[Historique] Ellayve-Moha.

I. Un choix à faire.

An 630, Province de Mutek.

-Hébé spas trop tot, tu trainais où encore?!

L'Eniripsa venait tout juste de refermer la porte avec discrètion quand elle entendit la voix de sa mère ...

-Non mais tu as vu l'heure? Tu te moques de qui? Je n'en peux plus de devoir te surveiller! Tous les soirs c'est la même histoire! Tu m'entends? Je n'en peux plus!
-Désolée Mom'...
-Je ne veux pas t'entendre, j'en ai pas fini!
-...
-Il me semblait avoir été claire la dernière fois, je ne veux pas que tu sortes voir ce...ce..type! Ce n'est qu'un voleur, un roublard!
-Tu...
-Pardon? Tu veux répondre??

Voyant les yeux rouges et brulants de colère de sa mère, la petite fée préféra ne pas répondre et laisser continuer à pleuvoir dans un long monologue sans fin les reproches sur son attitude désinvolte, immature et complètement irresponsable. Pourtant elle, elle l'aimait son "roublard" et rien ni personne ne l'empecherait de le voir, oh ca non alors! Elle n'espérait qu'une chose, pouvoir construire sa vie avec lui, à ses cotés, éternellement...
Ah ca, elle en avait des reves, des reves pour eux deux. Un jour, ils se marieraient, auraient une grande maison et plein de petits gamins autour. IIs s'aimeraient plus que tout, ne connaitraient jamais le malheur, ni la tristesse. Qu'est ce qu'elle était naive alors. Et pourtant, elle ne voyait pas, pas encore, ce qu'allait être sa vie.
Elle était là pour le moment, dans cette petite maison des paysans de Mutek, où l'odeur du pain chaud se frottait à celle des bouftous de l'étable.. Odeur délectable dont il était difficile de se défaire. Ici, elle devait partager sa chambrette avec sa soeur haissable, mademoiselle parfaite en toute situation, chouchouttée par les parents. Rah quelle saleté cette soeur, ca devait encore être elle qui a prévenue Mom' de son excursion nocturne, pour sur! Toute son enfance durant, elle avait souffert à cause de son ainée, là où elle échouait l'autre réussissait avec les honneurs.

-Misourata? Regarde moi quand j'te cause!!
-Oui Mom'...

Sa mère continuait de plus belle, mais Misou était perdue dans ses pensées, elle songeait déjà à quelle sombre torture elle pouvait préparer pour sa soeur. Lui couper les cheveux pendant la nuit? Renverser de l'eau dans ses draps? Mmm non, trop banal! Il fallait quelque chose d'autre, quelque chose de sournois. Et là, elle riait intérieurement, un rire sadique et froid, le regard illuminé d'un aliéné. Mais ses pensées étaient une fois de plus coupées par la voix stridente de sa mère.

-Oh! C'est important. Ecoute moi bien.
-Quoi?
-Tu veux jouer les grandes?
-Mais je suis grande!
-Silence!
-...
-Bien alors écoute. Tu vas avoir à faire un choix désormais. Avec Pop', on a discuté et cette situation n'est plus supportable. Tu vas donc devoir choisir entre ce plouc et nous. Si tu le choisis, on ne veut plus entendre parler de toi et cette décision sera sans retour...
-Mais..
-Je t'ai dit d'écouter! Donc, si tu nous choisis, on pourra repartir sur des bases stables dans le meilleur des mondes, comme avant...

Dans sa voix, on sentait de la nostalgie. Pourtant c'était pas elle qui avait du subir ce que Misou avait subi! Elle n'avait jamais du subir les foudres de ses parents parce qu'elle n'avait pas réussi l'examen de passage pour devenir paysanne que même un manchot pouvait avoir... Elle ne devait pas subir non plus les moqueries de sa soeur, mademoiselle grognasse en toute situation oui!

-J'espère que tu réfléchiras bien à tout ca, à ce que ca implique.
-Mom', j'ai déjà ta réponse!

Son sourire et son regard étaient provoquants. Pour elle, la réponse était évidente, elle ne voulait plus de cette vie, elle ne voulait que lui et qu'on la laisse enfin en paix.

-Hin??
-Bah oué. Moi aussi j'en ai marre de toussa. Alors plutot que vous ennuyez comme c'est l'cas actuellement. J'm'en va et tout l'monde sera content hihi.

Sa mère n'en revenait pas, ses yeux n'étaient plus rouges de colère, mais roulaient dans leur orbite, sa bouche était grande ouverte, stupéfaite.

-Tu t'moques de ta Mom' là hin?
-Nan, j'me tire.

Misou était fière de son effet, pour la première fois, elle avait fermer le clapet de sa mère et en plus, elle avait pris une décision importante qui allait enfin lui permettre de voler de ses propres ailes d'Eniripsa. En face, elle voyait sa mère qui essayait de formuler une phrase, mais les seuls sons qui sortaient, ressemblaient plus à du bwork qu'autre chose.

-Béh..Gah..Gné??
-J'fais mes affaires et d'main j'me casse. Pluch Mom', dors bien.

Sur ces derniers mots, elle partit en sifflotant, plus joyeuse que jamais, laissant sa mère sur le carreau ou presque toujours à prononcer un langage bwork poussé

II. La ptite porte.

La nuit avait été très courte pour Misou désireuse de partir le plus vite possible désormais. Elle regardait sa soeur dormir en face d'elle, que son visage était niais endormi, enfin encore plus qu'à l'accoutumé. Elle, elle resterait là à vivre la vie palpitante de paysanne, à faire du pain, à soigner les bouftous... Alors que Misou courirait dans les champs, main dans la main avec son fiancé! Ca c'était la vie, la vraie, elle vivrait la grande aventure, des émotions en pagaille mais pas trop quand même, une succession d'évènements marquants! Elle n'avait pas tort sur toute la ligne...

Elle avait songé toute la nuit durant à ce qu'elle allait lui dire en le voyant après des: "Chériii devine quoi?? J'emménage chez toiii!" ou encore "Mon tit sucre, tu m'aimes?", elle avait finalement opté pour la formulation "Tu fais quoi pour les heu...'fin jusqu'à la fin de ta vie? Une tite enie comme moi, ca t'dirait pour te faire gailler à longueur de temps?". C'était sans détour, franc, assez réaliste donc ca ne pouvait que marcher, il allait céder en entendant ces mots, pis il avait pas le choix toute facon, la décision était prise!

L'heure du lever sonnait, un tofu fou pillait à l'extérieur enfin juste assez longtemps pour réveiller la maisonnette avant que Pichenette, ce bon chacha, lui saute à la gorge et joue à sa façon avec lui. Ni une, ni deux, elle était prête, ses ailes plus rouges que jamais reflètant sa détermination, son plus beau bikini noir qu'elle ne sortait que pour les grandes occasions et un petit chignon réhaussant les très fins de son visage encore enfantin. Galopant vers la pièce principale, elle sentait une odeur lourde et froide, inhabituelle ici. Sa mère était déjà là, le dos vouté comme si elle portait désormais le poids du monde sur ses épaules. Elle ne se retourna même pas en entendant Misou arriver.

-Bijour Mom'

Aucune réponse. Le sourire de Misou s'estompa l'espace d'une seconde mais elle se remémora ce qui l'attendait au dehors, ces grandes et merveilleuses choses... Ah, et voilà, regonflée à bloc!

-Bien Mom'...Tsé, j'ai pas changé d'avis hin alors vu que j'va partir, tu pourrais ptet me dire Au revoir ou j'sais pas quoi... Une phrase gentille quoi.
-Dégage fille ingrate. Tu n'es qu'une égoiste, égocentrique, prétentieuse, narcissique et nombriliste, tu ne mérites meme pô que j'te cause. Heureuse?
-J'm'attendais à kek chosed'autre mébon... Ce sera tout?
-...

Voyant cette réponse éloquente, Misou repartit dans sa chambre pour prendre ses quelques affaires qu'elle avait rassemblé la veille... Rien de bien glorieux: Quelques piècettes provenant de la vente de briochettes, un ensemble soutif/string pour les coups durs, une baguette en caw-thon et bien entendu l'indispensable Pichenette. Ignorant sa soeur encore endormis et ne s'attendant plus à la moindre réaction de sa mère, elle lui dépose un simple baiser sur le front, sans un mot. Son coeur souffrait, mais elle ne montrait rien. Un dernier regard sur cette maison, et la voilà qui se traine maintenant vers le seuil de la porte..."Tu es grande, tu l'as choisi!" se répétait elle inlassablement.

-N'oublie jamais une chose Misou...

Mom' avait la voix tremblante, guturale, ca ne lui ressemblait absolument pas...

-Quoi?
-Personne n'est irremplacable, ne l'oublie jamais...

Refermant la porte, ces mots résonnaient en elle.

-Qu'est ce qu'elle voulait dire??

Ces mots, c'étaient les derniers... Elle n'eut depuis, aucune nouvelle de sa famille.

III. Premier baiser

La dernière phrase prononcée par sa mère interloquait quelque peu la maigre conscience de Misou, mais rapidement son égoisme légendaire reprit le dessus. Qu'importe ce que pouvait penser sa mère après tout, ce n'était pas sa vie! De quoi se mêlait t'elle? Seul comptait désormais son envie de vire et partager avec son amour.
Elle l'avait rencontré lors de la fête des citwouilles au village l'an passé... C'était un de ces soirs annonciateurs de la saison froide, le vent était frisqué et faisait claquer les dents des plus frileux. Il était arrivé avec sa tribue d'amis, très mal vue par les anciens qui ne s'empêchaient jamais de radotter continuellement "Ah ste racaille devrait être interdite ici, d'mon temps c'était pô comme ca, moi j'vous l'dis!". Qu'importe, il était là et faisait tourner pas mal de tête, même sa soeur n'avait pu s'empêcher de baver. Normal avec son regard ravageur, son sourire charmeur et coquin et sa voix si sensuelle, mmm! Le moindre mot provoquait chez Misou un long frisson parcourant tout son corps... Ah jeunesse et premiers émois amoureux... Tu nous perdras!

Si il n'était pas venu vers elle, Misou ne lui aurait probablement jamais adressé la parole, bien trop génée et timide. Il pouvait avoir toutes les filles qu'il voulait, pourquoi la choisirait il? Et pourtant, il était venu en face d'elle, laissant ses amis en retrait avec tous, un regard interrogateur. De plus près, il était encore plus séduisant et les ailes de Misou ne tardèrent pas à devenir rouge vif, trahissant ses pensées et sentiments.

-Hey, salut toi.

Misou crut bien qu'elle allait lacher prise et tomber dans les pommes tellement ce qu'il lui arrivait était improbable... Pourtant il ne faisait que lui dire bonjour.

-Bi..Ba...Bonjour
-Hum, je ne savais pas que tu bégayais.
-...
-Désolé, je suis maladroit...tu n'aimes peut être pas qu'on en parle. Je passe à autre chose alors.

Et il fit un sourire qui la fit craquer un peu plus. Ne voulant pas laisser un malaise s'installer, il continua...

-On me nomme Marh Destenana, Marho en général.
-Moi c'est...c'est Misourata... En..Enchantée.
-Je le savais déjà, ca fait quelques temps que j'essaye de t'approcher mais tu sembles toujours bien trop occupée...Mais je n'en reste pas moins enchanté également!
-Ah... Ah bon?

De fil en aiguille, ils s'écartèrent de la fête pour se rendre à la lisière du bois de Mutek. Il parla longuement de ses origines Astrubiennes, de l'envoutement que Misou avait jeté sur lui, de ses amis, de sa vie, de ses envies, ses projets... Elle buvait chacune de ses paroles comme si il s'agissait d'un grand sage délivrant son savoir. Jusqu'à ce que le moment du baiser arriva...Elle ne sait plus bien comment cela arriva, mais pourtant, leurs lèvres se rencontrèrent et ce fut le moment le plus inoubliable qu'elle vécut. Tout était parfait, le lieu, la personne, l'émotion... C'était étrange pour elle, son premier baiser. Avant elle ne "s'entrainait" qu'avec sa main comme lui avait préconisé ses amies. Pour la première fois aussi, elle se sentait vivre, en sécurité blottie contre lui. Rien ni personne ne pouvait l'atteindre.

En un an, leur relation évolua, ils se voyaient dès qu'un moment libre s'offrait à eux. Misou s'était offerte à lui, offerte à un amour déchu. Tout allait pour le mieux, du moins elle le pensait et c'était confiante qu'elle allait aujourd'hui le retrouver pour lui annoncer son départ de la maison familiale pour vivre avec lui. Marchant vers la lisière du bois, elle retraçait le chemin qu'ils avaient emprunté du premier jour à aujourd'hui. Il avait souvent parler d'un retour probable à Astrub.. C'était peut être un signe, le moment était venu d'y retourner. Il fallait qu'elle trouve le moyen de le convaincre. C'était gagné d'avance...

IV. Un nouveau commencement

An 632, Cité d'Astrub.

Voilà plus de deux ans que Misou et Marho s'étaient donc installés à Astrub comme elle lui avait demandé. Tout ses rêves de maison, de vie à deux paisibles, ebsolument tout c'étaient très vite envolés. A peine arrivés, le comportement de Marho changea radicalement, lui autrefois si doux et tendre était devenu distant, insensible, un inconnu presque. A toutes les questions de Misou il répondait simplement d'une voix froide "Aies confiance" et elle gardait confiance...

Le premier mois, ils s'étaient installés dans une batisse en ruine, il disait que c'était du provisoire, en attendant de trouver quelque chose de solide. La journée, il n'était jamais là, elle ne savait pas où il allait mais elle imaginait que c'était pour leur trouver une jolie maison parce que pendant ce temps, elle, elle restait là avec la vermine que comptait la demeure à lire et relire un vieux livre sur les Légendes dofusiennes qu'elle avait trouvé à l'étage.

Le deuxième mois, les choses changèrent radicalement, les illusions de Misou s'envolèrent toutes. Marho, toujours plus distant et étranger aux yeux de Misou, l'emmena dans un autre quartier de la cité d'Astrub. Au fur et à mesure qu'ils progressaient dans ce quartier, les rues devenaient des ruelles de plus en plus étroites, plus sombres, l'air devenait plus lourd. Marho serrait plus fort la main de Misou, pas pour lui donner confiance, pour ne pas qu'elle fuit. Il s'arreta net. Devant eux se profilait une maison qui semblait en ruine, il y avait une pancarte au dessus de la porte qui indiquait "Ta er e", le v et le n étaient illisibles. Marho monta les premières marches en tirant Misou pour qu'elle suive. Il n'y avait ici rien d'engageant, et surtout personne...

-Viens, suis moi.
-Qu'est c'qu'on vient faire ici?
-Aies confiance, tout va bien s'passer.

Et elle le suivit, une fois de plus, une fois de trop...
Lorsqu'ils furent à l'intérieur, elle ne s'attendait pas à ça. Tout ici respirait le luxe et la richesse. L'espace était grand. Sur leur droite se trouvait le comptoir sculpté dans un bois rare, surement de l'orme. La plafond était haut et couvert de fines décorations dorées. En progressant dans la pièce, Misou n'en croyait pas ses yeux, partout où elle regardait, il n'y avait que des choses rares, luxueuses dont elle avait souvent révé. Ses yeux étaient trop occupés pour qu'elle se pose la moindre question et qu'elle remarque l'imposant homme qui descendait les marches pour aller vers eux. Marho le remarqua lui et posant un genoux au sol, il prit la parole.

-Bonjour Maitre.
-Hihi vous voilà enfin mes enfants... Je vous attends depuis un moment..

Misou ne disait mot, regardant Marho, puis cet inconnu tour à tour. Pourquoi l'avait il appelé Maitre?

-Hey bel enfant, ne t'en fais pas tout va bien se passer! Je me présente Paul Higam, maitre des lieux. Non non, ne vous présentez pas, vous êtes Misourata, je sais déjà tout ça.

Cet inconnu essayait de se donner une voix douce mais son rire était froid et terriblement sinistre, tout laissait croire qu'il était dur, très dur. De petite taille et dodu, son physique n'avait rien d'attrayant. Son crane était dégarni et laissait apparaitre une large tâche de vieilleisse. Il était vêtu d'un simple peignoir brodé dans un tissu précieux. A chacun de ses bras se tenaient une demoiselle, qui ne décrochaient pas un sourire, leurs visages étaient comme figés sur une seule expression. Une Sram à sa gauche, une Cra à droite.

-Mmm, j'imagine que vous vous demandez ce que vous faites ici, nous allons y venir dans une petite minute. Et bien tout d'abord, bienvenue. Houbly, va nous chercher de quoi nous mettre à l'aise.

Et la Sram partit dans une autre pièce, le pas léger et discret. Il ne restait plus que ces deux inconnus face à notre couple et tellement de questions...

V. Ainsi va la vie.

An 635, Astrub.

Trois ans s'étaient écoulés maintenant. Misourata était devenue Ellayve et tout comme Houbly, Kalhine et Anvouth, elle n'était qu'une fille parmis d'autres, vendant ses charmes sous la force de persuasion d'un vieux pervers. Elle ne sait plus bien comment elle en était arrivée là mais ces quelques souvenirs lui faisaient dire que son Maro était un beau salop qui l'avait vendue pour quelque kamas et surtout pour enrichir la "collection" de son maitre.

Elle se remémore encore le moment où la Sram, Houbly, revenait de la salle derrière, un plateau chargé de verres entre les mains. Cette douce sensation de chaleur lorsque le liquide vient rencontrer ses lèvres, sa bouche puis sa gorge... Avant de la plonger dans le noir. Elle ne s'était soit disant réveillée que 3 jours après, dans un lit immense, des yeux curieux la dévorant tour à tour. C'était ceux d'Houbly et de Kalhine. Effrayée, elle se recroquevillait à la tête du lit, le drap tiré sur elle.

-Hey, n'aie pas peur de nous petite Eniripsa, on ne te veut aucun mal tu sais.
-Oh non, aucun mal!

Et à partir de là, commenca des heures et des heures d'explication sur ce qui se passait et surtout sur ce qui attendait notre jeune amie. Elle se rebellait, ne voulait pas y croire pourtant c'était bien la réalité et sa nouvelle vie qui s'annoncait par un nouveau nom plus 'local' et surtout plus en rapport avec son 'métier' comme elles disaient. Les explications étaient simples:

-Tu obéis, tout se passera bien, pour toha, pour nous, pour eux.
-Qui eux?
-Tes proches ma grande! N'oublie pas qu'il sait exactement d'où tu viens, et il ne plaisante pas avec ces choses là...
-Et si je refuse?
-On devra te montrer quelque chose, ca sera surement plus clair et représentatif.

Ce qu'elles lui montrèrent le lendemain était une pièce camouflée par une tapisserie murale. Une pièce petite, sans fenêtre avec en son centre une petite cage parsemée de clous sur chacun de ses barreaux, un peu plus en retrait il y avait une chaise ainsi qu'une tablette où était soigneusement déposé une multitude d'outils dont l'utilité était plus qu'explicite.

-Il l'appelle la salle de purification... Une amie y est restée...

La menace sur ses proches, la peur d'être "purifiée" avaient poussé Ellayve, puisque c'était son nouveau nom à présent, à parcourir les ruelles d'Astrub à la recherche de potentiels clients pendant ces trois années. Mais son coeur, bien que noircit, et son esprit amoindrit, couvaient sa rage, sa haine et son désir de liberté. Elle avait réussi à convaincre ses nouvelles soeurs de coeur, les Moha comme elles aimaient à se faire appeler, de s'entrainer, devenir fortes, puissantes pour ensuite s'évader de ces murs sinitres qui les retenaient.
Entre deux "pauses", elles se retrouvaient, se battaient, cherchant des failles, des coups forts. Kalhine se révela à ce moment la plus puissante, maitrisant l'art des ronces, emprisonnantes, apaisantes, agressives. Houbly avait l'art de l'invisibilité et ses coups étaient fatals une fois qu'elle arrivait au contact de sa victime. Anvouth tirait des flèches à une allure impressionnante, ne manquant jamais sa cible. Enfin, Ellayve était la plus faible, du moins on le pensait, mais son pouvoir était le plus difficile à controler et à développer, elle n'arrivait pour l'heure qu'à faire quelques maigres soins en prononcant des mots incompréhensibles pour toute oreille inexpérimentée..

Et le grand soir arriva. Toutes les quatre se sentaient prêtes. Prêtes à accomplir ce pourquoi elles s'étaient entrainées. Il était temps pour elles d'anéantir la source du mal qui les rongeait. L'échec n'était pas permis sinon cela finirait par la mort au mieux, la torture, le meurtre des proches et l'emprisonnement au pire. Elles le savaient.

La maison était constamment gardée mais le plan était simple, tuer vite et bien. Elles se retrouvèrent dans le couloir qui menait à chacune de leur chambre. Au bout du couloir se trouvait les escaliers montant soit vers l'étage supérieur, soit vers le vaste hall, mais là patroullait également les gardes. Le plan était simple, Kalhine invoquait une de ses poupées cinglées pour distraire l'assemblée pendant qu'Houbly montait directement et qu'Anvouth décochait ses flèches punitives. Mais une chose n'avait pas été prévue... Le bruit des corps s'affalant d'une masse sur le sol et certains gémissants de douleurs. Le hall fut vite rempli d'hommes réveillés par le bruit, à moitié habillés mais prêts à en découvre. Chacunes se regardaient tour à tour, la mine défaite et la panique transpirante de leur être.

-Pensez ce pour quoi nous en sommes là mes soeurs! Ne perdez pas espoir! On ne peut pas flancher, pas maintenant!

Ces mots, c'était la jeune Eniripsa qui les avait prononcés. Elle qui ne servait à rien jusque là, implorait sa déesse pour stimuler ses soeurs et les rendre plus vives dans sa langue indéchiffrable mais son visage haineux en disait long sur sa volonté. Kalhine reprit espoir et transforma alors la maison en jungle. Des arbres, des herbes folles, des ronces vicieuses et ses poupées déglinguées s'agitaient dans la maison transformée. Anvouth n'en souffrait pas et réduisit à néant la vue de ses adversaires par un oeil de taupe. Des taupes prisent dans un piège que construsait sournoisement Houbly, devenue presque euphorique. Ellayve s'éclipsa discrètement pour monter voir leur "maitre", il était étrange qu'il ne soit pas encore là d'ailleurs. Mais elle comprit vite pourquoi une fois arrivée au seuil de sa chambre... Il avait fuit. Une porte dérobée dans le mur était entrouverte et menait directement aux égouts d'Astrub. Ses soeurs l'avaient rejointe à présent et découvrit avec tristesse le spectacle.

-Il doit être loin maintenant...
-On doit le retrouver, coute que coute... Il a encore les moyens de se venger, je vous le rappelle et puis même pour que cela ne se reproduise pas avec d'autres, il doit mourir.
-On aura bien assez le temps va, maintenant.
-J'aimerai en être aussi sure...

Et c'est ainsi que ce soir là, les quatre soeurs sortirent libres de la maison d'où elles étaient prisonnières. Le visage rayonnant mais le coeur lourd, pensant évidemment à ce qu'il pouvait se passer désormais. Elles se savaient fortes ensembles mais leur désir de puissance n'en était qu'à son début et quelques soient les épreuves, elles pouvaient s'en sortir. Ellayve avait toujours qu'une seule idée, se venger, faire mal, blesser et anéantir ceux qui l'avait mise à mal. Autrefois si douce, aujourd'hui si dure, elle retenait une chose "Tout ce qui ne tue pas, rend plus fort" et également que la confiance ne se donne à personne, ses soeurs uniquement la méritait, les autres, les hommes notamment, ne pouvaient être que des objets à manipuler et dont profiter sans pitié avant de passer à autre chose.
Ne jamais s'attacher, voilà une lecon.

Amakna, an 637

L'histoire ne dit pas ce qu'a été sa vie, ce qu'elle a voulu montrer, prouver ou révéler, mais comme toute histoire il y avait une fin, arrivée pour celle qu'on appellait Ellay.
Peu appréciée, elle avait su cultiver l'art de l'hypocrisie, de la manipulation, de la prétention et toutes ces choses que beaucoup détestaient cordialement.

Loin des moralités à deux sous et du "quand dira t'on", elle avait su s'amuser, dépasser les limites de la bienséance et des normes sociales en offrant un joli doigt à ceux à qui cela déplaisaient.

Le regard étincelant, une nouvelle aventure l'attendait, peut etre plus grande, peut être pas, peutre être allait elle le regretter, peut etre pas. Chaque chose étant remplacable, aucun doute que tout l'monde continuerait d'avancer, dans son coin. L'hypocrisie a ses avantages, on ne s'attache pas aux gens, on les survole quand ca a un intérêt, avant de tourner la page.


La seule chose qu'elle pouvait encore souhaiter, c'était que certains ouvrent les yeux sur ce qu'ils sont, pas sur l'image qu'ils veulent donner et qu'enfin, ils l'assument pleinement. Ainsi la vie serait plus simple, moins d'espérance, moins de désillusions, moins de souffrances.

Son bateau commencait à s'éloigner, le sort en était jeté...

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Valà valà, un dernier ptit message pour cloturer une longue, trop longue!, épopée dofusienne!
Loin de moi l'idée de faire un long blabla ennuyeux et monotone, je veux simplement dire un grand Merci aux personnes que j'ai pu cotoyer de près ou de loin pour les bons (ou moins bons) moments partagés!

A bientot peut etre dans le nouveau jeu qu'on appelle Irl qui sait! Bonne ocntinuation à tous et pleins de bibis! Une chieuse en moins sur Dofus, réjouissez vous!

Je vous salue bien bas! x)

Amakna, an 637

Le retour était amorcé!

Voilà quelques jours qu'elle avait fait son retour sur les terres d'Amakna. Quelques jours où elle ne comprenait pas bien les évolutions qui étaient survenues ici et là... A ses lieux 'cultes' elle ne retrouvait rien... Pas d'agressions -ridicules- à Astrub, pas de monde à ses zaaps, ses ailes diminuants sans rien faire oO... Une seule question lui venait à l'esprit avec son tact et son éloquance reconnue:

-Mais kek c'est ce foutoir??! Bourdel di mirde!

Une solution s'imposait, retrouver ses grogniasses de soeurs surtout que c'était elles, les gardiennes de ses vetements Ô combien sacrés (et destructeurs). Des retrouvailles heureuses, remplies d'émotions, comme il se doit après une si longue séparation...

-Hey les grosses, je veux mon stuff mes vêtements du toutmou, parce que le chapeau de lapino c'est sympa deux minutes mais j'passe pour une quiche aux yeux de la populace mâle, sans même parler des "démons" que je fuis sagement.
Pis c'est quoi ce délire, y a personne, tout le monde est mort?
Et mes sortigèles pourquoi ils frappent eaux/air, c'est des blagounettes des dieux encore hin? Ils vont me rendre ma perfectitude bientot?

Ainsi, elle comprit dans les grandes lignes que les évolutions avaient été assez extremes, et surtout qu'une nouvelle ile avait été découverte!

-Tombe bien, marre de Moon, pour bronzer c'était toujours blinder, alors pour faire aut' chose, laisse tomber quoi... Enfin on pourra profiter d'une plage sans tous ces vicieux voyeurs.

Oui, l'air lourd, les *plus rares* cris de marchands répétitifs, lui montraient qu'elle était bien de retour. Fraiche, revigorée, conquérante. Le programme était chargé et s'annoncait délicieux.

-Grou.