu’il faisait le compte des dépenses de la Couronne pour un bal qu’elle avait organisé, Mordred reçut la visite d’un de ses collègues, souriant comme jamais. Il se demanda ce qui pouvait lui valoir cet honneur, et il se contenta de saluer l’homme.

« - Mordred… mon vieil ami ! » laissa tomber le nouveau venu.

Décidemment, c’en était étrange. Il n’avait pas souvenir d’avoir une relation aussi amical avec cette homme, mais il décida d’entrer dans son jeu.

« - Écoute, Mordred, vois-tu, mon fils n’a pas encore trouvé de fiancée, et j’aimerais que nos deux familles s’unissent. Nous sommes puissants, et je n’ai aucun doute que je pourrais éventuellement te trouver une meilleure place si tu acceptais que ta fille… commença l’homme.
- Mais qu’en est-il de la dot ? demanda t’il, en bon économiste qu’il était.
- Pas de ça entre nous, voyons annonça son collègue en souriant. Je voudrais juste voir nos deux familles unies.
- J’y… J’y réfléchirai, promit Mordred. »




Chapitre III : Les Noces.

« - QUOI ?! s’écria Mywien, sous le choc. Il en est hors de question ! Jamais, jamais, jamais ! Je ne veux pas me marier.
- Mais… mon sucre d’orge, commença sa mère.
- Je ne veux plus rien entendre. »

Elle monta dans sa chambre et s’y enferma, faisant claquer la porte au passage.

Plusieurs années avaient passé depuis la demande de son collègue à Mordred, et de l’eau avait coulé sous les ponts. Ils avaient appris à s’apprécier, et étaient devenus les meilleurs amis du monde, tant et si bien qu’au-delà de la puissance que pourrait leur apporter une telle alliance, Mordred en vint à considérer les fiançailles de sa fille et de Robyn, le fils de son collègue, comme un moyen de sceller leur amitié pour l’éternité.

Les préparatifs avaient déjà commencé bien avant l’annonce à Mywien, qu’on savait peu encline à se marier, voir à agir comme une jeune fille, elle qui préférait les épées aux aiguilles de tricot et les armures au robe, et son père était déterminé à ne pas céder. L’adolescente était capricieuse, mais son père faisait autorité sur elle, et lorsqu’il voulait quelque chose, Mordred l’obtenait toujours, quoi qu’il lui en coûte.

Il se laissa tomber sur une chaise et se prit la tête entre les mains en soupirant. Gäled vint le prendre dans ses bras et lui chuchotta quelques mots.

« - Elle comprendra que nous faisons ça pour son bien, déclara la femme.
- Elle ne comprendra jamais ! Elle est têtue…
- Comme son père, fit remarquer  Gäled, amusée. »

Mordred sourit à cette remarque. Néanmoins, la situation était loin d’être drôle. Il avait prévu une fête somptueuse qui pourrait fortement l’aider dans sa carrière à la Cour, mais si sa fille ne consentait pas à prendre Robyn pour époux, il serait déshonoré. Il soupira, et pria Iop, son Dieu et celui de sa fille, pour que la situation s’améliore.




Chapitre IV : La Fuite.

Encore sous le choc, la jeune fille était couchée sur son lit, regardant le plafond pendant que des pensées défilaient à toute vitesse dans sa tête. Elle ne savait plus où elle en était, mais ce dont elle était sûre, c’est que la vie que son père voulait pour elle n’était pas celle qu’elle voulait vivre. Elle avait besoin d’air, d’aventure. Et elle s’opposerait à son père s’il souhaitait l’enfermer dans une prison, même dorée.

« - Je refuse, marmonna Mywien entre ses dents. »

Elle se leva d’un bond et ramassa quelques vêtements qui traînaient sur le sol. Des robes, pas pratique pour se battre… Mais elle s’en accommoderait s’il le fallait ! La jeune fille fourra alors l’ensemble des vêtements qu’elle avait pu rassembler dans un sac en cuir. Elle se releva et balaya la pièce du regard. Elle ne possédait pas d’arme, son père étant trop obtus pour lui permettre d’avoir sa propre épée, puisqu’elle était une fille.

Mywien ramassa le sac où se trouvaient une mince partie de ses biens, et entrouvrit la porte de sa chambre. Personne ne se trouvait dans le couloir, tant mieux ! Elle s’engagea dans celui-ci et se pencha par-dessus la rambarde qui donnait sur le salon, en bas. Son père s’y trouvait, affalé sur une chaise, semblant se lamenter, pendant que sa mère le tenait dans ses bras. Heureusement pour la jeune fille, il existait plusieurs sorties aux appartements de la famille. Elle continua donc tout droit sur une dizaine de mètres, avant de tourner à gauche pour s’engager dans une petite antichambre qui donnait sur l’escalier d’une tour. Elle descendit les marches quatre à quatre, risquant de se prendre les pieds dans sa robe et de dégringoler les quelques étages restant à descendre à toute vitesse. Elle atteignit un palier et s’engagea dans la pièce sur laquelle donnait la porte qu’on pouvait trouver à ce niveau.

Elle croisa quelques gardes qui se contentèrent de la saluer. Il faut dire qu’elle savait se faire discrète quand elle le voulait, et elle n’adoptait pas une attitude de fugitive, ce qu’elle était.

Après avoir erré un peu au hasard dans des couloirs qu’elle ne connaissait pas, aux parures d’or et d’argent somptueuses, elle se retrouva dans le couloir principal du château, celui qui menait tout droit à la salle des fêtes ainsi qu’à la salle du trône.

C’est à ce moment là qu’une main agrippa l’épaule de Mywien. Elle sursauta et se retourna vivement, attrapant le poignet de l’inconnu qui lui avait touché l’épaule. Elle se retrouva alors nez à nez avec le capitaine de la garde.

« - Hé bien, jeune fille, on est perdue ? »

L’homme, très grand et imposant de par sa taille et l’aura qu’il dégageait, avait de longs cheveux flamboyants et des yeux d’un bleu plus bleu que celui de l’eau de l’océan. Il était un proche ami de son père, et la jeune fille pria pour qu’il ne sache pas déjà qu’elle avait fui.

« - Heu… À vrai dire, je compte aller me promener dans les bois aux environs du château.
- Toute seule ? Ce n’est pas prudent, souleva le capitaine.
- Je sais me défendre ! »

Mywien fit la moue, ce qui fit sourire le disciple de Crâ qu’était l’homme.

« - Allez, bonne balade, et fait attention à toi jeune fille ! »

Il lui ébouriffa les cheveux et la laissa partir.

Quel idiot, pensa Mywien, le sourire aux lèvres. Elle se dirigea donc vers les grandes portes du château, et sortit sur la place qui s’étendait devant le bâtiment, où de nombreux marchands vendaient leurs produits à la criée, alors que d’autres mendiaient ou se battaient, que ce soit pour le plaisir de se battre ou pour s’entraîner, comme ces soldats qui semblaient en plein exercice à l’autre bout de la place.

La jeune fille se faufila entre les passants et s’éloigna tant qu’elle put du château, jusqu’à se retrouver dans des rues qu’elle ne connaissait pas, où des gens étranges semblaient l’observer, elle qui portait de si beaux vêtements. Une vieille femme décharnée l’approcha et afficha un sourire qui, aux yeux de Mywien, avait quelque chose de malsain.

« - Mais que voilà… C’est pas une bonne idée pour une jolie fille comme toi de s’éloigner autant du château… »

Deux hommes louches s’approchèrent de la disciple de Iop, qui déglutit péniblement.

« - Ne me faites pas de mal… lança t’elle sans assurance. »

Les inconnus éclatèrent de rire.

« - Nous ? Te faire du mal ? lança le premier homme.
- C’est pas notre genre, ajouta le second.
- Tu aurais bien une petite piécette pour une vieille femme… demanda alors la femme. »

Elle hocha la tête de gauche à droite pour affirmer que non,

« - Quel dommage… laissa tomber le second homme.
- Oui… j’aurais juré qu’une riche du château aurait de quoi nous payer…
- Vous… payer ? demanda Mywien. »

Ils sourirent, et la femme ouvrit la bouche pour s’apprêter à répondre quand soudain, les trois personnes prirent la fuite. La Iop se retourna et remarqua un soldat de l’armée du Roi juste derrière elle.

« - Ça va, petite ?
- Heu… oui… mer… merci… dit la jeune fille.
- C’est vraiment suicidaire de se balader ici dans ton accoutrement. Tu vas où ?
- Je cherche la porte sud du château, monsieur… »

Le soldat indiqua la route à Mywien, qui lui adressa un sourire reconnaissant avant de prendre ses jambes à son cou pour se dépêcher de quitter l’enceinte de la ville.




Chapitre V : Le Territoire des Bandits.

Elle avait toujours aimé se promener dans la forêt, mais maintenant qu’elle était en fuite, chaque arbre, chaque buisson pouvait dissimuler quelque chose qui pouvait lui nuire. Au moindre craquement de branches, elle sursautait et cherchait d’où pouvait venir le danger, et maintenant, les arbres qu’elle trouvait autrefois si beaux adoptaient une posture menaçante.

Le village n’était pas loin, mais elle ne savait pas où exactement – elle avait toujours eu un sens de l’orientation peu développé – et elle courait donc sans savoir où se trouvait son but, peut-être s’en éloignait-elle.

Ce ne fut qu’à la tombée de la nuit qu’elle aperçut les premières lumières des habitations du village, mais elle resta sous le couvert des fourrés pour éviter d’être repérée. Son père avait énormément de pouvoir et s’entendait très bien avec la garde du Roi, ils étaient peut-être à sa poursuite, et il lui fallait donc faire montre de prudence.

Elle observa donc pendant de longues heures, jusqu’à l’aube, les maisons où aucun mouvement n’était détectable, les habitants de celles-ci dormant probablement vu l’heure tardive à laquelle elle avait approché le village. Elle se montra téméraire, et alla jusqu’à entrer dans le village. Les habitants la regardaient étrangement, ils se disaient probablement qu’on voyait rarement une jeune fille habillée d’une telle robe dans le coin, elle devait certainement être du château. Mais pourquoi ses vêtements étaient-ils dans un si piteux état alors ? S’ils savaient…

Mywien acheta avec le peu d’argent qu’elle avait pu rassembler avant de fuir un petit pain et une motte de beurre, ce qui fit office de petit déjeuner. Elle avait l’habitude de manger à sa faim, mais elle était une dure à cuire, elle saurait se contenter du strict minimum tant qu’il le faudrait.

Alors qu’elle mangeait, elle réfléchissait à ce qu’elle pouvait faire : elle n’avait, finalement, aucun plan, nulle part où aller, où loger… elle avait été folle de quitter sa famille !

Elle décida donc de prendre la route vers le sud, où elle savait que le pouvoir du Roi était moindre. Elle ne possédait aucune carte, et son sens de l’orientation était toujours aussi ridicule, elle dut donc demander de l’aide à des passants. Il y avait deux chemins pour aller vers le sud : celui qui longeait les montagnes et les forêts, en coupant à travers le village jusqu’aux plaines des scarafeuilles, ou bien celui qui allait vers l’est, où il lui suffirait de traverser un pont au dessus d’une petite rivière et de faire route vers le sud, non loin du cimetière.

Elle choisit la deuxième option, car couper à travers le village signifiait être vue de nombreuses personnes qui pourraient la dénoncer si il y avait un avis de recherche sur elle. Ses chaussures ne lui permettant pas de tenir une aussi longue route, elle dut en voler une paire chez un cordonnier du village. Heureusement pour elle, son larcin passa inaperçu et elle chaussa ses nouvelles bottes, qui juraient avec sa belle robe, avant de partir vers l’est.

La route était plutôt tranquille, bien qu’elle craignait d’être trop proche du château en la suivant. Elle traversa le coin des Bouftous, plutôt tranquille si on faisait l’impasse sur les chasseurs qui dépeçaient leurs proies non loin du Zaap. La jeune disciple de Iop se dit qu’il vaudrait mieux pour elle de fuir les Zaaps comme la peste, car son père pouvait surgir d’un d’entre eux à tout moment.

Ce fut au bout de quelques heures de marche que Mywien atteint la mer. Elle l’avait souvent vue, que ce soit depuis le château ou depuis le port de Madrestam, mais jamais elle ne l’avait vu ainsi. Elle redécouvrait le monde, libre comme l’air, chaque chose sur laquelle elle posait les yeux lui dévoilait une nouvelle facette d’elle depuis sa fuite. Et la mer, au dessus de laquelle le soleil commençait à descendre, était plus belle que jamais. Si elle avait eu l’esprit poète, la jeune femme aurait sans doute écrit un poème, troublée par la beauté de la chose… mais ce n’était pas le cas !

Elle longea pendant un moment la mer avant d’apercevoir le pont dont on lui avait parlé. Elle le traversa, et devant elle s’étendait une forêt à perte de vue, derrière laquelle elle savait qu’elle trouverait la cité la plus au sud qu’elle connaissait : Sufokia. Elle décida de longer la plage puisqu’elle s’y sentait plus en sécurité que dans la forêt, et qu’elle jugeait ce lieu paradisiaque.

À la tombée de la nuit, elle alluma un feu à l’orée de la forêt avec ce qu’elle pouvait trouver comme bois sec avant de se rouler en boule dans sa cape, essayant de ne pas mourir de froid durant la nuit.




Chapitre VI : Inconsciente.

Une branche craqua.

Les hommes qui s’approchaient ne semblaient pas vouloir passer inaperçus, ou bien ils s’y prenaient fort mal. Toujours est-il que la discrétion n’était pas leur fort.

Ils venaient de toute évidence du cœur de la forêt, et ils découvrirent Mywien endormie sur la plage.

« - Hé, les gars, r’gardez moi c’qu’on a là, lança l’un d’entre eux d’une voix rauque et grave, rocailleuse.
- C’est t’y pas une p’tite bourgeoise, ça ? demanda l’un d’entre eux, le sourire aux lèvres.
- J’lui f’rais bien les poches, et pas qu’ça… annonça un troisième homme, déclenchant l’hilarité générale. »

Un quatrième homme, plus grand que les autres, portant une longue cape noire, le visage cachée par une large capuche et un foulard qui masquait son faciès du menton jusqu’au nez, leva la main, révélant les dagues qu’il portait à la ceinture, cachées derrière sa cape. Les trois autres se turent et déglutirent péniblement : il était visiblement leur chef.

« - Fouillez ses affaires, ordonna l’homme d’une voix glaciale. »

Sans le moindre commentaire, ses sbires s’exécutèrent pendant que lui restait à observer la jeune fille endormie. Il passa la main dans ses cheveux, et sourit doucement derrière son foulard.

« - Quel gâchis. Une telle beauté… »

Il tira l’une des dagues attachées à sa ceinture et caressa la peau du visage de la disciple de Iop avec celle-ci.

Mywien se réveilla en sursaut.

« - Qu… Qu’est-ce que c’est ?! »

Les hommes de main furent alertés par le cri de l’adolescente et rappliquèrent en moins de deux pour aider leur maître.

« - C’est toujours plus amusant quand notre proie est réveillée… commença celui-ci.
- Je vous p… préviens, mon père me recherche et occupe un poste imp… portant à la Cour du Roi ! »

Cette fois, tous éclatèrent de rire.

« - Mais jeune fille, tu dois savoir qu’ici, le Roi n’a pas son mot à dire… bienvenue chez les Bandits, bienvenue chez les Roublards ! »

Il avait insisté sur ce dernier mot, et bien qu’elle ne puisse pas voir son visage, elle se doutait qu’il était amusé par la situation.

« - Attrapez la, ordonna soudainement l’homme. »

Il n’en fallut pas plus aux trois autres pour agripper les bras de la Iop, et bien qu’elle se débattit comme elle le pouvait, rien n’y fit : elle était prisonnière de leur poigne solide.

Leur chef passa doucement sa dague sur le visage de Mywien, qui frissonnait d’horreur, et elle sentit quelques gouttes de sang perler sur sa joue. Il l’avait balafrée, mais elle se doutait que son martyr ne faisait que commencer.

Je vais mourir… Je vais mourir, pourquoi suis-je partie de chez moi… se lamentait-elle intérieurement.

Elle n’eut pas le temps de réfléchir outre mesure, car sa respiration fut interrompue par un violent coup de point décoché par l’un de ceux qui la tenaient en plein dans son ventre. S’en suivirent de nombreux autres coups de poings et coups de pieds, alors qu’elle était à terre. Elle sentit de temps à autres une dague pénétrer sa chair, et elle pria pour qu’ils abrègent ses souffrances. Il n’en fut rien.




Chapitre VII : Songe.

Tout était blanc autour de Mywien. C’était peut-être ça, être mort. Elle n’en savait rien. Elle n’entendait rien, sinon le clapotis de l’eau. Était-elle encore sur la plage ?

Elle ouvrit les yeux. Non, de toute évidence, elle n’était même plus sur Amakna. Elle tenta de bouger, mais aucun de ses membres ne lui obéit. Elle commença à paniquer, et une larme coula le long de sa joue.

Mais elle n’arrivait pas à pleurer, ses yeux étaient secs comme si on lui avait jeté une poignée de sable dans ces derniers. Elle avait mal partout, tout en n’arrivant pas à ressentir la souffrance. Tout était trouble, et elle commençait à se persuader que c’était ça, la mort.

Dans un éclair de lucidité, elle parvint à se demander d’où venait la larme qui roulait le long de sa joue si elle ne pouvait même pas pleurer. Tout ce que ses yeux lui permettait de voir était une étendue infinie de blanc immaculé, sans rien, ni le moindre relief, ni le moindre objet. Une main se posa sur l’épaule de la jeune fille.

« - Qui… est… là ? demanda t’elle d’une voix faible.
- Du calme… tout va bien aller… »

Était-ce quelqu’un qui l’emmenait dans sa dernière demeure ? Elle n’aurait su le dire. Elle aperçut un bout d’aile, comme celles des sympathisants de Bonta, mais en bien plus grand. La mystérieuse personne lui ferma les yeux. Elle tenta de les rouvrir et, contrairement à ce qu’elle aurait cru, elle réussit à les rouvrir.

Elle était à nouveau sur la plage. Elle tenta de bouger, et y arriva sans le moindre problème. La douleur s’était envolée, et les événements qui avaient eu lieu quelques instants auparavant faisaient figure de songe. Peut-être avaient-ils été réels ? Elle n’allait probablement jamais le découvrir.

Mywien observa ses mains. Aussi incroyable que cela puisse paraître, elles ne portaient pas la moindre trace de blessure, comme tout le reste de son corps. Néanmoins, la stupéfaction pouvait se lire sur le visage de Mywien : elle n’était pas dans son corps.

Elle adoptait l’apparence d’un disciple de Iop. D’un, oui. Un homme. À son cou, elle, ou plutôt il, portait un pendentif auquel pendait une petite fiole en forme de larme, qui contenait un liquide incolore. L’éducation qu’elle – non, il – avait reçue lui indiqua immédiatement ce que signifiait cet objet : il s’agissait d’un cadeau de Sacrieur.

C’était inexplicable autrement, le fait d’avoir échappé à la mort, et d’avoir quitté son corps pour prendre vie dans un autre.




Chapitre VIII : Sufokia.

Après s’être remis – ou en tout cas, avoir essayé d’assimiler ce qui était arrivé – Death (c’est ainsi qu’il se nommait désormais, puisqu’il ne pouvait plus porter le nom de Mywien, tant de par son apparence que de par le fait qu’il était activement recherché) continua sa route jusqu’à Sufokia.

Il avait choisi son nouveau nom pour ne pas oublier, malgré sa fuite, d’où il venait. Le nom de la maison de son père le suivrait partout, désormais.

La suite du voyage eut lieu sans encombre, et ce fut au matin du troisième jour après son départ du premier village que Mywien avait croisé, que Death arriva devant la cité de Sufokia. Il avait pris la décision que Mywien et Death seraient deux personnes différentes, tant d’un point de vue pratique, afin de faciliter sa disparition totale aux yeux du monde, que moral, car il fallait arriver à se construire une nouvelle identité, maintenant.

La cité semblait plutôt calme, si ce n’est les pêcheurs qui vendaient leurs produits à la criée un peu partout. Étant sans le sou, le disciple de Iop ne pouvait pas acheter de quoi se nourrir, il dut donc voler pour assurer sa subsistance. Un vieil homme, disciple d’Énutrof, le prit la main dans le sac.

« - On apprend pas à un vieux Moon à faire des grimaces, gamin. »

Death se retourna doucement, un peu effrayé, le pichon volé dépassant légèrement du manche de ses vêtements, les mêmes qu’il portait lorsqu’il était apparu, une tunique bleue et un pantalon de toile grise ainsi que des bottes un peu trop grande, dont le cuir commençait à s’user à vue d’œil.

« - Pourquoi ?
- J… j’ai faim, balbutia le jeune homme. »

Le vieil homme sourit.

« - J’ai connu ça, la faim… »

Il se gratta la barbe.

« - Écoute, petit, prend ce pichon… »

Death sauta de joie et s’apprêta à partir avec sa prise, mais le vieillard l’interrompit.

« - Tu ne crois quand même pas que tu vas partir sans payer, gamin ?
- Mais… je n’ai pas d’argent…
- Qui t’a parlé d’argent ? Suis moi. »

Le bienfaiteur de Death replia ses affaires et le conduisit jusqu’à sa maison, une humble demeure semblable à toutes celles qu’on pouvait croiser à Sufokia, pas très grande, mais assez confortable.

« - T’as quequ’part où loger ?
- Pour tout dire… non… »

Le vieil homme soupira.

« - Écoute gamin, tu me fais penser à moi plus jeune… »

Le disciple de Iop sembla intrigué et écouta attentivement ce que l’Énutrof avait à dire.

« - J’veux bien te loger et te nourrir si tu m’aides. Y’a des tâches ménagères à faire ici, et j’m’en sortirai plus seul avec la pêche, mon gars. C’est quoi ton nom ?
- Death, monsieur… »

Le pêcheur éclata d’un rire tonitruant.

« - M’sieur ?! On m’l’avait jamais faite celle là ! Appelle moi donc Sethaely, l’ami !
- Heu… Seth, ça sera bien non ? demanda Death, souriant timidement.
- Va pour Seth, t’es bien un Iop toi, on peut pas t’demander de retenir un truc bien compliqué. »

Il grommela, ce qui ne manqua pas de faire sourire le Iop.




Chapitre IX : Liberté.

« - Tavernier ! Une bière ! »

La voix de Death portait loin, et le tavernier eut vite fait d’apporter une bière au Iop qui avait maintenant plus de vingt ans, si on en croyait son physique. De l’eau avait coulé sous les ponts, depuis la fuite de Mywien du château d’Amakna. Il prit la chope, donna quelques pièces au tavernier en lui indiquant de garder la monnaie, et la déposa devant Seth, qui était devenu comme un père pour lui, un père qui lui accordait une vraie liberté, contrairement à Mordred, l’homme qui avait éduqué Mywien pour en faire une courtisane, et non ce qu’elle voulait devenir.

Malgré toute la bonne volonté de Seth, Death avait du renoncer, dans cette ville, à ses rêves : ici, jamais il ne combattrait pour servir la nation, jamais il ne tiendrait en main une épée, jamais il ne chevaucherait à travers les plaines de Cania, à dos de dragodinde, portant fièrement l’uniforme des soldats du royaume.

« - Merci, petit, dit le vieil homme. »

Death regardait Seth en souriant. L’Énutrof avait désormais du mal à tenir le rythme effréné des journées de pêche qui assuraient la  subsistance des deux hommes, mais ce n’était pas si grave : le Iop avait appris les ficelles du métier et était capable d’assurer une assez bonne pêche pour qu’ils mangent à leur faim et qu’il y ait de quoi revendre pour s’assurer un train de vie confortable.

« - Écoute, petit, commença le vieil homme. Ça fait longtemps que tu vis chez moi, et je te considère comme mon fils, maintenant… Il inspira difficilement et toussa un bon coup. Les pères, parfois, doivent savoir laisser partir leur progéniture… »

Death était troublé. Jamais le père de Mywien, Mordred, n’aurait prononcé de telles paroles. Il eut également une pensée pour Gäled. Malgré tout, il espérait que ses deux parents biologiques aillent bien. Ils avaient fait ce qu’ils croyaient bon, mais Mywien avait pris sa vie en main.

« - J’ai un cadeau pour toi, Death… »

Le vieillard fouilla dans son sac, posé au pied de son tabouret, avant d’en sortir une épée de fabrication rudimentaire, mais assez aiguisée pour couper en deux la table à laquelle les deux hommes étaient assis en deux d’un coup. La poignée n’était pas fignolée comme les épées que Death avait pu voir au château, mais que le vieil homme lui offre cette arme était pour lui une chance inespérée.

« - Je suis vieux maintenant, et je doute que tu souhaites rester à mon chevet quand je mourrai, toi qui est jeune et qui rêve d’aventure, comme j’ai pu le faire… Il reprit son souffle. Je t’offre cette épée, ainsi qu’une dragodinde du nom de Volpel. Voit le monde, mon gars, c’est un livre, et celui qui ne voyage pas n’en a vu que la couverture… »

Des larmes coulaient aux yeux de Death, et il se jeta au cou du vieil homme pour le serrer contre lui.

« - Je ne te remercierai jamais assez de tout ce que tu as fait pour moi, Seth.
- Oh, lâche moi, tu pues ! lança le vieil homme, avant d’éclater de rire. Tu peux refuser, mais crois moi, je veux que tu puisses voir le monde, partir loin d’ici sans regrets... tu es jeune, tu as des années devant toi pour faire tout ce dont tu as toujours rêvé… »

Plutôt que de prononcer un long discours, ce dont il était bien incapable, le Iop afficha un large sourire qui en disait bien plus que des mots, avant de vider sa chope d’une traite.

« - Pars ce soir. Volpel t’attendra devant chez moi. »





Chapitre X : Premier Combat.

Le jeune homme avait voyagé une bonne partie de la nuit, et, bien qu’il ne fut pas reconnaissable, il choisit d’éviter le château d’Amakna : il dut donc passer par les montagnes des craqueleurs pour s’en éloigner, avant de s’engager dans la forêt des Abraknydes. C’est là qu’il fit une halte, créant pour l’occasion un campement de fortune.

Autour de lui, les arbres adoptaient une nouvelle fois des postures menaçantes : ils semblaient  tous morts, mais ils savaient que certains d’entre eux étaient bien vivants, dans tous les sens du terme. Il espérait avoir à faire à une de ces Abraknydes, des arbres vivants, qu’il aurait tôt fait de trancher en deux grâce à sa nouvelle épée.

Là où il avait dressé son campement, c’était une clairière éclairée par les reflets de la lune. De l’herbe y poussait, contrairement au reste de la forêt, et les arbres sur les côtés disposaient de branches qui n’étaient pas sans évoquer des mains crochues.

Toutefois, aucun d’entre eux ne semblait vivant.

Ce ne fut que dans la nuit, alors qu’il dormait, que les sens du Iop furent mis en alerte par du mouvement. Des Abraknydes, elles devaient être quatre ou cinq, approchaient.

Il n’hésita pas et attaqua de front, tranchant la première d’un coup d’épée, et assénant un coup de coude à la deuxième. L’une d’entre elle attrapa sa jambe à l’aide de ses racines, et, surpris, il lui décocha un coup de pommeau d’épée qui la fit reculer de quelques mètres. L’air en colère, l’Abraknyde se rapprocha avec ses amies, ce qui permit au Iop de tuer deux d’entre elles. Il n’en restait plus que deux, mais l’une d’entre elles parvint à le désarmer. Il attrapa l’Abraknyde qui l’avait désarmé et la jeta de toutes ses forces contre son amie, ce qui sembla les assommer légèrement. Il ramassa son épée et trancha les deux d’un coup.

Fier de lui, mais essoufflé, Death ramassa ce qui pourrait lui être utile : racines, écorce et même sève, il ne laissa rien au hasard et rangea tout dans le sac qu’il avait accroché à sa dragodinde pour s’alléger.

Il put ainsi terminer la nuit sans problèmes, et il le fallait bien, car il devait être prêt pour se rendre à Astrub le lendemain.




Chapitre XI : Sériane-Kerm.

Death vivait à Astrub depuis deux ans lorsqu’il rencontra ces étranges personnes portant des ailes de bois. Intrigué, il suivit l’une d’entre elles jusqu’à une maison qu’il avait déjà vue auparavant mais où il n’était jamais entré. La demeure se situait non loin du zaap d’Astrub, du côté de la sortie nord, et un crâne affublé d’une espèce de chapeau de paille ornait leur porte.

À l’intérieur, un oiseau visiblement à l’agonie gazouillait tant bien que mal, et il faisait chaud. Était-ce à cause du poêle ou du monde présent ? C’était impossible à dire, toujours est-il que plusieurs personnes portant les mêmes ailes que celles qu’il avait vu auparavant s’entassaient derrière un comptoir devant lequel des gens semblaient leur acheter quelque chose.

Le jeune Iop s’approcha d’une personne portant les ailes de bois, visiblement libre, pour obtenir quelques renseignements.

« - Qu’est-ce que c’est, ici ?
- Ici ? lui répondit ce dernier d’un ton blasé. Mais c’est la demeure du Clan de Sériane-Kerm voyons.
- Oh… et… en quoi consiste ce Clan, comme vous dites ?
- Nous sommes des mercenaires, nous vendons nos services contre des kamas. Donjon, assassinat, récolte, nous faisons tout dans la mesure du possible.
- Oh, hé bien… et vous engagez ? demanda le Iop, visiblement un peu dans le besoin.
- Toujours, tant que votre épée est assez forte pour servir le Clan. »
S’en suivit une longue discussion qui mena le Iop à être très intéressé par ce Clan de mercenaires. Il rédigea même, pour la première fois de sa vie, une lettre à l’intention de Younnie, qu’on lui avait indiqué comme étant l’une de celles qui pourrait le recruter dans ce fameux Clan.

Quelques jours après, fin de l’année 641, Death devenait apprenti du Clan de Sériane-Kerm.




Chapitre XII : Sacrieur.

Seul chez lui, Death était en train de jouer avec le pendentif qu’il avait trouvé sur lui, plusieurs années auparavant, alors qu’il venait d’échapper de justesse à une mort atroce.

Qu’est-ce que tout ça pouvait bien vouloir dire ? Il ne le savait pas trop, mais il savait qu’il existait une statue de la Déesse Sacrieur à Astrub.

Il s’y rendit, accompagné de son pendentif, et, effectivement, comme on l’avait appris à Mywien dans sa petite enfance, elle était dotée d’ailes.

Le Iop jouait avec la petite larme de verre au bout du pendentif, mais, par accident, il la fit tomber par terre. Une lumière aveuglante jaillit alors de celui-ci et Death se retrouva à nouveau dans cet endroit blanc jusqu’à l’horizon. Il regarda autour de lui, et cette fois-ci, il put voir une Éniripsa qui lui souriait de toutes ses dents.

« - La Déesse Sacrieur a pitié de ceux qui meurent d’une mort atroce. Parfois, il m’est impossible de les sauver… déclara la petite Éniripsa avec une amertume qu’on pouvait aisément déceler dans la voix. J’ai pu te sauver. Tu as su venir remercier celle qui me guide. Je te libère de la malédiction qui pesait sur toi, honore ta nouvelle Déesse. »

Avant qu’il ait pu dire un mot, Death se retrouva plongé dans un kaléidoscope d’images de sa jeunesse, il redevenait Mywien. Lorsque tout ça s’arrêta, il était à genou devant la statue de Sacrieur, et il regarda ses mains. Encore une fois, elles avaient changées. Elles n’étaient ni celles de la petite Mywien, ni celles de Death. Elles étaient celles d’une femme. Se traînant tant bien que mal jusqu’au lac, elle aperçut son reflet : de longs cheveux bruns, des yeux sans pupille… Elle était devenue une disciple de Sacrieur ! Et… elle était redevenue ce qu’elle était avant.

Décidemment, chaque fois que Death, ou Mywien, se forgeait une identité, il fallait que quelqu’un la détruise. Dans le petit objet qui pendait à sa ceinture et qu’on lui avait donné à son intégration dans le Clan Sériane, un « bonjour ! » retentit. Elle attrapa l’objet et le claqua au sol, l’empêchant par la même occasion de fonctionner. Elle serra les poings, enfonçant ses ongles dans sa chair.

Une fois calmée, elle desserra les poings et fit un bol avec ses mains, ce qui lui permit de récolter de l’eau qu’elle mit sur son visage, rafraichissant ainsi les idées qui se bousculaient dans sa tête.

Qui suis-je ? se demanda Death. En tout temps, j’ai cherché la réponse à cette question, et aujourd’hui je ne trouve plus de réponse valable, où que je cherche… Je n’ai pas de famille excepté mes frères et sœurs qui s’entredéchirent depuis qu’ils savent que je suis revenue, pas d’amis, je suis seule… Je n’ai que ce Clan.




Chapitre XIII : La Peur.

La transformation de Death avait déclenché chez elle une série de phobies, et lui avait fait se poser des questions qui restaient sans réponse.

Lorsqu’elle se regardait dans un miroir, le matin, elle voyait que la fatigue qu’elle ressentait était de plus en plus apparente. Lorsqu’elle était plus jeune, elle avait toujours voulu devenir une grande guerrière, et aujourd’hui c’était le cas, et c’était loin d’être ce qu’elle avait imaginé.

Au final, ce qu’on avait toujours désigné comme étant de la maturité n’était plus à ses yeux qu’un formatage des idées qui la menaient doucement mais sûrement vers ce que les gens attendaient d’elles : se marier, avoir des enfants et être une femme normale. Elle ne pouvait se résoudre à devenir ce qu’elle avait toujours haï.

Prise de la peur de vieillir, et de devenir comme une de ces femmes qui restaient chez elles à tricoter de petites chaussettes pour leurs petits enfants, la disciple de Sacrieur faisait ce qu’elle pouvait pour rester éternellement jeune, mais quiconque sombre dans ces travers finit par dévier du chemin qu’il s’était tracé.

Effrayée à l’idée de vieillir, comme à l’idée de mourir, Death devint vite une de ces personnes qui, en tout temps, étaient nerveuses à chaque instant de leur vie, et ces petites névroses vinrent à faire de Death une paranoïaque au cœur de pierre.

En parallèle avec tout les changements qui s’opéraient en elle, Death devint une officière du Clan de Sériane-Kerm, accédant finalement au poste qu’elle avait tant convoité de Grande Sériane, le Clan étant devenu sa seule et unique occupation.




Chapitre XIV : Changement.

Quelque chose, toutefois, vint à faire changer la jeune femme, qui allait sur sa 27ème année, et à la faire sortir du cocon dans lequel elle s’était enfermée, elle qui, lorsqu’elle était Mywien, avait été une fillette si extravertie.

Elle avait rencontré un disciple d’Oktapodas du nom de Gardemor qui parvint à lui faire regarder d’un nouvel œil ce qui, à son sens, était autrefois inenvisageable, tant et si bien qu’elle accepta finalement de se marier.

Mais Death est quelqu’un de lunatique, et ce qui lui semblait être un acte d’amour à la base devint vite, pour elle, une prison, quelque chose qu’on avait réussi à lui imposer contre sa volonté et qui fit qu’elle se sentait étouffer. Cherchant à tout pris une échappatoire, quelque chose qui la sortirait de la routine dans laquelle elle était plongée, elle qui avait toujours eu besoin de liberté, depuis sa plus tendre enfance, ce qui avait mené à sa fuite.

Ce quelque chose, elle le trouva au début de l’année 643. Un nouveau membre du Clan, Madgeek, avait su attirer son attention. Son côté détendu, qui avait tendance à exaspérer la Grande Sériane qu’elle était, avait toutefois su séduire la femme qui était en elle, et bien que son cœur était déjà pris par Des-Chenaies, une autre disciple de Sacrieur qui, déjà, semblait être sa Némésis, elle ne put s’empêcher de lui déclarer son amour.




Chapitre XV : Melwas.

« - Nous nous reverrons plus tard, merci d’avoir participé. »

Death venait de libérer ceux qui avaient participé à la réunion qu’elle avait organisée pour mettre au point certaines choses à propos de la gestion du Clan, et elle rejoignit aussi vite qu’elle le put Madgeek devant la maison.

Elle tenta de l’embrasser, maintenant qu’elle pensait avoir gagné son cœur, tandis que Des l’avait perdu, mais il recula.

« - Écoute, Death, je ne peux pas m’arrêter d’aimer Des malgré tout…
- Pourquoi m’avoir laissé ma chance, alors ? demanda la jeune femme, qui sentait les larmes lui monter aux yeux.
- Parce que j’ai cru pouvoir arrêter de penser à elle, déclara le disciple de Iop. »

Death hocha la tête et serra les poings, tentant de contenir sa tristesse.

Soit telle une île au milieu des vagues, se dit Death. Elle se réfugia chez elle, à Bonta, pour laisser libre cours à sa tristesse.

La maison n’était pas grande : dans la pièce principale se trouvait une table entourée de quelques chaises assez simples, quelques meubles contenaient ses biens, et dans le coffre au fond de la pièce s’entassaient des bourses de kamas à n’en plus finir.

Jamais, de toute sa carrière de mercenaire, elle n’y avait touché, les gardant précieusement cachés au cas où ils devaient servir un jour.

Elle monta dans sa chambre, qui ne contenait qu’un lit de deux places, une bibliothèque où s’entassaient ses écrits et des livres primordiaux du monde des Douze et du Clan Sériane en particulier, ainsi que, à côté de son lit, une table de nuit où se trouvaient un livre, l’éthique du Clan Sériane, et une statuette représentant la Déesse Sacrieur. Elle se jeta à genoux devant la statuette et se mit à parler, l’air en colère, à sa déesse. Tout auditeur n’y aurait rien compris, mais son frère, qui avait remarqué que Death était rentré, puisqu’il habitait non loin de chez elle, l’avait rejoint et posa sa main sur son épaule.

« - Tu as toujours eu du mal à contenir ta colère, Sériane. »

Sur ces mots, il sourit en coin.

« - Parle pour toi. »

La disciple de Sacrieur renversa la statue de la Déesse, qui se brisa en deux sur le sol. Melwas, son frère, écarquilla les yeux.

« - Mais tu vas t’attirer le courroux des dieux !
- Ceux qu’ils aiment meurent trop tôt. J’ai encore tout mon temps, pour ma part. »

Elle rendit son sourire à son frère. Ce dernier, lui, cachait bien la haine dévorante qu’il éprouvait pour la Sacrieur, qu’il mourrait d’envie d’étouffer à tout moment.

« - Ne dis pas ça, sœurette, lança le Féca.
- Qu’est-ce qui m’en empêche ? Toi, le chienchien de Sa Majesté ? demanda la jeune femme, étouffant un rire.
- Sa Majesté sait se montrer très généreuse avec ceux qui la servent le mieux… Il sourit. Quoi qu’il en soit, si j’étais toi, je ferais attention, s’attirer les foudres des Dieux comme celles de la Couronne est bien imprudent, ta nature de Sériane t’a corrompu jusqu’au plus profond, chère sœur.
- Tant que je ne vends pas mon âme à ces pourritures de la Cour, je suis tranquille, Melwas. »

Le Féca fit la moue et partit, laissant Death seule.




Chapitre XVI : Shuligans.

Son frère, bien qu’il ne l’appréciait pas tellement, était présent le jour où Mik Avel, intendant de Sa Majesté le Roi Allister, vint poser un contrat au nom de son chef auprès des Sérianes. Souriante, Death accueillit la nouvelle avec un enthousiasme débordant malgré la méfiance du capitaine de la garde, qu’elle ne connaissait pas : il n’était vraisemblablement pas très à l’aise avec les Sérianes. Elle ignorait si c’était un point commun avec ses prédécesseurs, puisqu’à l’époque de sa fuite, elle ne connaissait pas encore ces mercenaires, auxquels elle appartenait désormais.

Le contrat fut exécuté le 26 Javian de l’an 643, pour l’occasion des 7 ans d’existence du Clan. Et tout tourna très vite au vinaigre. Alors que le contrat stipulait qu’il fallait escorter la diplomate Tamy Vik d’Amakna à Bonta, elle fut kidnappée par les Shuligans qui eurent vite fait de la tuer et de faire accuser le Clan Sériane, devenu par la même occasion hors-la-loi. Mik Avel avait fomenté le complot à l’encontre du Clan, et il l’avait bien fait : rien n’avait été laissé au hasard, tant et si bien que, si les mercenaires avaient échappé à la condamnation à mort, c’est seulement grâce à l’aide de certains d’entre eux qui purent les sauver à temps.

C’est suite à ces évènements que Death fut pris d’une haine sans limites pour les Shuligans. Et ce ne fut pas tout : bientôt, elle se rendit compte que son frère n’était ni plus ni moins qu’un espion à la Cour, à la solde des Shuligans. Melwas était un traître, tant au royaume qu’à sa famille.

Innocence, la sœur adoptive de Death, une disciple d’Éniripsa vieille de 400 années, ayant toujours gardé une âme d’enfant, ne pouvait pas comprendre ce qui se passait. C’est pourquoi Death, pour la protéger, la fit vivre chez elle, car elle sentait que Melwas chercherait à éliminer sa famille, dont le père, Mordred, venait de mourir, laissant derrière lui un héritage se comptant en centaines de millions de kamas. Le disciple de Féca, membre du Clan Shuligan, ne pouvait que convoiter tant de richesses, mais jamais Death ne le laissa s’approcher de cet argent que ni elle, qui avait trahi son père, ni Melwas, le traître à la Couronne, ne méritaient d’obtenir.

Ainsi, Melwas et Death se battèrent, l’un pour l’héritage, l’autre pour le protéger.

Un beau jour, cependant, alors que les Shuligans avaient capturé plusieurs des amis de Death, Melwas décida de montrer son vrai visage et retourna sa veste, assommant Absinthe Mortura, chef des Shuligans, et libérant les otages.

Death voulut le remercier, et comprendre les raisons qui l’avaient poussé à devenir Shuligan, mais il avait repris sa charge d’intendant au château. Ce ne fut toutefois que de courte durée, car un tofu signé de la main de Windham, le dernier frère de Death, Melwas et Innocence, prévint la jeune femme de la mort de leur frère, probablement assassiné par les Shuligans pour les avoir trahis…

Jamais Death n’oublia ces événements, qui ne firent encore une fois que renforcer la haine qu’elle ressentait pour ces criminels.




Chapitre XVII : Brumes.

La vie de Death s’est souvent résumée à une chute perpétuelle, de noble Amaknéenne à pêcheuse à Sufokia, de pêcheuse de Sufokia à errante à Astrub, et d’errante à criminelle aux yeux de la loi.

Toutefois, de nombreux événements ont pu la tirer vers le haut quand l’obscurité semblait être tout ce qu’était sa vie. Son intégration au Clan Sériane, bien sûr, mais ce n’était pas tout.

Sa désespérante solitude et son envie d’une famille, que le Clan ne pouvait lui offrir, la poussèrent à se rendre à Brâkmar, au sein de la demeure des Brumes.

Ce jour là, elle poussa la porte avec appréhension, craignant la réaction de ces gens qui, selon les dires de Madgeek, n’appréciaient pas particulièrement les Sérianes, alors qu’elle était Maître du Clan. De plus, elle gardait à l’esprit les histoires de gens cloués à la porte de cette maison, et frissonna en entrant, la brume étant glaciale. Ce n’était toutefois rien en comparaison avec ce qu’elle allait devoir subir par la suite : le courroux de Ceridwen, tisseuse de Brumes, fut très fort, car Death s’était montrée imprudente, et un peu trop détendue, au sein de cette maison, ce qui avait pu la faire voir comme une insolente.

Se confondant en excuses, la jeune femme réussit malgré tout à rester en vie, et même à se faire accepter comme une des leurs. Cet événement reste pour Death l’un des plus heureux de sa vie, passée en exil comme une renégate.




Chapitre XVIII : Mariage.

De l’eau avait coulé sous les ponts depuis que Madgeek avait brisé son cœur. À vrai dire, il se trouvait que, durant leur courte période ensembles, Madgeek avait fait un enfant à Death.

« - C’est décidé, je vais me mettre avec toi pour t’aider à l’éduquer, annonça Madgeek à la disciple de Sacrieur. »

Elle écarquilla les yeux, n’y croyant pas un seul instant.

« - Mais… et Des ? demanda la jeune femme, sachant que les deux tourtereaux s’étaient remis ensembles.
- J’ai fait une erreur, je me dois de l’assumer, lança le Iop. »

Death n’y croyait pas : Madgeek se mettait avec elle, et en plus de ça, il réfléchissait intelligemment ! Lui qui ne réfléchissait même pas d’habitude, il le faisait, et intelligemment… La situation avait tout pour être étonnante aux yeux de la jeune femme, qui accepta toutefois son offre, allant jusqu’à l’épouser.

Encore une fois, Death avait fait quelque chose qu’elle aurait jugé inenvisageable par le passé, mais la vie lui avait appris que la liberté n’était pas que le fait d’aller au gré de ses envies, mais aussi d’agir en adéquation avec ses valeurs, et d’assumer les conséquences de ses actes.




Chapitre XIX : Grande Maîtresse.

Le parcours Sériane de Death n’avait pas toujours été des plus calmes, mais toujours, elle avait su se relever et apprendre de ses erreurs.

C’est ainsi que, le 20 Juinssidor 643, à l’âge de 27 ans, Death devint la 21ème Grande Maîtresse du Clan de Sériane-Kerm.

Sa vie continue comme avant, rien ne change, si ce n’est ce qu’elle est au sein du Clan, et qui n’illustre en rien ce qu’elle est en dehors de lui, pour ceux qui la connaissent vraiment.

Le Clan a pris une importance hors du commun dans sa vie, tout comme sa guilde. Son frère, qu’elle a appris à estimer peu avant sa mort, repose 6 pieds sous terre, tandis que sa sœur de cœur, Innocence, vogue vers des territoires meilleurs, et que Windham, ancien espion de la Cour, fuit le royaume, étant devenu un déserteur.

La vie d’un homme est pleine de surprise, celle d’une femme tout autant, sinon plus : Death apprit, au fur et à mesure de ses aventures, ce qu’était la vie, et à accepter certaines choses qu’elle avait toujours refusées : la sagesse s’acquiert avec l’âge, et ce n’est pas cette jeune femme qui dira le contraire.

« - J’ai encore tout mon temps… »

Death était allongée dans l’herbe. Elle pensait.

Le silence. Qu’est ce que ça peut être reposant… Mais parfois, il est des silences oppressants. Effrayants.

Un coup de vent. Et le silence fut rompu.

À suivre, tant que Death vivra.
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Message par Innocence Jeu 27 Juin - 22:09

[HRP : Voilà le résultat de 19 pages word, 42.000 caractères sans les espaces, j'espère que ça vous plaira !

Ce texte est disponible ici puisque c'est RP dans le fond, mais vos personnages n'y ont pas accès, juste les joueurs. J'attends tous vos commentaires !]
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Message par Dry-Gin Ven 28 Juin - 2:34

[C'est vachement sympathique! Très bien écrit et une solide histoire! Je te conseille juste de créer tes persos tiers (maman de death et papa de death) pour ne pas te faire voler leurs noms par quelqu'un qui tenterait de te faire ch... BREF! Bravo pour le BG, j'sais à quel point c'est long à écrire ^^'.]
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Message par tshaz Ven 28 Juin - 5:11

[Quand j'étais sur Mylaise j'avais écrit un BG à swartzio mais il a changé lorsque je l'ai fait migrer, maintenant tous les BG sont dans ma tête, comme une toile assez complexe entre mes trois perso et j'ai la flemme de l'écrire Razz, sinon j'ai pas encore lu, j'ai aussi la flemme Very Happy]
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Message par Naenira Ven 28 Juin - 10:16

tshaz a écrit:[Quand j'étais sur Mylaise j'avais écrit un BG à swartzio mais il a changé lorsque je l'ai fait migrer, maintenant tous les BG sont dans ma tête, comme une toile assez complexe entre mes trois perso et j'ai la flemme de l'écrire Razz, sinon j'ai pas encore lu, j'ai aussi la flemme Very Happy]

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Message par Des-Chenaies Ven 28 Juin - 12:12

[Ton BG est très sympa, Death. Hésite pas à le poster sur notre fofo également, y a que les "Anciens" qui osent pour le moment.
Une belle tartine mais facile à lire ^^]
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