Routines de Jack

[à la demande de certains et parce que le texte avait été effacé mystérieusement..]



Il y a quelques mois de cela ..


Il faisait nuit noire et l'hiver était déjà bien avancé. Partout où se posait le regard la neige recouvrait les lieux et le froid était mordant.

Jack était assis contre le mur d'un batiment d'un quartier populaire de la cité. Ses maîtres de l'Arbre l'avaient envoyé dans cette partie du monde afin de mener une mission mineure afin qu'il prouve ses qualités. Jack, Ecaflip et apprenti espion, comptait réussir dans sa tache, non pas par dévotion envers ses supérieurs mais davantage pour achever sa période de formation. Jack était pressé et l'ennui pointait déjà son nez.

Le quartier dans lequel il devait attendre la venue de sa cible était mal éclairé, mal fichu et malodorant. Jack ne s'attendait certes pas à ce que cette cité, empreinte de la marque de la Lumière, soit faite de fleurs et parcourrue sans cesse par une éternelle liesse populaire. Mais à voir la puanteur de ces lieux il conclut que même à Bonta les choses n'étaient en fin de compte pas si claires.

Se calant davantage contre le mur, il réajusta sa capuche et vérifa que le reste de son déguisement était en ordre. Et cette puanteur infecte..

Soudain un mouvement attira son attention. De sa droite venait, claudiquant, un homme d'âge avancé et à la barbe fournie. L'odeur qui émanait de lui était encore pire que celle des lieux. L'individu était sourriant et ivre. Il vint se poser à côté de Jack et d'un air enjoué sortit une bouteille contenant quelques goulées d'une infâme piquette.

- A la tienne mon p'tit gars ! , dit gaiement le clochard

Jack ferma les yeux et se maudie intérieurement. Sa cible n'allait pas tarder et cet individu puant allait tout compromettre. Levant un sourcil perplexe il se dit que le tuer serait un acte rapide et salvateur pour l'âme imbibée de ce misérable. L'alcool devait avoir ralenti son corps, donc il ne se débatterait pas trop.. Ou alors peu et ca irait quand même vite..

- Héhé.. Quelle nuit ! , ajouta l'homme après avoir roté. Ca m'rappele ma jeunesse avanturière ! Héhé..

Presque exaspéré Jack le foudroya du regard et dit d'une voix sifflante :

- On voit où cela t'as mené ivrogne !

L'homme ne releva pas le sarcasme et s'enfila une autre goulée. Dans le ciel, les nuages s'écartèrent briévement et la lune éclaira la ruelle. Jack se surpris à un bref instant de nostalgie pour ensuite revenir à la réalité et à son odeur. Il décida qu'à la prochaine remarque de l'ivrogne il lui réglerait son compte. Il était pressé de repartir de cette cité hostile.

- Et oué mon p'tit gars ! L'aventure ! Les batailles ! Et les femmes... Ahh, les femmes... , dit l'homme en se rapprochant de Jack.
- Quoi les femmes ?, dit un Jack soudain mal à l'aise
- Bah !, s'étonna le vieillard. Tu sais bien voyons...*hips*.. Le corps d'une femme..
- Ca suffit, persiffla Jack. Je ne suis pas venu ici pour entendre les élucubrations d'un vieux pervers alcoolique !
- Olaa l'ami.. *hips*.. Tout doux. Je bois peut être mais c'est pour me réchauffer..
- Un bon bûcher te réchaufferait mieux ..
- C'est pas très gentil de dire ca..., dit l'homme soudain triste
- Je ne suis pas là pour être gentil !, rétorqua Jack dans un soupir exaspéré.
- Et.. Et bien qu'ss c'l'a tienne mon ptit'gars ! Je le serai pour toi .. héhé..
- Je n'ai pas besoin de ta gentillesse..
- Mhhh.. *hips*.. Et de cela peut être ?, répondit l'homme en sortant une magnifique pierre précieuse de sa poche. Dorée, avec une forme serpentine lové à l'intérieur.

Jack, pourtant pas interessé par la fortune matérielle, fit des yeux ronds. La gemme devait valoir une fortune. Regardant l'homme il lui demanda :

- Un ancien voleur désoeuvré c'est ça ?
- Oh non mon p'tit !
- Et arrête de m'appeler " mon petit" !
- Comme tu voudras. Mais non...*hips*.. pas été voleur..
- Quoi alors ?
- Prêtre.
- Aha ! Un faux dévôt ! Qui a pillé son temple avant et aprés avoir tout dépensé en débauche s'est retrouvé dans la rue ! Tu es pitoyable, c'est bien ce que je pensais !, dit Jack, certain de sa grande connaissance des trames de l'âme des vivants.
- Po du... *hips* Po du tout mon p'tit gars ! Pas volé, pas de débauches.. rien..
- Ou alors tu es un dieu déguisé en clochard venu s'amuser sur la terre en se moquant des prétentions d'un espion... , dit Jack soudain méfiant
- Ben non ...*hips*

Jack attendit la suite mais elle ne vint pas. L'homme avait reporté son attention sur la fin de sa bouteille et avait oublié le reste. Ses lèvres avaient commencé à chantonner tout bas un chant des temps anciens que Jack reconnu pour être une sorte de litanie.

- Et ?, insista-t-il soudain
- Mpff.. Et chai' plus, dit l'homme qui soudain commenca à verser des larmes
- ..
- Bah vois tu.. *hips*.. J'étais prêtre mais mon.. culte a été oublié.. Alors j'ai retranscrit tout le savoir de ma mission dans cette gemme... *snif*...
- Prêtre mage ?, dit Jack en mettant doucement la main sur sa dague incurvée
- Oh non.. *hips*.. C'est un acte de magie mineure.. rien de très spectaculaire..
- Mhh..
- Tu la veux ?, demanda soudain l'homme
- Quoi donc ?
- Ben ma gemme ! Oh je doute que tu puisses l'utiliser mais je pense qu'un jour elle te servira..
- .. Je pourrai te tuer et la prendre, menaca Jack. Quel est ton prix ?
- Gratos mon 'ptit ! A moi elle ne servira plus... Par contre je te demanderai un service en échange..
- Je le savais !
- Je te demande de me tuer.
- o_o
- Oué.. un coup de ton poignard là.. Et la gemme est à toi ..
- Es tu fou ... Ou alors tu te moques de moi !
- Pas du tout.

Jack sortir son poignard et la lame brilla à l'éclat lunaire. L'homme s'avanca dans une pose dramatique et ridicule.

- C'est bien "ton" arme hein mon p"tit gars ?
- La voiçi.

L'homme prit soudain la main de Jack et lui posa la gemme dedans. Ensuite, un voile de tristesse absolue couvrit son regard.

- Tout est fini, dit il
- Oui, dit Jack.

Et il enfonca la dague dans le ventre de l'homme. Qui s'écroula, tenant sa bedaine à deux mains et pourtant sans aucun cri. Des bruits de pas parvinrent de près et L'Ecaflip se souvint de sa mission. Empochant la gemme il porta un dernier regard vers l'homme, mort, et perplexe changea de poste d'observation. Sa cible était arrivé. Il se releva et toujours perturbé par sa rencontre, se mit en quête de trouver le moyen le plus rapide de finir sa mission. Il avait hâte d'en finir.. et cette odeur infecte..

L'opium. Ses vapeurs blanchâtres et frêles montaient à quelques centimétres de la douille où il brûlait. Et brûlaient les pensées de Jack, aspirant par moment une bouffée d'oubli et expirant une de lucidité.

Accroupie devant la dernière table basse d'un salon publique de sa cité natale L'Ecaflip contemplait les volutes graciles. A ses côtés, sortant un peu de sa besace, s'affichait une importante lettre.

- Mère ?, dit une toute jeune Feca non loin de là.
- Oui Cassandre ?
- Pourquoi n'arrête-t-il pas de jouer ? Sa flûte est fêlée !

La mère, perplexe, se tourna et aperçu la figure sombre de Jack, à quelques mètres de là.

- Il ne joue pas de la musique ma fille, il fume.
- Ah.. C'est étrange Mère..
- Quoi donc Cassandre ?
- J'ai cru entendre au début.. enfin ..
- Partons ma fille..

Jack entendit l'échange et leva à peine son regard. Ce qu'il vit était la superposition d'un musée de manequins de cire, aux rictus figés, et un bien étrange couple fait de la même personne, à deux âges différents. Cela faisait plusieurs heures que Jack était ailleurs, à mi chemin entre le paradis et l'enfer.

Il secoua la tête et plongea la main vers la lettre. Il la relut. Puis la déchira doucement, méticuleusement et en versa petit à petit les bouts dans le foyer de braises au pied de son narguilet.

Quand le dernier bout d'où l'on voyait la dernière courbe de l'élégante écriture de M.Smith disparu en se racornissant, Jack se leva et alla régler sa note, prit son arme et son manteau pour quitter l'établissement.

La neige. Elle avait décidé cette année d'être présente partout. Elle couvrait non seulement les chemins de voyage du jeune Ecaflip mais avait insisté pour l'accueillir dans chaque cité où il se rendrait. Où il devait se rendre car de toutes évidences, ses pas trainants et sa mine déconfite signalaient une énorme fatigue.

En fin de comptes, ses pas l'amenèrent à un temple où il avait à faire, une importante livraison de dernière minute. La lettre avait été formelle et Jack ne tenait pas à s'attirer les foudres de ses supérieurs. Les souvenirs étaient encore présents..

Il avait pénétré dans la taverne à peu près quinze minutes après sa rencontre avec le vagabond. Il avait bien nettoyé sa lame et s'était tenu prêt pour la rencontre. Un pas puis deux et il avait escaladé les murs de la taverne grâce à une corde judicieusement lancée. Le grapin avait tenu bon et en quelques secondes il s'était retrouvé dans une belle pièce, pile sous le grenier où il avait atterit, après avoir déchiré les fibres du toit.

La pièce était décorée avec goût et était spaçieuse. Un homme était à l'autre bout, de dos et portait une ample robe grise feutrée. Jack s'était approché à pas de loup, la lame levée mais au dernier moment l'inconnu s'était retournée, calmement et lui avait tenu un sourire froid et satisfait.

- De l'avantage d'être jeune et inconnu..., avait il dit stoïquement
- Hein ?, avait réussi à prononce l'espion, prit en flagrant délit
- Assied toi. Tu as réussi ta mission. Et tu vas enchaîner la suivante.
- Qui êtes vous ?
- Ton Advocatus Diaboli.

Jack était devenu blême. Le coordinateur de ses maîtres se tenait devant lui. Son viage d'ancien Feca, ses traits aristocratique et surtout la chevalière qu'il lui présenta finirent de calmer l'apprenti.

- Nul autre que toi n'aurait réussit à passer ses sondes mentales..
- Moi ? Mais je ne suis qu'un apprenti assassin !
- Justement mon jeune ami. Maintenant tu vas te taire et m'écouter.

Et l'Advocatus avait parlé quelques minutes puis remit une lettre à Jack. Pour enfin lui mettre une tape amicale sur l'épaule et lui indiquer la sortie.

- Et n'oublie pas : Djaül ne doit pas savoir. Tout ce que tu as à faire est de remettre cette gemme à qui de droit. Va maintenant.

Un flocon de neige en plein oeil le réveilla de ses rêveries. C'est alors qu'il sortit la gemme de sa poche de veste. Un Dofus. Gros comme un pouce d'Enutrof. Et d'un doré ! Tellement doré que sa brillance aurait été remarqué à deux rues de là, telle une tache inévitable sur un fond blanc immaculé. Jack la rangea très vite et reprit son chemin.

Le souvenir de cette rencontre était amer et la voix de l'Advocatus sonnait encore comme une humiliation. Certes, il avait accompli sa mission mais ne pas avoir été mis au parfum l'avait vexé. Secouant la tête de frustration il arriva bientôt devant le temple. Il n'avait plus à se cacher, il était chez lui, dans sa ville natale et nulle milice bontasienne n'aurait à le débusquer. C'est alors qu'il entra fiérement dans les lieux, décidé à en finir avec cette mission. Un puissant garde l'arrêta.

- Ton nom et ton grade.
- Jack, Smiling-Jack. Apprenti assassin.
- Que veux tu ?
- Je dois rencontrer Son Eminence.
- Entre et attend dans le vestibule.

Assis sur un ban en merisier lustré il contempait d'un oeil distrait les peintures sur les fresques. Soudain, il entendit un bruit de pas décidés venir de la salle où il devait se rendre. Il vit sortir un couple étrange. La femme sifflait à voix basse son indignation et de peur d'être entendue elle pressa son compagnon. Quand elle croisa son regard Jack y lu de la peur. Une peur bleue teintée d'une rage aveugle. Il entendit juste l'homme lui glisser doucement :

- .. donc pas Orshal .. il est déjà trop tard pour eux.. Partons.

Et le couple de sortir rapidement des lieux. C'est alors que l'on prononca son nom et l'Ecaflip se releva pour se diriger vers le séjour de son hôte, nouveau dépositaire de la gemme.

La Grande Tour de Brakmar. Ombres et volupté. Il fallait reconnaître à l'hôte un certain goût pour le choix de du mobilier mais Jack se dit que les lieux devaient être antérieurs à bien des générations de Brakmariens.

Tout n'était que tables d'onyx polies, scultptures de marbre stylisées et blocs de basalte dressé, taillés. Cela donnait une impréssion de double échos et les ombres projetées par les braséros mettaient les lieux en mouvement de façon dérangeante.

Perdu depuis cinq bonnes minutes dans la contemplation des lieux Jack en vint finalement à une conclusion qu'il formula en pensée :

- Que d'la gueule...

C'est alors qu'il remarqua le haut fauteuil tourné de dos, devant l'âtre central. Les bords larges d'un chapeau dépassaient sur les côtés. Jack décida de s'avancer, il voulait en finir le plus vite possible. Mais une voix provenant de nulle part l'arrêta. Une voix qui lui était étrangement familière.

- Qui es tu ?
- Euh .. Jack .. Jack, Votre Eminence.
- Aimes tu la bière Jack ?, questionna la voix qui semblée amusée.
- O_O
- Alors ?!, trancha la voix.
- Euh .. Pas trop Votre Eminence .. Mais si je puis me permett ..
- Non tu ne peux pas !
- Pardonnez moi Votre Eminence.
- Tu n'as pas le temps de te faire pardonner non plus. Tu dois partir à l'instant, dit l'inconnu qui se retourna sur son fauteuil.

C'est alors que Jack eut un hoquet de surprise. Le visage de l'individu était plongé dans l'ombre de son énorme chapeau mais tout le reste de son habillement dénotait avec sa fonction : il était bardé de plis de cuirs cousus et une énorme épée aux reflets inquiétants pendouillait dans son baudrier. Jack ne savait pas quoi faire.

- Surpris jeune homme ?, dit l'inconnu.
- Herm .. c'est à dire que je ..
- .. que tu ne t'attendais pas à voir Son Eminence autrement qu'avec une paire de cornes, la peau rougeâtre et paré d'une paire d'ailes fuligineuses sachant le tour enroulé dans la cape écarlate de son rang ?
- Euh .. oui c'est en gros ça Votre Eminence.
- Mhh .. Et tu avais raison de penser cela ..
- J'ai bien peur de ne pas saisir Votre Eminence, dit un Jack soudain très mal à l'aise.

L'individu s'avança alors vers l'âtre, se tournant de biais. Tapottant les plis de sa combinaison il se retourna alors et dit :

- Donc.. Tu es venu m'apporter la gemme ?
- Oui Votre Eminence, dit Jack qui mit une main dans sa besace.
- Tu peux la garder, elle est à toi. Tu l'as bien merité, trancha l'inconnu.
- Ah .. Euh.. C'est à dire que je ne sais..

L'inconnu sembla frémir devant l'intense chaleur provenant de l'âtre et sa voix claqua soudainement avec colère.

- Je vais être clair Neophyte ! Cette gemme est à toi ! Maintenant si tu tiens à la vie je te conseille d'aller boire cette putain de bière ! De te trouver un coin où te planquer pendant quelques jours et ensuite d'aller faire un tour chez les Daedrik.. c'est encore les seuls à ne pas être corrompus.. , conclua l'inconnu d'une voix étrangement adouçie et nostaligique.

Et Jack de remarquer soudain , dans le feu, les restes d'un tissu écarlate. L'invididu ne bougeait toujours pas, bien qu'il semblait renifler quelque odeur.

C'est alors qu'un boucan de tous les diables se fit entendre de la pièce attenante et des bruits de pas précipités indiquèrent qu'un corps de garde arrivait rapidement.

Jack regarda vers l'inconnu puis vers la fenêtre.Vers la fenêtre puis vers l'inconnu.. qu'il surprit en train d'acquiésser.

Et il se précipita vers la fenêtre en question qu'il ouvrit grand et enjamba. C'est alors que la porte implosa et une cohorte de gardes carapaçonnés déboula. Un dernier regard en arrière et il vit l'étranger tenir une fiole bleutée devant sa bouche. Il le vit lever la fiole à son intention, un léger sourire aux lèvres et disparaître dans un "pouf" après l'avoir bu.

Et Jack de sauter dans le vide.

Le quartier sentait le sang sêché et les détritus. Les deux grandes rues pavées qui l'encadraient étaient noires de suie, fichées de bâtiments vétustes, éloignés les uns des autres par d'immenses grille de fer forgé rabougris. Jack se tenait devant le principal bâtiment, au centre de ce dédale et pensait à sa situation.

- Super joyeux ce quartier.... , se figurait-il d'un air blasé.

Les choses s'étaient accélérées depuis son saut majestueux de la fenêtre de la Tour de Brakmar. Elles avaient commencé par la soudaine réalisation d'une hauteur insoupçonnée de cinq étages, suivies d'une longue chute vers une transformation en omelette de tofu pour se finir par un miraculeux atterrissage dans une montagne de poubelles.

Sitôt remis de sa chutte, Jack avait maudit l'ironie de son dieu, prit ses jambes à son cou et filé dans les ruelles de Brakmar. Vers la maison Daedrik.

La première nuit avait été blasante; personne ne lui avait ouvert la porte et la milice parcourrait de plus bel la ville. Retrouver les restes cramées d'un haut ponte de Brakmar dans sa propre cheminée avait jeté semble-t-il la pagaille dans les hautes sphéres de la cité. Ajouté à cela le signalement d'un Ecaflip tout noir à l'air mutin.. Jack se disait qu'il lui aurait mieux vallu naître bouftou.

La deuxième nuit fut la bonne. Enfin bonne.. Mauvaise d'abord car ce fut avec des dizaines de courbatures que l'apprenti assassin s'était relevé d'une cavité terreuse à côté de la maison visée mais bonne car à la première frappe on lui avait ouvert la porte. Jack avait eu alors un fou rire hystérique en se voyant devant lui même. Et son "double" de dire calmement :

- Lumière sur toi visiteur. Je me nomme Ombre.

Jack se ressaisit alors et articula quelques gargouillis en montrant l'intérieur de la maison. Et Ombre de lever un sourcils et de l'inviter finalement à entrer.

C'était un intérieur spacieux.. Et spacieux. Il n'y avait rien d'autres qu'un très grand hall et en son centre quatre énormes piliers incurvés de marbre blanc. Tels des cornes tout droit sorties du sol. Des braseros étaient installés et une lueur dansante éclairait les lieux. Jack, vautré sur un ban de pierre s'était repris devant le regard interrogateur d'Ombre et avait raconté son histoire. Ce dernier avait acquiessé et dit :

- Ton histoire est interessante Apprenti Jack. Et le Clan je pense sera d'accord pour t'héberger quelques temps.... afin de résoudre le mystère qui entourre ta venue. J'en parlerai avec ma maîtresse, Gothan.

Jack avait remercié son hôte et accépté l'hospitalité des chambrées du dessus, une paillasses propre et quelques nourritures qui le changérent de ses quelques derniers râts crus. Son lit de fortune ressemblai soudain à des bras aimants et toute resistence fut futile... et ses rêves bien étranges.



Sueurs et fièvre. Jack se tenait devant la fenêtre de la maison Daedrik. Il venait de poser une lettre à l'attention de Gothan et alla enjamber la rembarde. Regardant le sol à moins de trois mètres en bas il se permis un pathétique reniflement de dédain en souvenir d'un précédant sauf foireux. Et sauta.

.


*Port de l'Ile Wabbit. Echoppe du port, un midi..*

- .. et alors ! On s'en fout d'tout ca !, dit un iop emporté.
- Mais now, pas du touw .. la wéponse est impowtante !, répondit Lenald

.. et un troisième comparse Feca de dire d'un air docte :

- Développe ..
- Et bien avant que la lumiéwe soit il y a eu autwe chowz !, dit Lenald
- Bounc' ! Il se paie not' poire ! On le dégomme ! s'emporta le iop
- Ta gueule, répondit stoïquement le Feca. Et toi continue.

Le renard semblait soudain gêné et dit finalement :

- La question n'est pas de savoiw comment les dieux cwéewent le monde.. mais de savoiw ce qu'ils diwent avant de le faiwe...
- Mhh.. ?, dit le feca en levant un sourcils alors que le iop allait au bar.
- Bah on dit qu'ils auwaient dit la fowmule mawique : " Et La Lumiéwe Fut !" Ow pas du tout ! Ils ont dit autwe chowse awant!
- Mhh ?, le feca avait déjà la main à son bâton.
- Il est claiwement plus logique de penser qu'ils ont dit :" Herm !" en se raclant la gowge d'abowd !


Jack vit alors le renard Lenald être assomé par le coup de bâton. Et quand le compagnon du puissant feca revint avec sa chopine tous les deux lui accordèrent un regard menacant. Jack s'emplit soudain dans la contemplation de son jus de "Cawotte". Et attendit... Comme depuis une bonne semaine.

Mais alors que l'après midi passait, les deux Brakmariens partis et Lenald toujours assomé, arriva un coursier. Il alla directement vers l'eca et lui remis un petit plis. Jack le gratifia d'une piécette et d'une taloche pour ouvrir son courrier tandis que le coursier se frottait la tête en reparant, bougonnant.

La missive était courte :






Jack paya alors son cinquième jus, pris ses affaires et se dirigea au port. Prenant le bâteau jusqu'au continent il réfélchit à tous les évenement qui lui étaient arrivés. Et c'est alors qu'il se souvint de la gemme. La sortant de sa poche il la contempla. Elle sembait emettre une vie propre. Il eut alors une pensée détachée pour le prêtre qui le lui avait donné avec sa vie. Soudain il réalisa que ce prêtre avait un léger air de ressemblance avec le dignitaire de Brakmar adepte de bière.

Le voyage se termina sur des conclusions toutes farfelues pour un Jack qui se sentait vaiment paumé. Seules certitudes : il était vivant, avec un puissant artefact entre les mains, roulé dans la farine par des inconnus et en partance pour intégrer le clan Daedrik. Destin qu'il accépta de bonne grâce, se disant qu'un individu comme Ombre ne pouvait pas lui ressembler tant tout en étant dans une guilde de faiblard. Et tout fier de lui, il se mit en route pour Brakmar, de nouveau.

..

Pour n'y rester qu'à peine un mois. Son intégréation dans le clan avait été sobre et efficace. On l'avait d'abord regardé de la tête aux pattes. Puis reluqué puis accompagné dans la maison pour une courte visite. Plus ca allait plus Jack se félicitait intérieurement de ne pas être ennuyé par des présentations superflues. " Ces Daedrik ont l'air bien ma foi.." se disait il.

Il se lia d'amitié avec quelques uns d'entre eux le temps de sa présence dans le clan. On le vit parcourir la nature en leur compagnie lors de quelques courtes chasses, de pêches le tout au regard de la tradition.

Mais alors que les semaines passsaient Jack sentait croître en lui un malaise grandissant. Il revoyait souvent ce rêve, ce géant qu'il avait fini par assimiler au dieu Iop, ce lieu comme son temple. Restaient les quelques éléments incomplets : comment expliquer qu'à peine trois semaines après en avoir rêvé le clan des Sérianes était né ? Comment expliquer que la version officielle du fondateur fut différente de son rêve par de menus détails ? Et enfin pourquoi ne pouvait il pas mener en finalité une vie pépére. Jack rêvassait souvent d'un enclos de bouftous pour se dire qu'il y avait vie plus paisible que la sienne.

Puis un jour, l'un des derniers de sa présence dans le clan, il se décida : tout devait se trouver dans ce temple. Un livre, un parchemin ou un bas relief.. ou carrément un prêtre à tabasser.. Bref ! Des indices de son énigme se trouvaient dans ce lieu et Jack se prépara.

Quittant le clan un beau matin, il se rendit très tôt à l'extérieur de Brakmar pour aller piller quelques savoirs dans le temple iop.

Impréssion de déjà-vu.

Il faisait nuit noire et.. le printemps était déjà là. Les étoiles scintillaient de mille feux et le sous-bois entourant le temple de Iop était bien calme. Quelques araknes allaient de çi de là, discrétement, tandis que deux prêtres de Iop bavardaient de la nécessité de couper le bois d'ébène d'un coup pour le premier ou par petits coups répétés pour le second.

Ca avait l'air de les passionner, suffisement pour qu'une ombre furtive se projéte soudain sur le fronton, bascule vers le bas en se tenant par les griffes et d'une superbe roulade atterisse en silence dans le Grand Hall.

- Oui mais non ! Par le tranchant d'un coup ch'te dis !
- Non ! L'ébène se coupe doucement, amoureusement car c'est un bois tout mou ! T'es con !
- Si !
- Non !
- ..

Jack senti soudain une énergie envahir les lieux et la seconde d'après le promoteur de l'élagage par la douceur se trouvait allongé par terre, les cheveux fumants. L'eca dégluti et se promis de ne jamais discuter de cette façon de faire concernant l'ébène et rampa à l'intérieur du temple.

L'escalier menait à une série de couloirs souterrains, éclairés par des braseros et le tout était assez sobre. Aucun bruit sinon le clapotis d'une fontaine interieure. Jack se lança directement au coeur du temple, à la grande salle.

Sur place il se plaqua contre un mur et observa la vaste salle dalée de pierres polies. Personne. Sur le côté droit se trouvaient des étagères remplis de livre et au centre se trouvait un assez volumineux livre dont le titre, même à cette distance ne laissait aucun doute.

- Trop facile.., se dit Jack.

Se cambrant légerement il enfila sa lanière à grappin et la lança. Faisant mouche il ramena à lui petit à petit le livre après l'avoir fait glisser tout le long de l'étagére. La couverture portait bien le blason du clan sériane. Le mettant dans son sac il remonta et disparu dans la nuit.