[Historique] Coups de poings et points de suture

Il fait froid. Non, elle a froid, elle ressent l’humidité du sol et de l’atmosphère. L’odeur de l’humus envahit son nez, elle sourit. Un air moite emplit ses poumons, et ses mains arrivent à flatter la terre ferme. Elle n’ose ouvrir les yeux ; peu à peu, sa paupière droite se lève et elle voit un paysage désolé, mais qui a bien l’air d’exister vraiment. Son autre oeil ouvert, elle contemple ce qui l’entoure. Arrivera-t-elle à se redresser ? Aucun doute, elle a de la force dans ses bras.
Maintenant assise sur un monticule de terre, elle se rend compte qu’elle est dans un cimetière et que son fessier repose sur une tombe. Etrangement cela ne la choque pas. Elle se sent dans son élément. Tout à coup, elle ressent une froideur vive à hauteur de son poignet droit. Quoi de plus normal, elle n’a plus de main au bout, mais elle ne ressent aucune douleur, aucune goutte d’hémoglobine ne s’échappe de la plaie... Elle prend alors conscience que son corps n’est qu’un assemblage de membres, cousus grossièrement les uns aux autres.
Quelle horreur pour n’importe qui de sensé ou étant pourvu de sensibilité.
Mais une question bien plus importante prend le dessus : qui est-elle ?
A vrai dire, elle n’en sait rien...
Tout à coup, un squelette qui passait par là, hurla à ses congénères :

« Hé ! Y’a une nouvelle charogne qui est arrivée bande de loques ! Apportez donc le nécessaire ! »

Charogne ? Le nécessaire ? Ces mots tournoyaient dans sa tête sans vraiment comprendre ce qu’elle faisait là au juste, et surtout ce qu’il allait lui arriver.
Mais cette question trouva sa réponse instantanément : deux chafers vinrent devant elle, l’un avec une bassine plein d’eau et une éponge, l’autre avec des vêtements et une mallette. Quelle ne fut pas sa stupéfaction face à ce curieux spectacle.
Elle se lava longuement car elle était couverte de terre et de sang, puis se vêtit car elle n’avait que des haillons. Les deux squelettes qui l’avaient assistée attendaient, le dos tourné. Elle prit donc la parole, pendant qu’elle ouvrait la mallette qui contenait un nécessaire de couture :

« Heu... Excusez-moi mais... Je ne comprends pas ce qu’il se passe... Pourriez-vous m’éclairer s’il vous plaît ? »

Tous deux se retournèrent, et celui qui prit une aiguille et du fil répondit calmement en cliquetant de la mâchoire, tout en recousant la main de la nouvelle venue du mieux qu’il pouvait :

« Nous sommes là pour vous accueillir dans le monde des vivants, ma charogne. Vous êtes morte, enfin cette enveloppe l’est, mais Sram affectionne les morts et vous voilà donc ici-bas.
Prenez soin du corps qui vous permet d’Être dans ce monde, même si avouons-le celui qui vous a été affecté n’est pas des plus reluisants, ma charogne.
Vous devez tout de même honorer celui qui vous a permis d’exister. Son temple se trouve au village d’Amakna, ici vous êtes au cimetière sur la tombe de notre regretté McAbbey que nous avons inhumé hier –il avait de l’ostéoporose, le pauvre, ça l’a tué, un bon chafer ce McAbbey-.
Bref, une fois que j’aurai terminé cette suture, vous prendrez la route vers le nord, et Sram guidera vos pas, ma charogne.
_ Mais, comment je me nomme ? J’ai bien un nom ?
_ Celui qui vous plaira, ma charogne. »

Coupant le fil d’un cliquettement de dents, le chafer prit sa trousse et les haillons de la nouvelle, et son compère qui était resté là à écouter la conversation, partit avec la bassine et l’éponge.
Ma charogne... Ma charogne... Macha Rogne...
Se levant sur ses deux jambes, la disciple de Sram se dirigea vers la sortie du cimetière, remarquant autour d’elle des scènes plus ou moins similaires à celle qu’elle venait de vivre : des corps pas très frais s’animaient çà et là, et une paire de squelettes se pressaient auprès de chacun. Quelle folie s’était donc emparée de ce lieu d’apparence si calme...
Les portes en fer forgé passées un chafer la questionna soudainement, assis derrière un pupitre où était posé un énorme livre :

« Nom et prénom s’il vous plaît ?
_ ...
_ Vous devez avoir une identité pour fouler les terres du monde des Douze, quelle est la vôtre ?
_ Macha... Macha Rogne... »

Le chafer écrivit sur son registre, et fit signe à la recrue qu’elle pouvait désormais passer son chemin, ce qu’elle fit sans se faire prier, repensant au nom qu’elle avait pris dans l’urgence... Macha Rogne... Au moins, elle avait un nom...

Magnifique Macha
J'aime beaucoup.

Wo....c'est morbide mais wo...

J'aime beaucoup pour ma part je t'encourage vivement à continuer n.n

Je m'incline, magnifique coup de plume.

Mouarf j'adore la fin n.n

Je sais.
Je devrais pas.
Mais merde, ça me plait

Le feca prit le parchemin et le porta à son nez, puis le respira un instant en fermant les yeux.
Un peu étonné, il en lacha le bout de papier, pencha la tête pour se donner l'impression de mieux réfléchir, puis finalement tourna les talons, presque troublé.