L'Histoire d'Airweed

Le 23 maisial 615 naquit, dans une grande maison du quartier des éleveurs de Bonta, un jeune iop du nom de Airweed. Deuxième enfant d’une famille de nobles bontariens réputés auprès du Roi Allister et du maire de Bonta, il fut vite destiné à une carrière politique prometteuse et à de grandes études. Mais les années passèrent, et au fur et à mesure qu’il grandissait, le jeune iop se sentait plus à l’aise à l’épée qu’à la plume. Il quitta la voie de l’intelligence vers laquelle ses parents l’avaient toujours guidé, et ce depuis sa plus tendre enfance, et ces derniers n’apprécièrent pas ce brusque revirement de la part de leur fils. Ils décidèrent donc de radier son nom de leur arbre généalogique, et de le jeter à la porte de leur maison.

Le jeune iop livré à lui-même se sentait maintenant prêt à affronter l’aventure qui l’attendait. Avec les quelques kamas qu’il avait pu rassembler en travaillant tout d’abord au service d’un maître paysan des Champs de Cania, puis en se mettant à l’art de la Cordomagie, il réussit à s’acheter de quoi combattre les plus féroces créatures que le monde des Douzes abritait à l’époque. Il réussit bien vite à se trouver un petit cercle d’amis qui n’avaient pas le moindre mal à se charger de régler leur compte à des créatures telles que le crocabulia, le Chêne Mou, le Dragon Cochon et même l’illustre Dark Vlad. Mais un jour, alors qu’ils étaient sur de leur coup, les aventuriers intrépides tentèrent de se frotter au grand Kralamour, le maître des tourbillères d’Otomaï. Airweed fut sauvagement attrapé par l’une des tentacules du Kralamour, et se retrouva au fond de l’estomac de ce dernier. Il mit plusieurs mois à en sortir, et la sortie fut… douloureuse, c’est le moins qu’on puisse dire. Lorsqu’il ressortit, il découvrit un monde totalement changé : les relations entre Bonta et Brakmâr s’étaient envenimées, allant même jusqu’à faire instaurer un système de traque pour récompenser les personnes qui assassinaient les membres d’autres cités, une nouvelle île, et même deux, avaient vu le jour : Frigost et Vulkania. Ne reconnaissant plus le monde dans lequel il avait grandi, Airweed se décida à l’explorer. Aussi tenta-t’il le coup en s’aventurant seul dans la jungle de Vulkania, après avoir acheté à prix d’or ( du moins le pensait-il ) un billet » Aller sans retour » pour Vulkania. Mauvaise idée, à peine entré fut il jeté dehors à coup de pied aux fesses par une armée de Krokilles frustrées d’avoir été dérangées dans leur sommeil. En effet, l’île ne semblait pas très fréquentée… Airweed apprit que l’activité volcanique de l’île et la présence de Grozilla et Grasmera dissuadait la plupart des personnes de s’y aventurer.

Il décida donc de visiter Frigost, dont la réputation était qu’elle était on ne peut plus froide. Il se rendit à la baie de Cania, et chercha longtemps le bateau pour se rendre sur cette île qui semblait si prometteuse, et dont beaucoup d’aventuriers rêvaient. Enfin, il arriva au quai d’embarquement, et un énutrof à l’haleine putride hurlait » ALLONS ALLONS, DEPECHONS LE TEMPS C’EST D’L'ARGENT ET L’ARGENT C’EST D’L'ARGENT ! « . Airweed pressa donc le pas et demanda au vieil homme combien ça coutait pour embarquer. Le vieil homme lui répondit que c’était totalement gratuit, ce qui étonna fortement Airweed. Un énutrof qui faisait quelque chose gratuitement ? Le monde avait donc vraiment changé ! Le voyage se déroula sans encombre, contrairement à celui qu’il avait fait, des années auparavant, jusqu’à l’île d’Otomaï. Ah ça, il s’en souviendrait toute sa vie de ce charlatan qui l’avait fait atterrir au beau milieu de nulle part sans possibilité de partir ! Heureusement, il avait su aider le charlatan à réparer le bâteau, et il avait fini par atteindre bon port. Mais bref, revenons en à nos moutons. Airweed arriva au port de Frigost.

La température était froide, très froide même, et les gens ne semblaient pas très loquaces. Il s’approcha d’un marin appuyé sur un tonneau de rhum d’une couleur douteuse, et l’interpella : » – Hé l’ami, y a peu de monde ici ! Où sont tous les aventuriers dont on me parle ? – Y zont du guoté du zaap… Ou des zamps, za dépend de gui du barles. Ze zait bas boi, ze zait zuzte gui zerzent touz des zens bour les embener egzterbiner du boufbouth. Ils z’ont vait guoi zes bauvres betites bêtes ? » Le marin cracha un glaire dans le tonneau de Rhum, et Airweed comprit d’où lui venait sa couleur nauséabonde. Il remercia donc le marin et se dirigea vers le nord, voyant un zaap au loin. Arrivé à celui ci, il vit que la foule était incroyablement dense. C’était incroyable ! On se serait cru au zaap du village et d’Astrub en même temps ! Sous ses pieds, la neige était crasseuse et brune, presque liquide : ça se voyait qu’elle n’en finissait plus d’être piétinée à longueur de journée. Il s’approcha d’un jeune sacrieur, et lui chuchotta à l’oreille : » – Vous cherchez quoi tous comme ça ? – Ho, moi rien, je me débrouille très bien tout seul face aux boufmouths, mais ces jeunes aventuriers pas, et ça me fait rire de les voir hurler pour qu’on les entraîne à les combattre. » Airweed fut frappé par la voix du Sacrieur, qu’il avait déjà entendue auparavant. » – Quel est ton nom jeune sacrieur ? – Airween Riviera ! Fils d’E… » La respiration d’Airweed se coupa. Son frère ?! Ici ?! C’était presque impossible, il était un homme politique prometteur lorsqu’il avait quitté le domicile familial. Il fit part de ses doutes au sacrieur, qui lui expliqua qu’il rêvait lui aussi d’aventures, et que la découverte de Frigost lui avait permis de réaliser son voeu. Il avait fait fortune dans la revente de pierres d’âme de Royalmouth, un monstre peu puissant mais fort rentable. Il lui apprit également que tous ses autres frères et soeurs s’étaient mis en quête d’aventures, et s’étaient retrouvés ici, à Frigost.

Ainsi, Airweed retrouva sa famille, et ils se mirent à exterminer toutes créatures vivant dans les champs de glace, et bientôt dans la forêt des pins perdus, puis sur le champs de glace, et le berceau d’Alma, des régions bien connues de Frigost. Devenant de plus en plus fort, Airweed se dit qu’il pouvait maintenant aspirer à réaliser son plus grand rêve : faire partie du clan de Sériane-Kerm. Un soir, seul devant un bon feu dans leur petite maison du port de Frigost, il écrivit une lettre à Younnie, Grande Maîtresse du Clan, en espérant de tout coeur être accepté pour un entretien. Peu après, sa réponse lui parvint : elle lui accordait un entretien ! Elle lui donna rendez vous dans un lieu qui sentait bon l’écume et la bière… Mais oui, c’était évident : la taverne de Sufokia ! Il s’y rendit, et se retrouva face à face avec Younnie et une inconnue un peu plus âgée que lui. La Grande Maîtresse lui apprit que son nom était Elyl et qu’elle allait l’assister pour l’entretien. Tout se passa très bien, et Airweed fit don au clan d’une pierre de Diamant. En échange, Younnie lui fit don de petites ailes qui firent la fièreté du jeune Iop. Quelques minutes après, il apprit de la bouche même de Younnie qu’il allait être confié à Elyl, la jeune femme rencontrée plus tôt. Pendant 5 semaines, il fit tout ce qu’il put du haut de son grade pour le clan : Il tenta de ramener à la vie des projets totalement délaissés afin d’aider le clan à se sortir d’une mauvaise passe, il noua des liens avec beaucoup d’apprentis et de Sérianes… Mais au milieu de tous ces gens avec lesquels il se sentait bien, il existait une personne qu’il ne pouvait supporter. On ne peut pas se faire que des amis, c’est sûr, se dit Airweed, mais cette personne est un danger pour le clan. Je dois donc faire en sorte qu’il n’en soit plus un. Airweed tenta tout ce qu’il pouvait pour régler le conflit de manière diplomatique et ramener l’autre à la raison, mais ce dernier était aussi abjecte envers le iop qu’envers les autres sérianes, et même les gradés. Le jeune iop au caractère bien trempé entra donc en conflit avec l’autre Apprenti, dont personne ne citera le nom ici. Airweed alla jusqu’à s’en prendre à des amies de cet apprenti, et une plainte fut déposée auprès du tribunal du Clan. Pendant des semaines, il tenta d’apporter preuves, contre-arguments et circonstances atténuantes, mais un soir, une grande Maîtresse le convoqua pour lui dire sa sentence. Rien à faire, rien à dire, l’élaguage semblait la seule solution. L’histoire ne nous dit pas encore la suite, mais la morale de tout ça est qu’en toute circonstance, un sériane se doit de rester comme une île au milieu des vagues.