[Historique] La volonté de puissance

On me surnomme l'Ecorché, l'Ecorché-Vif. Je fais partie, depuis peu, du cercle restreint de la vingtaine de Compagnons de Sériane-Kerm : individus ayant connu Sériane-Kerm en personne et ayant partagé des aventures avec lui, il y a des éons de cela.

Bien que ne faisant pas partie de la hiérarchie du clan Sériane, je le sers et le guide à ma manière. C'est sur la voie d'une recherche pure de la puissance que je guide de mon mieux celles et ceux qui se sentent en affinité avec ma façon de voir le monde. Je suis tel que je suis, que cela plaise ou pas.

J'ai l'apparence d'un sacrieur mais je vivais déjà avant l'arrivée de la déesse Sacrieur au panthéon des dieux. J'ai choisi de devenir l'un de ses dévôts par la suite. Mes origines et ma nouvelle filiation à Sacrieur ont fait de moi un Dévoreur, un être unique né de la fusion de ma nature ancienne et des dons que me fit ma Déesse.

De ma naissance je ne garde aucun souvenir précis sinon celui de l'ennuyeuse sensation d'avoir une crampe à la main qui supportait mon visage, tourné vers un grand vide. Des résidus de cette sensation restent mon profond et permanent ennui des choses de ce monde.

" Ecorché-Vif " n'est bien sûr pas mon vrai nom. On me surnomme de la sorte parce que je n'ai plus de peau sur mon corps suite à mon entrée dans les rangs de Sacrieur. Mon vrai nom est le centre même de mon pouvoir, celui de "dévorer les âmes ", mais pas n'importe quelle âme; en réalité celles d'individus particuliérement ennuyants au regard des dieux.

Je suis de ceux qui peuvent interdire à quiconque la réincarnation, pouvoir suprême parmi les créatures de notre monde. Ce pouvoir, je m'en sers peu car il provoque un désequilibre à son tour. En réalité, c'est à la commande de ma déesse que je m'en sers afin de défaire des créatures provoquant trop de déséquilibre dans notre monde. Abu-Zhed en faisait partie.

Enfin, d'un point de vue purement technique je suis indestrutible. Nulle arme, nulle magie, sinon celle des dieux, ne peut venir à bout de ma puissance. Cela doit très certainement paraître prétentieux mais c'est paradoxalement sans prétention que je l'affirme.

Ceci est le récit de mon histoire. Une histoire qui commence peu de temps après la création de notre monde et qui fait de moi le plus ancien Compagnon de Sériane encore en vie.

Les dieux avaient cumulé bon nombre de créations. Des mondes entiers, des univers remplis à foison et dont la certitude de leur eternité avait été balayée, soudain, par leur fin, pourtant insuspectée, et parfois pire, par le Grand Ennemi, autrement nommé l'Oubli.

Parmi les derniers mondes crées se trouvaient un monde qui disposait d'une particuliarité toute propre : les âme le peuplant "savaient" le secret de la Vie et de la Mort. Ils savaient ce qui se " passait " après la mort.

Ces âmes n'étaient pas dans l'attente de savoir ce qu'il y avait après la mort. Elles savaient qu'en mourrant, elles seraient réincarnées, dans l'enveloppe charnelle de leur choix, sous l'égide de l'un des dieux. Elles savaient ce qu'il y avait " après ", ce qui n'est pas donné à toutes les créatures de tous les mondes crées par les dieux..

Cette absence de peur est l'élément qui fit de ce monde le théâtre des plus grandes épopées mais aussi des plus grands désastres. Cette erreur de " conception " est ce qui fera de ses créatures des égales de leurs créateurs. Ce monde est le votre.

Ce monde avait donc une profonde lacune : l'absence de la peur ultime. Et comme dans toute chose, toute conséquence provient nécessairement d'une cause. La cause des terribles récits résumés ci-dessous fut l'absence de la peur de disparaitre.. d'être oublié.

Je suis une conséquence de cette absence.

Nous étions dix. Nous étions dix créatures appelées les Parasites. Nous étions appelées de la sorte parce que notre destin était inconnu des dieux. Nous nous étions incarnés comme toutes les autres créatures mais nous n'étions pas destinées à nous réincarner.

Notre joie extatique et notre fierté était de perdurer, de dépasser toute chose, de ne pas craindre d'être transformées, de ne pas être perverties par la réincarnation dans un autre corps inconnu avec toute une vie à refaire.

Nous étions : Bidhoniel, Moizhiel, Perrhaviel, Tarthinomiel, Samféchiel, Grhonaziel, Ohplurhiel, MardhiMhonciel, Murielle et son mari et notre chef : Raoul. Nous étions dix. Ni spécialement des guerriers, ou magiciens ou guerriseurs .. juste dix crétures faites du principe même du dynamisme : la destruction.

Les récits de nos "chevauchées " ancestrales ne seraient guère interessants car ils font souvent état de villes rasées, d'enfants devorés, de femmes violées et de chiens tondus. Et les hommes qui mourraient le faisaient bien sûr après nous avoir supplié de ne pas les tuer. Classique. En réalité.. ennuyeux.

Cette répétition incessante a fini par provoquer une premiére brouille dans notre folle équipée. D'un côté, le chef et sa femme qui soutenaient que c'était chouette de toujours faire tout ca mais de l'autre, nous autres, qui trouvions que ca devenait gavant à force et plus très original.

Je vous passe les détails mais la brouille se termina avec Bidhoniel qui colla sa main dans la tronche à Raoul notre chef, Gronaziel qui viola sa femme Murielle et moi qui les attachai pour en faire le menu de notre petit dîner du soir. C'est la seule fois où notre groupe se retrouva sans chef.

C'est pourquoi je continuerai surtout pas l'épisode qui nous vit faire la rencontre de dix " autres " individus. Ces individus étaient les derniers Compagnons de Sérianes et Sériane-Kerm lui même. Ils étaient : Rinbour, Groblon, Vivh, Le-Veneur, Flamiah, Clegane, Mokthar, Sériane-Kerm, Zhed et Ecumol.

C'était tout à la fin de la Guerre des Dieux, quand Sériane-kerm tranait son épée et sa troupe dans les batailles que leur commandait Iop, suventionnées un jour par un autre dieu, et le jour suivant par encore un autre dieu.

Les temps étaient à la disette car les vergers étaient en feu, les champs en dévastés et les villages en ruine. On pouvait à l'aise se promener et faire jouer de ses muscles : on vait tout ce qu'un gros porc sans cervelle pouvait souhaiter : bière, femme, bière, femme et baston.

Nous fîmes la rencontre de cette troupe un beau matin, sur les terres arides de Sidimote. Seriane-Kerm venait de faire subir sa premiére défaite à Mharssa'Thakh, l'un des champions du dieu Sram.

On parlait alors de la Grande Dérouillée et les créatures pathétiques qui peuplaient ces landes murmuaient déjà que la colére de Sram serait terrible. Un toute jeune barde chantait alors " Aussi fourbe qu'un Corbac, aussi fort qu'un Ouginak " sur un rhtyme sacadée, sa colère et son indignation sur son intrument de musique nommé le "Phowphowphowphow", un instument de la tribu des Trools.

La rencontre en elle même n'eut rien de très spéctaculaire. Je dis cela car l'on s'imagine souvent ce genre de rencontre historique par des images terribles, des serments de loyauté, de terribles malédictions ou encore des oeillades interminables.

En réalité ca s'est passé de la façon suivante : nous sommes arrivées par le versant ouest, avons supris l'odeur de leur gibier en cuisson sur le feu de camp et j'ai alors conseillé de rajouter un peu de miel pour dorer la viande. Suite à quoi le grand gaillard qui se nommerait plus tard Sériane-kerm me répondit par un simple : " Ah oué ! Pas con ! " .

Suite à quoi, le gros sadida de la bande alla chercher le fameux miel et nous fûmes invités à partager le repas. Sans doute , vous dites vous "qu'enfin" un élément épique allait intervenir pour sceller notre union ? Détrompez vous : les prétendus héros de ce monde ne sont à la base que des gens normaux, aux besoins semblables : nous rigolâmes, buvâmes et papotâmes.

Sériane nous demanda qui nous étions et interessé par nos récits nous proposa de se joindre à lui pour les batailles à venir devant les terres infestées par les créatures du dieu Sram. Ne trouvant rien de mieux à faire, je proposai à mes compagnons de rejoindre le iop. A quoi ils me répondirent tous en coeur par un " Moué.." laconique.

Les jours et les nuits suivante nous ont vu faire quelque chose qui ne plu pas à l'autre groupe. Par la suite, je su que nous étions trop voraces, trop cruels mais je n'eu jamais le temps de leur faire remarquer qu'il n'y avait pas de guerre propre, que le fait de faire couler le sang n'avait rien de subtil et que les méchants comme les gentils chiaient comme le commun des mortels.

Bref, qu'ils n'avaient certainement pas de leçon à nous donner juste parce qu'ils édulcoraient leurs massacres avec des poèmes et des cris de mâles éffeminés. Et comme de bien entendu, ils ne voulurent rien entendre à ce que je nomme simplement le bon sens.

Toujours est-il que passées deux semaines, avec eux, nous avions déjà collectionné bon nombres de victoires, de la petite escaramouche à la bataille déseperée d'une vingtaine contre des miliers. Comme vous pouvez le voir : rien de très suprenant à ce que des êtres surblindés aux vitamines défassent des hordes entiéres. C'est le principe même de la toute puissance, tellement ennuyeuse.

Mais alors que tout cela commencait à sentir le déjà-vu, mes compagnons et moi même avons été trahis par l'autre groupe, à l'insu de leur chef. Dans leur petitesse et leur médiocrité , ces batards nous avaient jalousé et conspirant notre perte nous avaient tendu un terrible piège.

En une nuit nous fûmes capturés, enfermés et soumis à un rituel confectionné par le " gros " et avant d'être enterrés vivant nous avons eu juste droit à un : " Par la Lumière et par les puissances Pures, vous êtes jugés impurs et indignes de nous ! Votre cruauté sera enfermée car vos corps ne peuvent être détruits .. " , suivi d'un "blabal" sur l'ordre, la justice et la générosité ou que sais-je encore.

Nous étions trahis alors que nous avions honoré notre part du marché et enterrés vivants nous allions disparaitre.. Jusqu'à ce qu'une nuit, bien des années plus tard, un iop totalement débile ou totalement génial, au choix, allait venir nous libérer.

D'abord un suintement de vermine .. Puis un légér bruissement de terre qui s'ébroue .. Pour enfin finir sur une voix, une simple voix qui peste contre sa pioche cassée.

En ouvrant les yeux je su plusieurs choses soudainement : que j'avais été trahi, que des centaines d'années étaient passées et surtout que j'étais dans une foutue colère.

Quelques minutes plus tard, debout et à moitié nu dans mes vêtements en lambeaux, je tenais en l'air et par le cou le premier individu qui s'était présenté à ma vue. Un iop.

Il était plutôt grand, bien bâti, les cheveux très noirs et le regard partagé entre l'ennui et une demence singulière. Le bout de ses bottes pandouillaient en l'air et après ce constat terriblement circonstanciel il me parla enfin en me sortant un : " Bon t'as fini ? ".

Je le reposai à terre et le vis défaire les plis de son col, l'air ennyué. Levant le regard vers moi il prit la parole par des mots qui allaient celler mon retour dans le monde et toute la suite :

- Bon, tu te nommes .. En fait je sais pas ton nom mais il est parmi l'un des dix là, regarde, me dit-il en me montrant un ancien ouvrage par terre.
- Oui je suis l'un de ceux là, répondis-je après m'être penché.
- Cool ! Moi c'est Lothar. T'étais dans la merde, moi je suis dans la merde alors en échange du fait que je t'ai liberé tu vas m'aider.
- Et pourquoi ca ?
- Parce que je sais comment retouver ceux qui t'ont enterré vivant.
- Ah. Tu viens de gagner du sursis.
- Je sais. Mais nous n'avons pas beaucoup de temps. Suis moi.
- Minute. J'ai faim.
- Ah.. Euh, c'est noté que t'es un Bouffeur ..
- Un Dévoreur..
- Moué, s'tu veux... Ben chai pas moi, t'as qu'à dévorer tes potes ?! Ha! Hahahaha !, dit-il sur le ton de la plaisantrie.


Quelques minutes plus tard je quittai une grande gallerie souterraine pour sortir à l'air libre. Le monde avait changé, je le sentais et je me promis alors de savoir le fin mot de toute cette histoire.

Je sû que Seriane-Kerm avait donné naissance à un clan, que ce iop en faisait partie, qu'ils étaient menacé par un affreux petit xelor et qu'il me fallait aller buter le xelor parce que personne ne pouvait le faire.

Je su aussi que si je faisais cela je serai officiellement reconnu comme ce que j'avais été : une personne de parole. Que les traitres allaient m'être livrés et que je pouvais à la fin de tout cela faire ce que je voulais.

Le marché, bien que simpliste, me convint. Je commencai mes errances, m'instruisi de l'histoire passée entre ma disparition et le présent de la Province, me nourri de quelques Compagnons de Sérianes au passage car après tout ces sales petits cons le méritaient.

Rinbour y passa en premier. Suivi de Vivh et enfin de Flamiah. On me demanda d'épargner Groblon et comme c'était le fantome de Sériane-Kerm en personne qui le fit, j'épargnai la carcasse du gros. Bien sûr je retrouvai le xelor, Zhed et avec l'aide de pas mal des membres du clan sériane nous le réduisimes à terre, et je le dévorai.

La suite est assez confuse car j'étais enfin libre. L'affaire se conclu par l'arrivée d'un ecalfip nommé Sor-Taroth et en le voyant je sû que je l'avais déjà vu il y a fort longtemps, sous une autre apparence. Je n'épiloquerai pas sur l'intervention de Sor car cela ne m'interesse pas.

Je décidai alors de rester un peu dans ce nouveau monde. Je fondai une légion sériane, la I° légion avec l'aide de quelques individus tels qu'Uakkin, Lilla, Minuit et Ombredemort. La légion perdure et a grandi.. et moi je réside aussi, jusqu'à ce que ma déesse, ou Seriane-Kerm, me rappelent.

Lettre laissée dans la salle privée de la I° Légion :

La I° Légion est encore debout et défend le clan.

Le but premier que je lui avais reservé n'a pas été desservi, celui de mener une guerre de guilde contre guilde, afin de nuire aux pourrisseurs du clan, à leur guilde.

C'est avec simplicité que j'ai recu la visite de Sériane-Kerm, en songes. Et c'est avec le même sentiment, mais cette fois ajouté de celui d'achevement, que j'ai reçu de nouveaux ordres, de mon mentor.

Par vos décisions et votre capacité d'adaptation vous avez su faire de cette légion votre légion. Mes visées et les votres ont fini par fusionner et c'est une légion différente de celle que j'avais en tête.. Et sans doute différente de celle que tous les candidats avaient, en postulant.

Cela est bien, et prouve en somme la réussite de l'entreprise, quelque soit les mauvaises langues.

Mon dernier ordre sera le suivant : poursuivez cette oeuvre, défendez le clan de mon mentor. En tant que légionnaire ou si la légion est dissoute après mon départ, en tant qu'individus. Après tout, la légion n'est rien sans la conviction de ses légionnaires.

Je confie le commandement à Mafr, parce qu'il est Maitre Sériaine. A part Azusa qui fut mon échec personnel, j'ai été satisfait de vous tous.

Sans doute le monde n'accépte pas encore toute la sauvagerie qui est la sienne et se la cache.. en attendant les jours effrayants de sa réalisation.

Alors, sans doute reviendrai-je.

Sam était revenu, épisodiquement, au clan sériane. Ayant rejoint depuis quelques jours ses légionnaires il était étonné de voir les diverses réalisations. Et déjà, un sentiment étrange le mettait mal à l'aise. Il n'arrivait pas à le qualifier.

Les jours passérent et la saison bascula. Les beaux jours étaient de retour. Un calme bien déroutant avait, semble-t-il, gagné le clan. Comme si la longue période de gestation était finie. Révolue les tensions du départ, finies les envolées des origines. C'est là que Sam réalisa ce qui se passait. Le clan n'avait plus besoin des Compagnons de Sériane-Kerm.

Le petit incident qu'il vécu avec Sadidadidoo, l'irrespect qu'il avait vu dans le regard du jeune sériane mais surtout le manque de réactivité de tous les autres lui confirmérent que cela était bel et bien fini. C'était assez nouveau pour de sentir cela; que l'on avait plus besoin de lui, que l'on ne le craignait plus.

Quelques minutes plus tard, dans la montagne des Sadidas, juchée dans les hauteurs de la chaine Koalak, Groblon, autre Compagnon, reçu la visite de Sam. D'abord étonné, puis désagréablement surpris des dires de son ancien allié, le gros sadi se résolu à devoir accépter la nouvelle, à son tour. Il enjoignit Sam de ne pas chercher la vengeance, que cela ne servait à rien et obtenu cette promesse, à moitié.

Une fois le Devoreur parti, Grobolon prit ses affaires pour un dernier voyage dans les terres d'Amakna. Il devait voir la III Légion dont il faisait officiellement partie. Il leur apprit la nouvelle de la visite de Sam, de ses dires et du fait que bien malheureusement il en pouvait qu'être d'accord, même si, lui, le prenait plus sereinement.

Après quelques minutes de discussion, il se résolu à partir, non sans le coeur lourd. Ayant déspoé son bagde de la III° Légion et son insigne d'appartenance au Clan Sériane, le Potentiaire de Sadida alla se trouver une plage pour y faire le restant de ses jours.

C'est par cet épisode que les deux derniers Compagnons de Sériane à s'être manifesté, se retirérent des affaires du clan. Parce que le temps avait fait son effet, que le devoir de mémoire n'était pas toujours facile à enseigner mais gardant l'espoir que les gens se souviendraient d'eux. Car eux, garderaient quand bien même, toujours, un oeil sur le clan.