[Historique] Leroy Kincaid, le coeur de glace

Le 12 Flovor 621, à des milliers de Kamamètres des terres d'Amakna...

L'air fatigué par des années de travail acharné, un vieux Xélor parcoure des couloirs sans fin, des piles de documents sous les bras.
Ses traits soulignent son inquiètude, et les gouttes qui perlent sur son visage donnent l'impression que sa vie se joue en ce moment même...
Ce n'est d'ailleurs pas qu'un impression.
S'arretant devant une porte, deux Iops lui coupent la route...

"Identitée?" demandent-t'ils en coeur.

"Lerual, Ydrah bande d'incapables ça fait des années que nous sommes ici, alors laissez moi passer !"

"Identitée?", répètent les deux comparses impassibles.

"Rhaaaa... Professeur Nietsneknarf. Maintenant laissez moi passer, il faut que j'aille le voir !"

Les gardes s'étant écartés, le Professeur pénètre la salle qui aurait pu faire penser à l'atelier d'un alchimiste... Un alchimiste dont les moyens financiers dépasseraient tout entendement et qui aurait des années d'avance sur ses confrères.

Le regard inquièt du Professeur se fixe sur un point de la salle, et lentement, le poids des années semble s'alléger, le Professeur emmet comme chaque jour un profond soupir.

"Alors, n°4... je vois que tu as passé une bonne nuit, hein? ...Je compte sur toi, mon petit, tu es ma dernière chance, tous les autres ont été de terribles échecs, mais toi... Ca doit marcher, ça va marcher...", murmure Nietsneknarf.

Face à lui, un bocal géant emplis d'un liquide gélatineux reflétant tour à tour des couleurs bleue, rouge, verte et blanche. Le jeune enfant auquel le Professeur semblait s'adresser est plongé dedans, dans un sommeil profond. La première chose que l'on remarque est son très jeune âge, il semble avoir à peine 5 ans. La seconde est cette inscription sur le haut de son bras, difficile à décrypter de là où se trouve le Xélor.

Tout en gardant à l'oeil son sujet, le Professeur mélange divers ingrédients, les juges du regard et les transvase dans les récipients qui entourent le bocal central.

Le 22 Apriel 623, dans le laboratoire du Pr. Nietsneknarf...

Bien que seules deux années aient passées, le Professeur semble avoir pris une décénie. Ces derniers temps il ne dors plus, ne se nourris pas plus, et reste constamment face à celui qu'il nomme n°4. Le vieillard le sais : l'instant qu'il attends depuis longtemps est sur le point de se produire, tous les indices le montrent. Il se remémore toutes ces années de sacrifice, toutes ces années à attendre, toutes ces vies perdues aussi...
Puis n°4, toujours dans son bocal, ouvre, lentement les yeux, fixant le Xélor d'un regard qui n'était pas celui d'un enfant de 7 ans. Ce regard froid, assuré, donnant l'impression qu'une âme millenaire hante ce corps si frèle.

Le Professeur, un temps hypnotisé par son jeune cobaye, sort en courant prévenir ses employeurs en criant dans sa langue ancestrale :

"Hyssall Aÿff ! Al Aÿff !"

Mais le jeune éveillé a déjà concentré son regard dans un coin de la salle, ou, dans l'ombre, se cache discrètement un Sram tout de noir vétu.
Ce dernier s'approche, et sussure quelques mots dans un souffle :

"Haaaaaallloooorrrrs mon jeune ammmiiiiii, hhhhiiilll est thhhheeeeeemps de sssssorthhhhhiiirrrrr...."

Ce disant, par quelques mouvements de sa main, le Sram fait s'élever n°4 jusqu'à le sortir de sa demeure, puis se dirige avec lui vers la sortie du batiment, sans que le moindre garde ne semble les remarquer.
A son retour, le Professeur tombe a genoux en voyant la prison de verre vidée de son habitant, et au même moment deux têtes de Iop roulent au sol, après avoir été soigneusement détachées de leur réceptacle original par la hache que tiens l'ombre colossale qui suivait Nietsneknarf.

A quelques kamamètres de là, Lugsan, puisque tel est le nom de notre sram, emmène le jeune évadé, auprès d'une autre Eminence Grise, qui semble sinon plus sympathique, tout au moins plus enjouée à la tournure des événements.

"Voicccccciiiihhh cccceluiiiiihhhh qhhhhuueee vhhoouuuuuu dhhhésirieeeeeeez, mon Mhhhhhhhaitreee...."

A quoi le Maïtre répondit : "Parfait Lugsan... Ils n'ont pas eu le temps de pervertir son âme... Nous alons donc pouvoir nous en charger..."

Au bout d'une courte chaîne, le Maître tenait un Bwork Mage. Tirait sur cette chaine pour rapprocher le monstre de l'enfant, le Maître dit en langue Bwork :

"Douwatcha Gatoudou !"

Suivirent quelques gestes, danses et paroles ancestrales du Bwork, qui finit en pointant le doigt vers le crâne du jeune évadé.
Lentement, les yeux de l'enfant, jusqu'alors d'un bleu des plus clairs, s'emplirent du noir des plus sombres...

Satisfait, le Maître s'adressa à ce dernier :
"Tu peux partir maintenant... on se retrouvera le moment voulu..."

Sur quoi le très jeune aventurier se mit en route, nu de tout vétement, nu de tout savoir... mais son dieu Ecaflip serait là pour le guider.

(à suivre...)

Le 5 Martelo 624, non loin de la frontière d'Amakna...

Durant l'année qui était passée, mon instinct m'avait aidé pour me nourrir de viande crues diverses, Pioupious, Tofus, Serpentins et autres
Cooleuvres fesaient toutes aussi bien l'affaire. Je m'étais taillé des vétements de fortune en dépeçant bouftous et bouftons qui avaient croisé
mon chemin. J'avais traversé de nombreux villages, croisé leurs habitants, et si parfois ceux-ci me proposaient leur aide, un simple échange de
regard et ils détallaient tels de vulgaires Wabbits, en proférant parfois leurs pathétiques superstitions. Qu'importe, la solitude était un
élément dans lequel je me satisfaisait pleinement. Les brigands ne semblaient pas plus à l'aise avec cet enfant d'une huitaine d'années que
j'étais alors. Il m'est difficile de conter de cette époque qui constitue mes souvenirs premiers, tant les jours qui passaient se ressemblaient.
Tous, jusqu'au 5 Martelo de l'an 624, ou ma route a croisé celle de cette vieille femme, au bord d'une rivière...

"Tiens, tiens, mais qui va là?, dit-elle d'une voix douce, viens voir Mama Kin, mon chaton."

Je m'approchais doucement de cette femme qui pris ma tête entre ses mains, ce qui fût mon premier contact avec un être humain...

"Eh bien mon chaton, Mama Kin a pas besoin de ses yeux pour savoir que tu es sal jusqu'au plus profond des poils. Allez, viens avec moi, on va remedier à ça !"

Une fois lavé, Mama Kin me présenta le vieux Kin, tout aussi aveugle, et tout aussi gentil...
Tâtant ma carrure, il fit la remarque :

"Pas bien épais le p'tit gars... D'où tu viens, dis?"

"J'ai bien l'impression qu'il parle point.", lui fit remarquer Mama.

Le vieux Kin remarqua alors sur le bras du jeune garçon une marque profondément encrée dans sa peau, au niveau du haut de son bras.
Il n'avais pas une grande éducation, mais il avait appris à lire durant sa jeunesse il reconnut donc les symboles gravés :



"L.E.R.O.Y. ...Leroy... ça doit être son nom. Eh bien, Leroy, si tu sais pas ou aller, tu peux rester chez nous. Notre demeure vaut ce qu'elle vaut, mais tout le monde est bien reçu, chez les Kincaid."

Le 5 Descendre 631

Les années qui passèrent n'ont que peu d'intérèt... Je vécu paisiblement chez les Kincaid qui m'avaient recueillis puis adoptés. Ils m'avaient founi vétements, nourriture et éducation. En échange de quoi je m'occupais rapidement de toutes les tâches devenues trop hardues pour les deux vieillards qu'ils devenaient.
Je ne me fis pas d'amis, je n'en avais nullement besoin.
Mon respect envers ceux que j'appellais mes parents était des plus sincères, mais ne ressentis pourtant aucun chagrin lorsque le vieux Kin puis Mama Kin virent à mourrir... ils avaient vécu leur temps, leur âge avait fini par avoir raison d'eux, et je devais poursuivre mon chemin.

Je poursuivi donc ma route, toujours dans la même direction. Les gens que je croisais déviaient habituellement leurs yeux de mon regard, mais je parvins de temps à me faire employer pour divers travaux physiques...

Ce 5 descendre ma route croisa celle d'une femme, une Iopette qui ne réagit pas de la manière donc j'avais repris l'habitude. Aucune méfiance ou crainte à mon égard n'émanait d'elle. Ce fut elle qui engagea la conversation.