Divagations d'un fou

An 641, jour inconnu.

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Il errait dans la forêt tel un esprit dans le monde des morts, ne sachant guère où se diriger. Son dernier souvenir était maintenant bien flou. Comment il en était arrivé là ? C’était l’une des nombreuses questions que Bib-Rhon se posait. Il lui semblait que cela faisait des années qu’il était ici, et pourtant, seulement quelques mois s’étaient passés depuis son arrivée.

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Il se souvint de la conversation qu’il avait eue avec cet homme qu’il avait rencontré dans la taverne du Chabrulé un an et demi plus tôt. Il était grand, brun et mince, presque maigre. Il avait l’air au premier abord plutôt jeune et égrillard, ce qui n’engageait pas un Bib à avoir une discussion avec lui. Ce fut pourtant ce même home qui l’invita à sa table.

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- Qu’est-ce tu veux gamin ? J’crois pas qu’on s’connaisse, et même si c’était l’cas, c’est pas avec toi qu’j’aurai eu envie d’passer ma soirée, en c’moment même.
- Salut à vous, vieil homme. Il me semblait bien vous avoir reconnu, énonça le jeune garçon avec un léger sourire sarcastique, mais maintenant que je vous ai entendu parler, j’en suis persuadé.
- Si c’est pour m’insulter qu’tu m’as invité à ta table, c’est pas la peine qu’j’reste.
L’ancien commença à se relever en s’appuyant sur la table, mais l’autre lui saisit le bras comme pour l’arrêter.
- C’est pour une raison bien plus importante que je vous ai invité ici, Rhon, dit le jeune homme en serrant les dents.

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En entendant ce nom, il se rassit doucement et fit signe à la serveuse afin de commander une pinte.

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- J’t’écoute gamin, mais t’as intérêt à c’que ça vaille le coup.
- Bien. C’est à propos des habitants de la ville blanche que vous semblez rechercher malgré vos choix divergents, dit le jeune homme en regardant le dos du vétéran avec insistance.
- Ça n’a rien à voir, répondit Bib en appuyant sur chaque mot.
- Bref. J’ai obtenu quelques informations à propos d’eux et
- Attends, le coupa Bib. Pourquoi t’cherches à m’donner ces informations. On s’connait pas, on n’a rien en commun et entre nous, j’aurais préféré pas avoir à m’assoir à ta table.
- Nous cherchons tous deux à obtenir la même chose.
- Alors pourquoi c’est à un vieillard qu’t’en parle ? J’suis persuadé que tu peux trouver bien mieux par ici.
- Parce-que je sais que vous arriverez à vos fins, Rhon, articula le jeune homme en accentuant le dernier mot.
- J’t’écoute.

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Les deux hommes discutèrent pendant plusieurs heures, les pintes de bière défilant sur leur table. Le jeune homme ne faisait que parler tandis que le vieil homme semblait enregistrer chacun de ses paroles. Ils se levèrent finalement, semblant avoir convenu d’un arrangement, et se serrèrent la main. Le jeune homme donna un rouleau de parchemin à Bib. Celui-ci l’attrapa en tendant le bras droit, laissant apparaître une dague au métal luisant à sa ceinture. Il sortit rapidement de la taverne en lâchant une bourse de kamas sur le bar.

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Quelques mois plus tard, après avoir traversé tout Amakna, Cania et bien plus encore, il était enfin arrivé à destination et s’était reforgé une réputation dans cette nouvelle province. Larnova était un pays dévasté par la guerre, et il y avait fortement contribué. Celle-ci dépassait ce qu’il avait connu jusqu’alors, Brakmar et Bonta étant finalement des villes plus que paisibles en comparaison de ce qu’il avait pu voir dans cette région. Cemadia et Xunos, les deux sœurs de Brakmar et Bonta en ces contrées, étaient bien plus violentes et sans pitié. Il avait rejoint Xunos un an plus tôt, afin d’être enrôlé dans leur armée. Les bontariens qu’il recherchait s’étaient enfuis afin d’éviter une mort certaine et avaient parcouru ces terres jusqu’à Cemadia, qui les avait accueillis avec plaisir, ne connaissant rien de leurs actes. Bib s’était entraîné sans relâche. Il s’était promis à lui-même qu’une fois sa quête achevée, il repartirait au sud, loin derrière la « forêt des morts », comme ils l’appelaient ici. Cependant, guerre après guerre, il en apprenait plus sur l’histoire de cette cité et se liait d’avantage avec ses habitants. Il s’était d’ailleurs fait deux bons amis, Rip et Toupa, deux bons gars avec qui il avait traversé de nombreuses batailles. Lorsqu’il leur fit part de son projet d’infiltrer Cemadia afin de les toucher en plein cœur, ceux-ci acquiescèrent sans hésiter.

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Bib secoua la tête. Il n’était pas bon de ressasser de tels souvenirs. Il s’assit contre un tronc d’arbre et sortit une pomme qu’il commença à manger. Il fouilla alors dans son sac afin de retrouver la bouteille qu’il avait acheté en ville pour une poignée de pièces. En mettant la main au fond de son sac, il tomba sur une sorte de cahier usé par le temps et l’humidité ambiance de sa besace. Il le sortit et, par curiosité et ne reconnaissant pas l’ouvrage, tourna la couverture. Il reconnut alors son écriture et se mit à masser nerveusement les deux bosses qu’il pouvait sentir à travers la peau de son dos.
- Ah Abi… A vouloir trop en faire, j’en oublie ma prop’ vie… J’me souviens à peine de pourquoi j’suis v’nu ici… Si seulement t’étais là…

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Le vieil homme maudit une fois de plus la ville de Bonta et tous ses habitants, à travers un nombre d’insultes dépassant l’entendement. Il trouva finalement la bouteille à cause de laquelle il était tombé sur son calepin, et commença à boire avidement. Il se réveilla le lendemain alors que le soleil était déjà haut dans le ciel. Ses yeux tombèrent directement sur le vieux livre. Il réfléchit un instant puis fit son sac et partit droit vers le sud.

Quelques centaines d’années avant le règne d’Allister
Un éclair surgit du ciel, frappant le sol du temple de Taïnela avec puissance. Les habitants du village ne réagirent pas. C’était un évènement habituel en cette année 487, dans le monde des Dix. Les jeunes âgés de plus de 14 ans étaient contraints à rejoindre le temple afin de se voir enseigner les différentes croyances, et de se tourner vers une divinité. Il était rare de voir des enfants indécis au bout de l’année passée au temple, cependant, les jeunes récalcitrants ne voulant ouvrir leur cœur à aucune divinité étaient condamnés à rester dans le temple jusqu’à leur mort afin de guider les nouveaux arrivants dans celui-ci.

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Ce n’était pas un jour comme les autres pour Bib. En effet, il avait survécu assez longtemps pour pouvoir souffler ses quatorze bougies. Survivre était un mot qui convenait assez bien, étant donné sa condition. En effet, il vivait seul avec son père, un vieux disciple de Xélor aigri par le temps et le décès prématuré de sa femme. Celui-ci n’ayant de plus pas les moyens de payer une habitation au sein du village d’Amakna ou sur les côtes de la Mer d’Asse, ils devaient se contenter d’une vieille chambre qui puait le tofu mort dans l’auberge à côté de la banque d’Amakna, et de nombreux anges et démons se livraient une guerre incessante aux alentours de celle-ci.

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Le jeune garçon était tout excité à l’idée de pouvoir enfin intégrer le temple de Taïnela pour y passer son année élective. Il s’était levé tôt et était allé acheter du pain et des gelées pour le petit-déjeuner. Quand il rentra dans sa chambre, son père se levait à peine.

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- Qu’est-ce tu fais d’jà d’bout gamin ?
- Ben, j’étais de bonne humeur, et puis je ne réussissais pas à m’rendormir, alors je suis allé chercher de quoi manger, dit le garçon avec un grand sourire aux lèvres.
- Tu m’fatigues déjà… Et que m’vaut cette soudaine gaieté ?
- Pffff, t’as oublié ?
- Oublié quoi ?
- C’est mon anniversaire aujourd’hui, répondit le garçon, dont la bonne humeur diminuait déjà.
- C’est aussi celui de la mort de ta mère, grommela le xélor en se levant pour aller ouvrir les volets.
- Je sais, tu me le rappelles chaque année, chuchota le petit homme en baissant la tête.
- Et qu’est-ce que tu voudrais hein ? s’énerva le vieil homme. Que je saute de joie ? Que je sois émerveillé à cette idée ? Eh bien non, je ne peux pas. Allez va jouer dehors et laisse-moi tranquille.

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Le garçon sortit de l’auberge tout penaud, la contourna et alla s’asseoir dans le bois. Cela faisait maintenant quatorze longues années que son père lui faisait porter le fardeau de la mort de sa mère et même s’il avait appris à l’ignorer, il se sentait responsable et son père ne faisait rien pour arranger ce ressentiment. C’est à ce moment qu’il vit une jeune fille courir vers lui. Elle semblait elle aussi sortir de l’auberge.

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- Salut, lui dit la fille avec un petit sourire laissant paraître une certaine confiance en soi, qu’est-ce que tu fais tout seul ?
- Je suis en train de me demander ce qui va m’arriver ce soir, quand les prêtres de Taïnela s’apercevront qu’il leur manque quelqu’un au temple, lui répondit le jeune homme sur un ton agressif.
- Pourquoi ? Tu ne veux pas y aller ? Tu sais, c’est important de choisir ! Ma maman m’a dit qu’il fallait choisir pour que l’équilibre du monde soit conservé, et ma maman, elle est très intelligente !
- Tant mieux pour toi. J’aurais été ravi d’y aller, mais ma mère à moi, elle a rejoint la table de Sram et mon père se fiche de moi, alors je vois mal comment j’pourrais aller au temple.

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La petite fille le dévisagea un instant puis s’assit en tailleur en face de lui.

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- Moi ma maman m’a dit que je devais aller au temple toute seule comme une grande parce-que je connais des gens là-bas et qu’il ne peut rien m’arriver.

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Le garçon aperçut alors le symbole marqué au fer rouge sur l’épaule gauche de la fillette, mais fit mine ne pas l’avoir vu. Il se remémora les derniers mots qu’elle avait prononcés et fut soudain surpris.

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- Tu as eu 14 ans aujourd’hui ?
- Oui, répondit la jeune fille, et j’étais justement sur le chemin pour y aller. Tu veux venir avec moi ? Comme ça tu ne seras pas maudit par les dieux, et puis comme ça je ne serai pas toute seule !
- D’accord, dit le garçon en hochant la tête. Comment tu t’appelles ?
- Abigaël, et toi ?
- Bib.

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Les deux enfants se levèrent et commencèrent à marcher vers l’ouest.

6 ans plus tard
Cela faisait maintenant plus d’une heure qu’il courait et il sentait sa fin arrivée. Il avait trébuché une demi-heure plus tôt sur une racine et son adversaire le rattrapait plutôt rapidement. Cela s’était produit plutôt rapidement, alors qu’il mangeait paisiblement à l’ombre d’un arbre non loin du village d’Amakna. Il s’était fait prendre pour cible et une flèche l’avait manqué de peu. Maintenant, il savait qu’il ne pourrait plus retourner voir sa femme et ses enfants. Il sentit alors une flèche le toucher au flanc. Il continua de courir mais se sentit différent. Cette flèche était en feu et son pelage commençait à s’enflammer ! Il courut encore quelques mètres et s’affaissa. Alors que ses yeux commençaient à se fermer, il vit une silhouette se rapprocher rapidement de lui.

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- Haha, j’t’ai eu !

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Bib sortit un bout de tissu qu’il utilisa pour éteindre les dernières flammes du pelage du prespic. Il prit ensuite une dague à sa ceinture et l’enfonça profondément dans sa gorge. Celui-ci ferma les yeux et tous ses muscles se relâchèrent. Le jeune homme entreprit ensuite de dépecer le pauvre animal et fit un feu. Quand le festin fut prêt, il commença à croquer goulument dans ce qui semblait être une patte de la bestiole. Le soleil était haut dans le ciel. Le jeune homme repensa aux dernières années qu’il avait passées ici. Son retour du temple de Taïnela n’avait pas été sans heurts. En rentrant à l’auberge, une dame lui avait poliment fait comprendre qu’il n’avait plus rien à faire ici, son père n’ayant pas été revu depuis des lustres. Il était alors ressorti et ne sachant où aller, s’était mis à courir vers la côte. Il avait réussi à rattraper Abigaël, qui était maintenant une jeune disciple d’Osamodas pleine de verve. Elle le vit le dépasser et lui cria d’arrêter.

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- Qu’est-ce que tu fais là ?
- Je n’ai plus aucun endroit où habiter, lui répondit timidement Bib, alors je me suis dit que la côte serait un bon début pour chercher quelque chose, il y fait plus chaud…
- Viens chez moi, lui répondit l’adolescente, maman a sûrement préparé à manger pour mon retour, je suis sûr qu’elle t’accueillera avec plaisir !

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Bib frissonna en repensant à cette période. Il avait vécu trois ans chez l’adolescente, mais ils avaient ensuite emprunté des chemins différents. Abigaël avait suivi la voie de sa mère et avait intégré les rangs des démons, dont le conflit avec les anges avaient été ravivé depuis que les deux puissances, Brakmar et Bonta, avaient été reconstruites sur leurs ruines. Lui avait décidé de rester neutre dans ce conflit, ne désirant pas terminer dans la prison de Madrestam qui, disait-on, renfermait les pires criminels connus – et inconnus.

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Lorsqu’il eut fini, Bib éparpilla les braises encore rougeoyantes, fit son sac et repartit en longeant les falaises. Maintenant qu’il faisait plus attention au décor qui l’entourait, il remarqua qu’il n’était jamais venu dans cette partie d’Amakna. Il remarqua alors un renfoncement dans la falaise qui marquait l’entrée d’une grotte. Curieux de nature, Bib rentra dans celle-ci. Au premier abord, elle semblait tout ce qu’il y a de plus de normal, faite de roches sombres et des torches fixées ça et là. Cependant, au fur et à mesure qu’il avançait, de la végétation apparut et se fit de plus en plus dense. Il crut même y apercevoir des mouvements brefs. Il continua cependant à avancer. Lorsqu’il se rendit compte de son erreur, il était trop tard. La grotte s’était resserrée et la végétation était devenue tellement dense qu’il ne pouvait désormais plus en sortir. En se retournant, il fut surpris de voir trois guerriers se battre face à des créatures à l’apparence plutôt inoffensive. Des larves, de couleurs plutôt insensées. Il comprit à quoi ils faisaient face lorsque l’un d’eux, un disciple de Crâ, se prit une goutte de la bave d’une larve sur le bras. Celui-ci lâcha en effet son arc sous la douleur. Un autre, plus petit, formula alors des paroles dans une langue inconnue du jeune homme, ce qui fit instantanément disparaître la plaie du bras de l’archer. Ils continuèrent ainsi pendant plusieurs dizaines de minutes.

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Lorsqu’ils eurent fini, Bib était encore ébloui par ce qu’il venait de voir. Le plus vieux des trois hommes avait invoqué de nombreux sorts particulièrement puissant et il semblait avoir rudement accéléré le combat. Ils se dirigèrent alors vers lui.

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- Qu’est-ce que tu fais là jeunot ? lui demanda le disciple de Crâ.
- Je… Je ne savais pas où menait cette grotte, et j’ai été surpris par les plantes, répondit Bib de manière hésitante.
- Ha ouais, t’es pas le premier, continua le plus vieux des trois, t’as d’la chance qu’on soit là, sinon t’aurais pu y passer le restant d’tes jours et crois-moi, ces bestioles là t’en aurait fait voir des vertes et des pas mûres.
- Oui j’ai bien vu. Vous vous êtes bien défendus. Je n’ai jamais vu de combattant comme vous auparavant, quelle divinité honorez-vous ?
- Le dragon doré, lui répondit le vieil homme avec un sourire étrange, tu veux rentrer chez toi maintenant ?
- Le dragon doré ? Je n’en ai jamais entendu parler ! continua Bib sans faire attention à la dernière question qu’on lui avait posée.
- Hmpf, grommela l’homme, on l’appelle Enutrof. Peu de gens lui vouent un culte, il est assez capricieux. Certains disent que ses disciples sont cupides et acariâtre. Je préfère dire qu’on connait la valeur des objets et qu’à force de s’en prendre à nous, on est rarement d’bonne humeur. Maintenant, tu veux retourner chez toi ou rester ici encore quelques années de plus ?
- Hmmm, réfléchit Bib, d’accord ! Comment sort-on d’ici ?

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Le vieillard lui tendit une fiole bleue. Le jeune archer la prit, leur fit ses adieux et but le contenu de la fiole.
Durant la semaine qui suivit, Bib écuma les livres de la bibliothèque d’Amakna, lisant les légendes des différentes divinités, quel rôle elles avaient joué dans la mise en place du monde tel qu’il le connaissait, les changements de culte. Il y découvrit des divinités qu’il n’avait jamais rencontrées auparavant comme Sadida et Eniripsa. Des divinités mineures, pensa-t-il, comme Enutrof. A la fin de cette semaine, son choix fut fait. On racontait que ce genre d’évènements était plutôt inhabituel et rares étaient ceux qui en sortaient indemnes. Une grande partie de ceux qui avaient essayé étaient devenus complètement fous. Bib se dirigea alors vers Taïnela et son temple.