[Historique] Prunela, l'aube d'une vie

Un mal pour un bien

La nuit était tombée sur Astrub. Chacun rentrait chez soi. Le tavernier fermait les portes de son établissement après avoir renvoyés chez eux les derniers clients un peu grisés par la bière.
Les rues étaient sombres, et un couple s'y faufilait. La femme tenait un panier, qu'elle déposa sur le seuil de la taverne. Quelques sanglots étouffés rompirent le silence nocturne, un murmure apaisant sortit de la bouche de l'homme:

"Nous ne pouvons pas la garder, c'est dangereux pour toi comme pour moi mon amour. Elle doit grandir loin de nous..."

Les deux silhouettes s'éloignèrent vers le rempart est de la Cité, déployèrent leurs ailes et s'envolèrent par-dessus les fortifications.

Au petit matin, une vieille enutrof se rendit comme chaque jour à l'atelier des bijoutiers afin d'y confectionner des parures plus belles les unes que les autres. Sauf que cette fois, elle trouva sur son chemin quelqu'un qui n'y était pas d'habitude. Elle entendit un gazouilli provenant du côté de la taverne. Elle s'en approcha et vit un panier où un enfant gigotait dedans.

"Ho charmant bambin ! Toi, tu as été abandonné, et je ne peux me résoudre à te laisser ici." Dit-elle en prenant le bébé dans ses bras. Ses yeux étaient ronds, et d'un violet profond. Comme deux petites prunelles.

"Tu t'appeleras Prunela, mon enfant. Je te cherrirai comme si tu étais mon propre enfant, celui que je n'ai jamais eu et si ardemment désiré. Tu m'as été envoyé par les dieux, un miracle pour la vieille que je suis. Mamie Lili est là"

Le visage de l'enutrof était radieux. Elle ne paraissait pas le grand âge qu'elle avait grâce aux potions qu'elle se concoctait, aux habits coquets qu'elle se taillait et aux bijoux éblouissants qu'elle prenait un plaisir immense à fabriquer.

Prunela grandit entourée de tout l'amour qu'elle put recevoir. Mamie Lili vécut les plus belles années de sa vie avec cet enfant. Elle lui apprit l'Histoire de ce Monde, et l'éduqua justement. La petite était très attirée par les livres, les feuilletant avant même avant de savoir les lire. L'enutrof lui apprit donc à lire et à écrire dès ses cinq ans. Et sa Prune était douée ! En un an elle maîtrisait ces deux disciplines parfaitement.

Un soir d'été, Mamie Lili prit l'enfant au port de Madrestam, pour la promenade quotidienne. L'aïeule resta debout face à la mer, Prune s'assit au bord du rivage, toutes deux regardant le soleil se coucher à l'horizon.

"Tu vois mon enfant, le soleil s'en va, il nous quitte mais il reviendra demain. C'est un éternel recommencement. Je me fais vieille, et malgré mes décoctions l'âge est là. J'aurais aimé te voir devenir une femme, mais mon temps est venu. Je sais que je vais moi aussi me coucher, avec le soleil, mais je ne renaîtrai pas demain. Tu as été le bonheur de ma vie. Pendant ces six ans, tu as transformé ma vie. Mais tu devras vivre seule à présent. Découvrir la vie par toi-même et choisir ta voie.

_ Mais Mamie j'veux pas qu'vous partiez moi ! dit l'enfant avec ses grands yeux brillants qui regardaient l'enutrof

_ Hélàs je dois partir Prune. Les dieux m'appellent à eux. N'oublie surtout pas ce que je t'ai enseigné.

_ Mamie, vous pouvez pas, vous devez pas ! J'vais faire quoi moi sans vous ? sanglotta la petite

_ Tu deviendras une femme accomplie, vis ma chérie, vis. Ne te préoccuppe pas des autres et vis." dit Mamie Lili calmement

Le soleil avait presque disparu à l'horizon, seul un fin rayon éclairait le visage détendu de l'enutrof. Puis le rayon se mourut et la nuit se fit. Mamie Lili n'était plus, elle avait disparu avec le soleil.

Prune se releva et alla à la maison de celle qui fut sa mère durant ces années. Elle prit une sacoche où elle mit la vieille plume de tofu maléfique et l'encrier de l'enutrof, ainsi que quelques parchemins vierges, des livres, et de quoi survivre quelques jours. L'enfant attacha ses longs cheveux parme et saisit un bâton de marche. Elle devait partir car Astrub était trop dangereuse pour une enfant de son âge. Ses pas la méneraient en Amakna.

Une rencontre inattendue

Amakna...
Ses plaines, sa forêt, son village...
Lorsque Prunela découvrit cette région, elle se sentit bien. Les grands espaces qu'elle lui offrait la comblèrent.
C'est naturellement qu'elle se fit engager comme bergère, gardant soigneusement les bouftous des villageois contre un repas ou quelques kamas.
Au fil des mois, elle apprit à se servir de son bâton comme une arme, et les techniques de défense de base de la déesse Feca. Elle vécut ainsi durant 6 ans, à l'abri des guerres.
Jusqu'au jour où elle fit la rencontre d'une jeune personne qui changera sa vie.

Prunela gardait tranquilement son troupeau, allongée dans l'herbe, le regard perdu dans le ciel, à imaginer une histoire fabuleuse. Lorsqu'elle entendit une personne crier et des bruits de combat au loin. Elle s'en approcha et vit une jeune eniripsa qui était en train d'en découdre avec un percepteur.

"Prends ça ! Mot de régénération ! Mot drainant ! Pan dans ta tête ! Mot de Frayeur ! Ouch ! TU LE PAYERAS ! GNAAAAAA !"

La fecatte regardait le combat, c'était la première fois qu'elle voyait quelqu'un se battre avec une telle vigueur. Après quelques minutes, le percepteur s'écrasa à terre, achevé par les coups de baguette de l'enie. Prunela s'approcha d'elle.

"Bonjour, je... Bravo pour ce combat c'était... Vous étiez... Vraiment pleine de fougue...

_ Je me nomme Mirabellia, je fais partie de l'Archangel qui met notamment un point d'honneur à protéger ces terres des vols organisés par les grosses guildes... Celui-ci ne vous embêtera plus pour au moins ving-quatre heures dit-elle en remuant le corps inerte du percepteur.

_ Je... Merci... Je m'appelle Prunela, je suis bergère ici. Vous ne voulez pas vous désaltérer à la taverne après cet effort ?

_ Avec grand plaisir" répondit l'enie avec un large sourire.

Elles se dirigèrent toutes deux vers le nord, discutant de leurs vies durant le voyage. Mirabellia était mariée, avait des parents qui l'aimaient, absolument tout le contraire de Prunela.

L'enie s'assit et commanda un lailait fraise, tout comme la jeune fecatte.

"Alors comme ça vous êtes seule au monde ? Ca doit être dur, non ?

_ Ho tutoyez-moi, je ne suis qu'une enfant après-tout.

_ Alors fais-en de même avec moi, dit-elle en souriant.

_ Hé bien, être seule n'est pas vraiment difficile, même si quelques fois j'aimerai bien avoir des amis avec qui rire et m'amuser, m'entraîner aussi, fit Prune en faisant la moue.

_ Je veux bien t'aider à t'entraîner, si tu le souhaites. Mais saches qu'avec moi tu devras le faire sérieusement et y consacrer le plus clair de ton temps. Tu n'auras donc plus la possibilité de continuer à être bergère, dit calmement l'enie en buvant une gorgée de lailait.

_ Je... Je suis prête à te suivre, je suis ambitieuse et pleine de bonne volonté. Je ferai ce qu'il faudra pour me perfectionner, pour maîtriser les techniques de combat de ma déesse affirma la fecatte avec une lueur dans les yeux.

_ Bien. Tu as toutes tes affaires avec toi ?

_ Oui, tout ce que j'ai tient dans ce sac...

_ Je te sonseille de repartir pour Astrub. Les Démons commencent à se faire nombreux en Amakna, et une jeune bergère isolée est une proie facile pour eux. En ville tu pourras au moins trouver refuge en cas de danger.

_ D'accord. Ma déesse m'a toujours protégée, je resterai près d'elle, et je te suivrai pour apprendre à me défendre et à me battre.

_ Soit. Tu m'as l'air de quelqu'un de fondamentalement gentil, ne me considères pas autrement que comme ton égale, Prune.

_ Oui, aucun souci, Mira. Merci pour ce que tu t'apprêtes à faire pour moi...

_ Ce n'est rien, je ne peux pas te laisser ici avec ce danger qui grandit. Allons-y avant que la nuit ne tombe" chuchota l'enie.

Les deux jeunes filles sortirent de la taverne et prirent le chemin inverse que Prune fit 6 ans plus tôt. Un retour aux sources qui allait changer sa vie, car maintenant, elle n'était plus seule.

Virage vers le Nord-Ouest

La nuit tombait sur Astrub.
Les deux jeunes filles se faufilèrent vers la taverne où elles commandèrent deux chambres à Tek Abir.
Mira expliqua qu'elle devrait dès demain retourner à Bonta pour s'occupper de l'Ordre auquel elle appartenait.
Prunela lui demanda alors si elle pouvait être acceptée comme observatrice au sein de l'Archangel, pour apprendre à se défendre à leur contact.

"Je soumettrai ta requête au Primogardien et à l'Oracle. Je ne peux rien te promettre, l'Ordre est méfiant sur les éventuels espions qui voudraient nous infiltrer pour nous détuire. Je te tiendrai au courant. En attendant, repose-toi, dès demain tu iras t'entraîner pour maîtriser tes mouvements de bâton."

Prunela acquiesca et partit dans sa chambre, se demandant ce que l'avenir lui réserverait comme lot de surprises. Mais pour l'instant, elle devait faire ce que Mira lui disait: s'entraîner pour pouvoir survivre dans ce monde brutal et violent.

Au petit matin, la jeune feca fut réveillée par des cris. Elle se leva et regarda à travers la toute petite fenêtre de sa chambre miteuse: une tuerie avait lieu sous ses yeux. Des enfants hurlaient en voyant leurs mères se débattre sous l'étreinte puissante de porteurs d'ailes poupres. Des hommes se battirent et le sang recolorait les dales de la rue d'un rouge profond: les Démons s'étaient aventurés jusqu'en ville pour y semer le chaos.
Prunela mit une main devant sa bouche pour étouffer un cri lorsqu'elle vit Mira arriver sur la place, accompagnée d'autres ailes blanches : elle fonçait droit au massacre.
Le combat qui avait lieu sous ses yeux lui fit prendre conscience du danger qu'elle courrait en errant seule dans les contrées de ce monde. Les Anges avaient le dessus, mais les Démons avaient une telle haine, qu'ils se battaient jusqu'au dernier souffle que Rushu leur accorderait. Au bout d'une heure, les ailes pourpres furent repoussées, non pas par des guerriers plus puissants qu'eux, mais dont l'unité et l'organisation leur permirent d'écarter le danger.
Prune s'habilla en tout hâte et dévala les escaliers de la taverne et courut vers Mira pour lui dire avait assisté aux affrontements.
Mira eut préféré que Prune, malgré son âge, ne voit pas cette boucherie; mais c'était fait.

"Apprenez-moi à me battre, apprenez-moi à repousser ces hordes qui ravagent nos contrées"

Mira discuta avec la gardienne de l'Ordre, et après un long échange, celle-ci accepté que la jeune disciple de Feca porte leur blason, mais Mira en serait la garante.
La jeune disciple d'Eniripsa rentra à Bonta, son apprentie lui emboîtant le pas, discutant avec elle le temps du voyage:

"Une fois arrivée en ville, tu iras à la Milice et donneras ces épées à Amayiro. Si tu veux pouvoir nous suivre, il te faudra des ailes blanches. Prends ce parchemin, et lis-le, fais tiennes chacune des phrases qu'il contient, ce sont les Evangiles de notre Ordre. En portant ce blason, tu seras l'images de l'Archangel. Par conséquent, chacun de tes gestes devra être réfléchi, même si tu n'appartiens pas à proprement parler à l'Ordre et que tu y es en formation, pour l'instant."

Prunela écouta chaque mot avec une attention si forte qu'elle ne remarqua même pas qu'elle était arrivée à la Cité Blanche avant la fin du long monologue de Mira.

"Allez, va à la Milice, et une fois que tu auras fait cette course, tu viendras me rejoindre à la maison de l'Ordre. Je te laisse chercher seule ton chemin, pour voir de quoi tu es capable au milieu d'un lieu que tu ne connais pas.
_ J'y cours !" fit Prune en se dirigeant vers le nord de la ville.

Premières fois

Sur son chemin, elle traversa la place de la Tour des Ordres, où elle demanda la Milice au jeune-homme qui y vendait des fioles en tous genres. Après les indications du Bontais, elle n'eut aucun mal à trouver la Milice de la Cité.

"Monsieur Amayiro ? fit Prune, la voit hésitante
_ Oui, c'est moi. Que puis-je pour vous mon enfant ?
_ Je...L'Archange Mirabellia m'a dit de vous apporter ceci, fit-elle en lui tendant des épées, elle m'a aussi dit que vous sauriez me faire pousser des ailes de plumes...
_ Vous êtes si jeune... Vous êtes certaine de votre choix ? Les batailles ne sont pas un jeu et la mort attend les plus faibles, en êtes-vous consciente ?
_ Oui, je le sais, je l'ai vu... Mais je veux apprendre à ne plus être faible, je suivrai les Archanges et leurs enseignements, fit-elle avec assurance.
_ Bien, alors qu'il en soit ainsi"

Le vieil homme prit des petites ailes de plumes et les greffa au dos de Prunela, ce qui lui arracha une larme de douleur.
L'essuyant du revers de la main, elle demanda où se trouvait le Sanctuaire de l'Archangel, et s'y rendit, comme Mira lui avait demandé.
La jeune disciple d'Eniripsa était en train de discuter avec un disciple du dieu Sram, ils avaient l'air très proches et Prunela n'osa pas s'approcher vers eux.
Elle s'assit dans un coin et lut le parchemin que Mira lui avait donné : la ligne de conduite des Anges était vraiment stricte, et elle se demandant à la première lecture si elle pourrait en honorer les fondements. Puis elle regarde Mira et se dit que si elle y était arrivée, c'est que ce n'était pas impossible.
L'enie vint vers elle et la présenta aux Archanges présents, qui lui souhaitèrent la bienvenue. Mais ce répit fut de courte durée, car l'enie avait bien l'intention de prendre son rôle de tutrice au sérieux : il fallait commencer l'entraînement immédiatement.

"Suis-moi Prune, on va aller combattre quelques dopeuls, vu qu'ils ont les mêmes sorts que nous je verrais comment tu t'en sors, et si tu arrives à anticiper les attaques.
_ C'est quoi un dopeul ? fit Prunela, soucieuse de ce qui l'attendait
_ Ce sont des créatures qui, selon leurs choix, ont acquis on ne sait comment, les stratégies de combat que nous avons. Ils sont très pratiques pour les débuts d'entraînements à la défense.
_ Hum, mais, je suis équipée comme une vagabonde, je ne pourrai les vaincre habillée comme ça...
_ Je ne veux pas que tu les battes, je veux simplement voir comment tu te bats.
_ Soit, allons-y..." conlua la feca un peu penaude

Les deux Anges se dirigèrent vers le territoire des dopeuls et y entrèrent, et Mira observa attentivement les différents affrontements de Prune : c'était une catastrophe face aux dopeuls Iops et aux Enus, Mais elle s'en sortait pas si mal avec les autres. En effet son équipement ne l'aidait pas à survivre assez de temps pour envisager une quelconque issue autre que la fuite ou la mort.
Mais sa technique était bonne, et son envie d'y arriver convinc Mira.
L'enie s'avança vers Prune, avec un sourire en coin, lorsqu'elle abattit le dernier dopeul du groupe, pour lui annoncer une surprise.

Détente


Prunela sautilllait de partout, tellement que Mira en avait le mal de mer.

"Prune, fit-elle en se tenant la tête, ne me fais pas regretter mes paroles, s'il te plaît...
_ Excuse-moi dit la jeune feca, mais c'est la première fois que je vais faire les boutiques rougit-elle
_ Ce n'est pas grave; bon, direction le bric-à-brac de mon coffre pour commencer, histoire de voir si j'ai de quoi te faire confectionner de l'équipement avant de l'acheter tout fait. Nous irons ensuite voir Guss, un ami, qui pourra polir des pierres qui serviront à tes bijoux. Puis Cara te fera sûrement ta cape et ton chapeau et Ali tes chaussures et ta ceinture. Allez c'est parti, en route !"

Les deux amies se dirigèrent vers la banque, Prune fut impressionné par la quantité des Bontais qui transitaient par cet endroit, où les coffres étaient énormes et contenaient sûrement des trésors fabuleux.
Mira donna quelques kamas -beaucoup en fait- et eut le droit d'ouvrir sa réserve. Prunela resta bouche bée en voyant la quantité astronomique de choses que Mira avait entassé-là.

"Oui, heum, j'avoue, c'est bordélique, mais on sait jamais ! Ya des babioles qui peuvent s'avérer très utiles, la preuve... fit l'enie et sortant des plumes de pious, des poils roux et des étoffes sombres et les agitant sous le nez de Prune qui sentit l'envie d'éternuer monter. Là ya de quoi te faire une belle cape. Ha ! Tu vois, ça sert. N'oublie jamais ça. La moindre chose insignifiante peut être utile, encore faut-il qu'on prenne la peine de lui accorder son attention. Ha, t'es allergique aux plumes ? Essayes de pas éternuer dessus la prochaine fois, Cara va avoir du mal à les assembler si c'est pas propre, fit-elle en essuyant les plumes sur une etoffe, pendant que Prune prit un air honteusement confus"

Mira continua de fouiller avec une énergie débordante, comme à son habitude, tendant à Prunela des cuirs, des peaux, du bois, une carapace de tortue, du minerais et des pierres brutes ou précieuses, bref un joyeux bazar que seule Mira trouvait "affreusement utile et génial". Prune se contentait d'essayer de rester debout sous la pile de ressources entassées sur ses bras.
L'enie, sautilla rapidement jusqu'au quartier des mineurs où elle acheta ce qu'il lui manquait comme pierres et passa les faire polir par Guss, pendant que Prune l'attendait, à côté de sa montagne de ressources, à l'atelier des bijoutiers.

"Bon, le bijoutier ne devrait pas tarder, il n'y a plus qu'à être patientes."

Mais c'était trop demander à Prune qui trépignait de savoir quelles bagues et quel collier Mira allait lui faire confectionner.
Le bijoutier entra dans l'atelier et fit la bise à Mira, qui lui remit un bon paquet de choses et une belle bourse de kamas.
La jeune feca le regardait travailler avec précision, et lui tendit deux anneaux de très bonne qualité, qu'elle s'empressa de porter, lui offrant un large sourire en retour -et écrasa une bise sur la joue de Mira qui grimaça-.
Cette dernière tendit d'autres ressources à l'artisan pour l'amulette, qu'il réalisa avec autant de dextérité que les deux anneaux. Les effluves de Prune furent les mêmes que précédemment.

"Merci bien à vous deux, je vous suis vraiment reconnaissante fit-elle en rougissant mais un large sourire aux lèvres
_ Pas de quoi Prune, bon maintenant, je prend le reste du bazar pour voir Ali et Cara, pendant ce temps, va me chercher ça en ville dit-elle en tendant une liste de quelques bricoles Et retrouve-moi au Sanctuaire."

Prunela ne se fit pas prier et arpenta les rues de Bonta, demandant par ci par là son chemin, pendant que Mira continuait son tour des artisans, pour offrir ce qu'il y avait de mieux à son amie. Après une heure passée à papoter entre deux confections, l'enie arriva au QG de l'Ordre, où Prunela avait soigneusement rangées les courses qu'elle devait faire.

"Parfait, tiens, prends ça" fit-elle en posant un lourd paquet sur les bras de Prune, qui en avaient vu de toutes les couleurs aujourd'hui

L'apprentie deballa les paquets et ne cessa de pousser des hurlements de joie et découvrant ce que Mira lui avait offert.
En effet, elle n'avait pas été avare, Prune était désormais parée pour commencer les choses sérieuses...

Doutes...


Les jours passaient et se ressemblaient.
Prunela se levait aux aurores, croquait un bout de brioche et chapardait un morceau de saucisson dans l'armoire du Primogardien, avant de partir pour s'entraîner contre les dopeuls, sous l'oeil attentif de Mira. Et cela jusqu'au coucher du soleil.
La jeune Eniripsa voyait les progrès de son apprentie et la prédestinait à une grande puissance, elle la surpasserait un jour, c'était évident. Pendant ce temps, Prune s'acharnait à apprendre la maîtrise des sorts que sa Déesse lui avait donnés, la plupart du temps avec succès, à part quand elle se grillait le bout des orteils en posant malencontreusement ses glyphes sous ses propres pieds.

"Prune ! Fais une pause j'ai une commission à te faire faire ! dit Mira en tendant une liste de courses

_ Pas de souci j'y cours, je vais à Bonta je suppose ?

_ Tu supposes mal sourit l'enie Tu vas aller à Astrub, les prix sont moins élevés, je ne roule pas sur l'or...

_ J'y vais de ce pas fit Prunela en glissant le parchemin et la bourse dans sa sacoche Attends-moi pour manger, j'aurai vite fait !

_ Dépêche-toi si tu veux qu'il te reste quelque chose à te mettre sous la dent ! "taquina Mira

La jeune Feca courut vers le zaap le plus proche et se téléporta au centre-ville du village d'Astrub. Une cacophonie reignait, comme d'habitude, et Prune se boucha les oreilles jusqu'à ce qu'elle arriva devant la statue à l'effigie de sa Déesse.
Elle s'adossa à son socle et déplia le parchemin que Mira lui avait confié : à sa lecture, Prune comprit qu'elle allait devoir fouiller toutes les sacoches des marchands d'Astrub pour trouver tout ce bazar.
Elle quadrilla le village méthodiquement, reconnaissant les rues qui l'avaient vues grandir, et fut émue lorsqu'elle passa devant l'atelier ou celle qui fut comme une mère pour elle travaillait.
En remontant vers le nord, elle aperçut une maison où des gens arboraient des ailes qu'elle n'avait encore jamais vues auparavant. Elle s'approcha, et demanda des renseignements à une jeune disciple d'Ecaflip à l'accent fort chatoyant qui se trouvait devant la demeure. C'étaient des mercenaires, payés pour dégoter ce que le client désirait, une structure hiérarchisée, pas de vision manichéenne du Monde, des règles, un Clan... Un attrait naquit en Prunela, auquel elle ne prêta pas attention.
Elle s'en retourna à ses achats et rentra à Bonta, traînant une sacoche archipleine derrière elle.

"Je crois que j'ai tout Mira ! fit Prune, satisfaite

_Voyons voir ça marmona Mira, en fouillant dans la sacoche Cornes, glands, baves, cuirs, épines, défenses...Hmmm en effet oui, et de grosses quantités, je suis surprise

_ J'ai fait de très bonnes affaires répondit la Feca en tendant la bourse à moitié pleine

_ En effet ! Bravo Prune sourit l'Enie

_ Dis, tu savais qu'il existait des mercenaires à Astrub Mira ? des... Sérianes il me semble... Ils font ce pour quoi on les paie, sans juger ce qui pousse leurs clients à les payer pour cela...

_ Oui, sauf que nous, nous repoussons le Mal gratuitement

_ Oui en effet, mais, tout travail mérite salaire, non Mira ?

_ Je ne considère pas cela comme un "travail", mais comme une "destinée", le plaisir de voir le bonheur des gens lorsqu'ils sont débarassés des crimes ou des vols, Prune.

_ Oui mais le sourire, c'est pas ça qui nous paye nos habits ou notre nourriture, pas vrai ?

_ Certes, mais on se débrouille autrement, on a appris à vivre comme ça. Pourquoi ces questions Prune ?

_ Pour rien, pour rien... T'en connais toi, des Sérianes, Mimi ?

_ Mon père est attiré par ce "Clan", il voudrait troquer ses ailes de peau contre celles en bois, et tenter de rejoindre l'Ordre. C'est en discussion. C'est "moins pire" qu'être un Démon, quoi que certaines fois tuer froidement un Ange pour de l'argent, ça peut être vu comme le pire des avilissements...

_ Moui, ils m'ont pas l'air si terribles que ça ces gens

_ Ils n'ont aucune raison de l'être, leur image, c'est leur fond de commerce, Prune."

La feca posa la sacoche sur la table et monta vers le dortoir, l'esprit en train de réfléchir, laissant Mira au rez-de-chaussée, inquiète sur les questions qu'elle venait de lui poser.
La nuit tombait sur la Cité Blanche, et les rêves de Prune prirent une tournure étrange depuis ce jour.

Un nouveau départ


Le jour se levait sur Amakna, et Prunela s'éveillait dans un champ de blé au Sud de la Cité des Anges. Pour une fois elle n'avais pas dormi protégée par l'énorme mur d'enceinte de Bonta, car elle ne s'y sentait pas plus en sécurité qu'au beau milieu de Cania.
Le doute s'imisceait en elle, doucement, jusqu'à lui faire tourner les talons au moment où elle s'approchait de la porte sud.
Elle s'arrêta, la contempla, et vit un milicien s'avancer vers elle, inquiet de voir quelqu'un observer la porte avec autant d'intérêt :

"_ Hé vous !

_ Hmm ? Oui ?

_ Qui va là ? fit l'homme en pointant sa bardiche sur la poitrine de Prune'

_ Prunela, apprentie de l'Ar... puis elle s'arrêta net au moment où elle allait sortir son blason de la poche ...ancienne apprentie de l'Archangel et future citoyenne du village d'Astrub jetant son blason au sol et déployant ses petites ailes, avant de s'enfuir vers l'Est."

Se freyant un passage au milieu des champs de céréales, elle courrait vers sa destinée, vers son passé, vers une neutralité salvatrice pour son âme.
Slalomant entre les blops et évitant le chemin de quelques Kanigrous, elle arrivit non-loin de la foire du Trool. Essoufflée, la jeune fecatte y fit une halte.

"_ Suis-je sûre de ce que je fais ? Oui... Ces ailes ne sont pas les miennes... Le fanatisme me guette, je dois y échapper... Le sang, la Justice, mais quelle Justice ? Au nom de quoi ? de qui ? Qui sommes-nous pour juger ? Rien... Seuls les Dieux jugent... Prétendre en être un ne serait que folie... Comment ôter ces plumes qui n'ont que trop poussé sur mon dos...

_ Allez donc voir le chevalier Neuthr ! fit une petite voix qui venait de derrière elle

_ Qui ça ?

_ Le Chevalier Neuthr ! Il a été récemment nommé pour permettre à tout un chacun, moyennant finances, de couper ses ailes si leur poids devenait trop lourd... Par contre c'est un milicien, donc il est pas doux du tout. Il est de garde à la place des 4 menhirs du village"

La petite fille se massait le dos en grimaçant. Elle ne devait pas avoir plus de 12 ans. Et déjà le poids du passé la faisait souffrir. Pas question qu'elle endure son passé plus longtemps aussi, il était temps qu'elle prenne son envol

"_ Merci petite, j'y vais de ce pas..."

Avalant son Hot Dog de tofu et une barquette de frites, Prunela reprit son chemin, en direction du village d'Amakna, le pas de plus en plus assuré. Plus elle avançait et plus son futur devenait limpide.
Ayant emporté toutes ses économies ainsi que sa fidèle plume et ses parchemins, elle savait désormais où elle allait.

Souffrance et renaissance


Après plusieurs heures de marche, seule avec sa propre conscience, Prunela tentait de ne pas se perdre dans le massif de Cania, suivant le chemin qui la menait vers le village de la neutralité.
La lumière faiblissait et la nuit commençait à tomber sur le Monde des Douze.
La voyageuse aperçut au loin les lumières d'Astrub et se hâta pour atteindre la ville des mercenaires pour y trouver pitance et logis.

Arrivée à la porte Ouest, elle encapuchonna sa tête dans sa cape et traversa les rues qui lui étaient familières. Un sourire ornait son visage, tandis que ses pas la rapprochaient de la taverne.

Le pas léger, Prunela franchit le seuil du bâtiment et commanda à manger et une chambre, prenant bien soin de dissimuler son ramage.
Elle s'assit près d'un fut de bière et resta silencieuse, écoutant la foule autour d'elle.

"... commence à faire du vilain. On peut mêm'plus passer au nord du zaap, un véritable carnage. J't'expliqu'pas les gosses quand ils passent d'vant c'charnier, j'sais pas c'que fait la milice, on est en territoire neutre non d'un chienchien... Tek tu remets une tournée ?"

"...et yavait un mooonde ! Ils se font des coucouilles en or au Château, ça oui ! Le chevalier arrête pas d'enchaîner les coupes, ils pourraient presque fournir tout le monde en oreiller de plumes d'Anges ou en canapés en cuir de Démon. Et les Sérianes en font leurs choux gras penses-tu ! Ils perdent pas la boule et récupèrent les égarés ! Héhé, pas fous..."

Son repas terminé, Prunela se dirigea vers sa chambre pour un repos bien mérité.

A son réveil, le jour se levait à peine. Ce jour serait à marquer d'une pierre blanche. C'était le jour J. Dévalant les escaliers, la jeune fille paya le tavernier et partit aussitôt vers le Sud, une brique de lailait à la main. Il n'y avait plus de temps à perdre, elle devait arriver en Amakna.
Une fois contourné le Château, Prunela sentit ses ailes la démanger, comme un corps étranger rejetté par son Être. Il était grand temps d'allonger le pas et de trouver le chevalier.

"Enfin ! Enfin j'y suis ! Chevalier! Chevalier !"

Courant vers le milicien, à en perdre l'équilibre, elle brandissait une petite bourse dont le bruit qu'elle faisait laissait supposer qu'elle contenait des kamas.
Le chevalier était en train d'aiguisier et nettoyer son arme, quand il entendit les cris de Prunela. Il se leva et prit la bourse, lui indiquant le plot où elle devait présenter ses ailes.
Cette dernière s'exécuta et serra les dents, tandis que Neuthr brandissait haut sa bardiche, et la laissa retomber en tranchant l'air et les plumes à leur base. Un cri déchira le silence de la place, et les petites ailes anciennement d'un blanc immaculé virevoletaient dans l'air, tâchées de rouge, avant de se poser délicatement au sol dans une flaque de sang.
Recroquevillée au sol tandis qu'elle saignait encore, la jeune fecatte avait enfin tourné la page de son passé... ou pas...

Du passé vers l'avenir


"_ P...Prune ! Mais.. Mais tu es folle !"

Mira, qui avait cherché en vain pendant deux jours sa protégée, l'avait enfin retrouvée, mais dans quel état...
Elle s'était assoupie sur le sol de la place des quatre menhirs, épuisée par le sang perdu lors de l'amputation. L'enie prit alors l'inconsciente dans ses bras et posa sa main sur la plaie, chuchotant des mots en langage eniripsa, pour reconstituer ce qui avait été déchiré.

"_ Pourquoi tu as fait ça, Prune ? Je savais que tu partirais un jour, mais pas si tôt... Pourquoi ne m'as-tu rien...

_ Parce que tu m'en aurais empêchée murmura la fecatte en se réveillant Parce que tu ne comprends pas qu'ils sont en train de nous aliéner, qu'on n'est personne pour juger quiconque... Tu es aussi en danger...

_ Je sais, mais c'est ma seule famille... Tu y avais moins d'attache que moi chuchota l'enie J'espère que tu ne regretteras pas ce que tu as fait, quoi qu'il en soit je ne serai jamais bien loin si tu as besoin de moi, petite soeur..."

Prunela resta perplexe : c'était la première fois que son aînée lui avouait son attachement, comme si elle était de sa propre famille, sa propre soeur. Sans mot dire elle l'enlaça et la remercia de toujours être là malgré leurs différences d'opinions, malgré ce qui pouvaitles séparer.

"_ Il faut que je retourne à Astrub, je dois m'informer sur ces mercenaires, sur leur philosophie, leurs règles... Et surtout comment postuler... fit Prune en se relevant, faisant tomber le sable de sa jupe

_ Avant tout il te faut te laver... Tu t'es regardée ? Tu es pleine de sang, tu ne peux pas te présenter comme ça, viens donc à la rivière Kawai. Tu te laveras pendant que je nettoierais tes vêtements.

_ Heu, je veux bien Mira, c'est gentil à toi, mais pendant qu'ils sèchent, je vais pas rester en culotte ! rétorqua Prune complètement désemparée

_ Tu n'auras qu'à mettre ça répondit l'enie en lui envoyant une cape duveteuse

Les deux soeurs de coeur se dirigèrent vers la rivière, profitant de cette belle journée ensoleillée pour prendre leur temps et respirer le bon air de la campagne Amaknienne. L'eau chantait un ruissèlement clair, le vent passant entre les feuilles des arbres dans un doux bruissement amenait quiconque tendait l'oreille pour un voyage vers l'apaisement.
Une fois la tenue de Prune' lavée et étendue sur les branches d'un arbre, Mira s'allongea et se délecta de la douceur de cet endroit reculé. La jeune fecatte, elle, s'amusait à courir après les pichons dans la rivière, avant de sortir de l'eau et de se reposer à côté de l'enie.

"_ ...C'est beau Amakna...

_ Oui, et reposant... Ressourçant... Si seulement ses habitants avaient un peu plus de reconnaissance de la part du Roi Allister, et pas seulement des désavantages, j'aurai économisé pour me payer ma liberté moi aussi..."

Glissant sa main dans son sac, Mira en retira un oeuf orangé et le présenta à sa soeur:

"_ Tiens, je l'ai dérobé en passant par la montagne ce matin. Il t'accompagnera où que tu ailles. Prends-en soin.

_ Ho ! Un bébé bwak ! C'est trop mignon, merci merci merci !"

Sautillant dans l'herbe verte avec son oeuf à la main, Prunela était enfin heureuse, ou presque, sous l'oeil bienveillant de sa "fée" Mira.
Elle l'aiderait jusqu'au bout de ses rêves, même si elle devrait un jour honorer un contrat sur sa propre tête...

Premiers pas vers le mercenariat


L'après-midi touchait à son terme et la luminosité commençait à baisser. Les deux jeunes filles, reposées, prirent le chemin vers Astrub. Durant le voyage, Prunela ne cessait de questionner son aînée sur les informations qu'avait pu avoir son père à propos des Sérianes, et Mira tentait de répondre comme elle pouvait, finissant généralement ses phrases par un "Toute façon ils doivent bien avoir quelque part où c'est écrit".
Arrivées à la porte d'Astrub, l'enie dit qu'elle allait directement à la taverne, qu'elle avait des choses à régler, et que Prune n'avait qu'à se diriger vers le Nord pour prendre contact avec les mercenaires, et qu'ils se feraient sûrement une joie de répondre à son flot de questions.
Essayant de passer au travers de la foule de vendeurs qui hêlaient les passants au zaap, la fecatte parvint enfin à sortir d'affaire à l'aide d'un joli jeu de coudes et de coups de pieds.

La maison des Sérianes s'élevait devant elle, et on pouvait lire sur le visage de Prune un mélange de joie et d'angoisse. Serait-elle à la hauteur ? Est-ce le bon choix ? Le mieux était d'essayer...
Elle franchit le seuil de la demeure et après un temps d'adaptation de ses yeux à la clarté de la pièce, elle découvrit que cette demeure grouillait de bworks, de candidats, et de Sérianes !
Impressionnée les premières secondes, la fecatte s'assit dans un coin de la pièce et observa autour d'elle, n'osant pas parler ni bouger, elle qui était d'habitude si bout-en-train.

Après plusieurs minutes, elle sortit un parchemin et sa plume, écrivant ce qu'elle voyait, dessinant les ailes des mercenaires qui allaient et venaient, écoutant ce qu'ils disaient et se familiarisant avec leurs coutumes. Jusqu'à ce qu'une Sériane remarqua sa présence, même si Prune n'avait pas encore parlé jusqu'à présent il fallait avouer qu'elle était la seule à observer activement ce qu'il se passait autour d'elle, dans son coin. Elle était elle aussi disciple de Feca, et cela mit inconsciemment Prune à l'aise.

"_ Elle ferait une bonne recrue, elle !

_ M... Moi ? Mais je ne sais rien à propos de votre Clan balbutia-t-elle Je suis sim... simplement venue chercher des informations sur vous, justement, mais pas encore postuler...

_ Alors prends ça, ça te sera utile lui répondit la Sériane qui s'était rapprochée d'elle, lui tendant un manuel dont la gravure sur la couverture ne laissait aucun doute sur son contenu : "Le Clan de Sériane-Kerm, par Kawet"

_ Ho... Je vous remercie madame, vraiment, c'est gentil à vous... fit Prune en rougissant

_ Caitness, Sériane Caitness compléta la mercenaire

_ Je reviendrai, je vous le promet ! Merci pour le livre ! Je vais étudier tout cela ! répondit Prunela en se levant et se dirigeant vers la porte Bonne soirée à vous Sériane Caitness !"

Prunela serrait contre son coeur ce livre qui allait peut-être lui permettre de franchir l'étape de l'entretien avec succès, courrant vers la taverne raconter sa rencontre à Mira, et remplir son ventre aussi, parce que ça commençait à faire faim tout ça.
Elle saurait par coeur chaque ligne, chaque mot de ce livre, c'est certain, elle mettrait toutes les chances de son côté pour comprendre l'enseignement des Sérianes, il fallait qu'elle y arrive.